La peau est l'enveloppe du corps humain : elle est donc un organe immédiatement
accessible et se prête à un examen clinique qui peut être minutieux et riche de renseignements.
A -
RAPPEL ANATOMO-PHYSIOLOGIQUE
:
La peau est formée de 3couches :
1- L'épiderme : qui par sa couche cornée a une fonction de protection contre les agents
extérieurs micro-organismes, produits chimiques, rayons ultraviolets.
La mélanine que contient l’épiderme a une fonction de protection contre la pénétration des
rayons ultraviolets.
2- Le derme : possède plusieurs fonctions : il protège contre les traumatismes, il a une
fonction neurologique, car il contient les terminaisons nerveuses, enfin il joue le rôle de
réservoir d'eau et d'électrolytes.
3- L'hypoderme : est un réservoir de graisses, il joue le rôle d'un isolant thermique.
Les phanères sont des structures kératinocytaires, c'est-à-dire qu'elles proviennent de la
couche cornée; elles s'étendent de l'épiderme au derme où elles s'enfoncent; ce sont les ongles,
les poils, les glandes sébacées et les glandes sudoripares.
Ces glandes, par leur sécrétion,
forment un film hydrolipidique qui protège la peau.
B - L'EXAMEN DE LA PEAU
:
L'examen de la peau est facile car il s'agit d'un organe accessible à la vue et au toucher.
Cet
examen devra intéresser systématiquement la peau, les muqueuses et les phanères : cheveux,
poils et ongles.
L'examen de la peau comprend 3 temps : l'interrogatoire accompagnera l'inspection et la
palpation.
1- L'interrogatoire va s'attacher à préciser les points suivants :
- La date et le mode d'apparition des lésions.
- Les circonstances écologiques : notion d'un contage septique, d'application ou
d'ingestion médicamenteuse, d'exposition à certains agents physiques.
- Les particularités évolutives : évolution d'un seul tenant ou au contraire par poussées.
- La recherche de signes fonctionnels accompagnateurs :
* Douleur localisée à type de cuisson ou de brûlure, douleur de type névralgique,
telles qu'on peut les rencontrer au cours du zona (infection virale à tropisme neuroectodermique).
* Prurit : la recherche de la notion de prurit est fondamentale.
En effet ce signe est à
la base de certaines classifications dermatologiques; c'est ainsi que l'on distingue :
- les dermatoses prurigineuses : exemple urticaire, eczéma;
- les dermatoses non prurigineuses : exemple psoriasis.
2- L'inspection : est le temps essentiel, elle doit obéir à 4 règles; elle doit être :
- Totale : le malade doit être entièrement dévêtu et l'examen doit concerner non seule
ment la peau en totalité, mais aussi les ongles, les poils et les cheveux.
- Préparée : après nettoyage de la peau.
- Bien éclairée : à la lumière du jour en s'aidant d'une loupe.
- Minutieuse : elle doit préciser la topographie, la dimension, la teinte, les contours, le
relief, le nombre et le mode de groupement des lésions.
Elle va apprécier la couleur de la
peau et rechercher une anomalie.
3- La palpation
:
* Lorsqu'il n'existe pas de lésion cutanée apparente : la palpation doit systématiquement
apprécier la souplesse, l'élasticité, la température, le degré de sécheresse ou d'humidité : par
exemple au cours du myxoedème (insuffisance thyroïdienne) les téguments sont épaissis et
secs, au contraire en cas d'hyperthyroïdie les téguments sont chauds et humides.
La palpation se fait avec la pulpe et avec la face dorsale des doigts pour mieux percevoir
les différences de température; entre le pouce et l'index pour apprécier l'épaisseur et la
souplesse de la peau.
C'est ainsi qu'on recherche la persistance du pli cutané signant un état
de déshydratation.
La palpation permet également d'apprécier l'état du tissu sous-cutané : le degré d'adiposité;
l'existence d'oedèmes sous-cutanés par la recherche du signe du godet.
* Lorsqu'il existe des lésions cutanées apparentes à l'inspection, la palpation renseigne
sur la consistance : induration ou souplesse de la base d'implantation, recherche de
l'adhérence aux plans profonds.
Par la vitro-pression, qui peut être remplacée par l'étirement de la peau entre le pouce et
l'index, on peut faire la différence entre une lésion érythémateuse s'effaçant à la vitro pression
et une lésion purpurique qui ne s'efface pas.
Le grattage des lésions peut mettre en évidence l'existence de squames.
C - LES DIFFÉRENTES ANOMALIES CUTANÉES
:
Trois types d'anomalies cutanées peuvent être rencontrés : les modifications de la teinte
des téguments sans lésions cutanées, les lésions cutanées et les éruptions accompagnant
certaines maladies infectieuses.
1- Les modifications de la teinte des téguments sans lésion cutanée
:
* La pâleur : due :
- Soit à une vasoconstriction des petits vaisseaux, exemple la pâleur au cours de la
syncope.
- Soit à une diminution du nombre de globules rouges, c'est la pâleur de l'anémie.
* L'érythème : est une coloration rouge, due à une vaso-dilatation des petits vaisseaux.
* L'érythrose : est également une coloration rouge, due à une augmentation du nombre
de globules rouges encore appelée polyglobulie.
L'érythrose prédomine au niveau des parties
découvertes et siège au niveau de la peau et des muqueuses.
* La cyanose : est une coloration bleutée des téguments et des muqueuses due à une
augmentation de l'hémoglobine réduite, supérieure à 5 g/100 ml dans le sang capillaire.
* Les dyschromies : sont définies comme des variations de la richesse de la peau en
pigments.
+ Les hyperchromies sont des excès de mélanine; elles sont :
- Soit diffuses : c'est la mélanodermie réalisant un brunissement diffus des téguments
prédominant aux régions découvertes et aux régions normalement pigmentées et des taches
ardoisées au niveau des muqueuses.
- Soit localisées : ce sont les taches pigmentaires :
- Le chloasma ou masque de grossesse.
- Les éphélides ou taches de rousseur qui sont des macules brunâtres.
- Les naevi : sont des taches pigmentaires le plus souvent congénitales s'accompagnant
d'une modification de la texture des téguments : ce sont les naevi pigmentaires.
Les naevi
peuvent être également pileux ou vasculaires.
+ Les hypochromies : sont des défauts de mélanine ou leucodermies ; elles réalisent
une dépigmentation diffuse telle qu'elle est rencontrée dans l'albinisme par absence congénitale
de pigment.
+ Les dyschromies mixtes : ce sont les leuco-mélanodermies où les taches hyperpigmentées
voisinent avec des taches dépigmentées ; cette anomalie est réalisée au cours du
vitiligo.
* Des colorations anormales peuvent être dues :
+ A l'accumulation de bilirubine au niveau de la peau : coloration jaune au cours de
l'ictère.
+ Au dépôt anormal de certains sels de métaux : coloration grisâtre après ingestion
prolongée de médicaments à base d'argent, d'or ou de bismuth.
2- Les lésions cutanées
:
Sont soit primaires, soit secondaires consécutives à des lésions primaires.
* Les lésions primaires
+ La macule est une tache réalisant une modification parcellaire de la teinte
des téguments sans modification de l'épaisseur ni de la consistance, dont le diamètre est
inférieur à 1 cm.
Elle peut être :
- Erythémateuse : de couleur rouge, s'effaçant à la vitro-pression.
- Purpurique : en rapport avec une extravasation du sang hors des capillaires, de couleur
rouge, ne s'effaçant pas à la vitro-pression, punctiforme ou lenticulaire, c'est une pétéchie;
elle peut être en stries, ce sont les vibices.
- Rouge sang comme la pétéchie, c'est la télangiectasie : qui est une ectasie des petits
vaisseaux dermiques s'effaçant à la vitro-pression.
- Pigmentaire : tache de rousseur, naevus plan.
+ La papule : est une élevure cutanée, circonscrite de moins de 1 cm de
diamètre, solide, due à un infiltrât superficiel, qui guérit sans séquelles.
+ La vésicule : est une élevure circonscrite de la peau, de diamètre inférieur à 1 cm,
contenant une sérosité.
+ La bulle ou phlyctène : possède les mêmes caractères que la vésicule, elle en
est différente par la taille qui est supérieure à 1 cm.
+ La pustule : est semblable à la vésicule et à la bulle, elle n'en diffère que par son
contenu purulent.
+ Le nodule : est une masse solide qui siège dans l’hypoderme donc plus
profondément que la papule, son diamètre est inférieur à 1 cm ; la nouure a les mêmes caractères,
mais son diamètre est supérieur à 1 cm.
La nouure est l'élément caractéristique de
l’érythéme noueux.
+ Le kyste : est une cavité remplie de liquide et située dans le derme ou
l’hypoderme.
+ La tumeur : est une néoformation cutanée de nature variable, bénigne ou maligne.
* Les lésions secondaires
+ Les squames : sont des lamelles épidermiques détachées de la couche cornée
elles sont caractéristiques du psoriasis.
+ Les croûtes : représentent un exsudât desséché sur la peau, se voient au cours
de l’impétigo.
+ Les fissures : sont des déchirures ou fentes de l’épiderme.
+ Une érosion ou exulcération : est une perte partielle intéressant la couche
superficielle de la peau (épiderme) ou d'une muqueuse, elle guérit sans laisser de cicatrice.
+ Une ulcération : est une zone où la perte de l'épithélium de la peau ou de la
muqueuse est totale, elle guérit en laissant une cicatrice indélébile.
3- Les éruptions cutanées accompagnant les maladies infectieuses appelées fièvres
éruptives
:
L'éruption cutanée dans ce cas réalise un exanthème qui peut être précédé ou accompagné
d'une éruption au niveau des muqueuses appelée énanthème.
Les principales fièvres éruptives
sont :
* La scarlatine : qui réalise une éruption érythémateuse diffuse faite de nappes rouges
confluentes sans intervalle de peau saine s'accompagnant d'une sensation de cuisson.
* La rougeole est caractérisée par une éruption dite morbiliforme faite de macules :
taches rouges, irrégulières, inégales, non confluentes.
Un énanthème caractéristique, le signe
de Koplick, fait d'un semis de petits points blanchâtres saupoudrant une muqueuse jugale
érythémateuse, précède l'exanthème.
* La rubéole : réalise une éruption érythémato-maculeuse.
* La varicelle : réalise une éruption vésiculeuse diffuse.
* Le zona : réalise une éruption vésiculeuse localisée de topographie radiculaire ou
métamérique accompagnée de douleurs de même topographie.
* La variole : à la phase d'état est caractérisée par une éruption pustuleuse.
Ainsi l'examen de la peau a une grande importance car il peut mettre en évidence des
anomalies qui peuvent amener au diagnostic précis d'une maladie.