La mise en place des prothèses métalliques autoexpansives pouvant
s’effectuer sans dilatation du trajet transhépatique, la procédure est
plus facile et moins traumatisante.
Sa réalisation en un temps permet
de réduire le temps d’hospitalisation chez ces patients à l’espérance
de vie limitée.
L’efficacité immédiate sur l’ictère est voisine de 100 %.
La rigidité de la prothèse lui confère une force radiale importante,
mais en revanche diminue sa souplesse pour épouser les sinuosités.
Plus son caractère est radio-opaque, plus le positionnement est
précis.
+ Complications
:
Les complications précoces sont les mêmes que celles consécutives à
la mise en place des drains ou des prothèses plastiques, mais leur
fréquence est moindre en raison de la moindre dilatation du trajet transhépatique.
Elles surviennent dans 15 à 30 % des cas, sont
inhérentes à la ponction transhépatique, qu’il s’agisse de
complications infectieuses, hémorragiques ou de fuites biliaires.
Les complications infectieuses sont les plus fréquentes : une
angiocholite peut survenir en cas d’obstruction prématurée de la
prothèse.
Celle-ci peut se compliquer de septicémie, voire d’un choc
septique grevé de 40 % de mortalité.
Les complications
hémorragiques se traduisent par une hémobilie, un méléna, un
épanchement hémorragique intrapéritonéal.
Ces hémorragies se
tarissent en général spontanément mais peuvent favoriser le décès
en cas d’hypovolémie chez un patient à l’état général précaire.
La mortalité à 30 jours est voisine de 10 %.
Les complications tardives sont dominées par l’obstruction tardive.
La lumière large et la faible surface de contact assurent un bon flux
de bile et une réduction du risque d’occlusion et de cholangite par
rapport aux prothèses plastiques, mais le risque d’obstruction à long
terme persiste.
L’obstruction est consécutive à l’hyperplasie
muqueuse survenant dans les semaines qui suivent la mise en place,
à la formation de sludge, de calculs, à la croissance tumorale
entraînant une colonisation de la prothèse qui se fait le plus souvent
aux deux extrémités plutôt qu’à travers les mailles.
Lee
recommande ainsi de surdimensionner les prothèses pour retarder
l’obstruction tumorale.
Eschelman a repris les résultats de 14 études concernant la mise en
place de prothèses métalliques chez 532 patients porteurs d’une
obstruction maligne des voies biliaires.
Le taux d’occlusion est en
moyenne de 22 % survenant en moyenne en 6 mois, la survie
moyenne des patients étant de 7,4 mois.
Les résultats entre les
différentes études sont difficiles à comparer, car livrés de façon non
uniforme (type tumoral et localisation tumorale différents).
La conduite à tenir vis-à-vis d’une prothèse métallique obstruée n’est
pas univoque.
Elle dépend du mécanisme de l’obstruction, du
pronostic du patient.
Une désobstruction mécanique à l’aide d’un
ballon d’angioplastie gonflé peut suffire si la prothèse est obstruée
par du sludge ou des calculs.
La mise en place d’une seconde
prothèse, voire d’un drain interne-externe, s’impose en cas
d’hyperplasie épithéliale ou d’obstruction tumorale.
La
plupart des obstructions secondaires de nature tumorale reste
accessible à un nouveau drainage interne, les épisodes répétitifs
d’occlusion secondaire susceptibles d’altérer le confort de vie sont
rarement observés.
On remarque dans différentes séries que la durée
moyenne de perméabilité des prothèses métalliques est proche
ou supérieure de la durée de survie des patients.
La mise en place
d’une seconde prothèse métallique plutôt que d’une prothèse
plastique peut se justifier par le caractère moins traumatisant de la
procédure et la durée plus courte de l’hospitalisation qui en découle.
Lee propose la mise en place d’un drain interne-externe lorsque l’obstruction est due à une colonisation tumorale aux deux
extrémités, constatant que la durée de survie de ces patients est en
moyenne de 2,6 mois.
Le coût global de la prise en charge par prothèse métallique est plus
faible malgré un prix initial cinq fois plus élevé que celui des
prothèses plastiques, compte tenu des durées d’hospitalisation plus
courtes et du taux de complications précoces et tardives moins
important.
Plusieurs études ont évalué les performances des prothèses
couvertes.
Bien que leur biocompatibilité, leur stabilité et leur
efficacité immédiate soient assurées, en revanche, à l’heure
actuelle, ces prothèses ne préviennent pas le risque d’obstruction
tardive par les mailles de la prothèse, Hausegger rapportant un taux
d’obstruction de 37 %, survenant en moyenne en 3 mois.
L’évaluation des performances des prothèses métalliques sur les
sténoses bénignes nécessite un recul suffisant.
Plusieurs études
récentes ont rapporté les résultats concernant la mise en place de
prothèses métalliques au niveau de sténoses bénignes réfractaires
au traitement pneumatique et à la calibration.
Les résultats ne sont
guère encourageants à long terme.
La perméabilité
moyenne est de 32 mois, moins de la moitié des prothèses restent
perméables au bout des 78 mois d’observation de l’étude
d’Hausegger.
Culp rapporte les résultats concernant la mise
en place de prothèses métalliques au niveau de sténoses bénignes
post-transplantation.
La perméabilité primaire est de 44 % à 3 ans,
0 % à 5 ans, la perméabilité secondaire de 88 % à 5 ans.
L’obstruction
tardive est en rapport avec l’hyperplasie épithéliale, du sludge ou
des calculs.
C - DRAINAGE PERCUTANÉ DE LA VÉSICULE
:
Le drainage de la vésicule par cholécystostomie percutanée a pour
indication majeure la décompression et le drainage d’une vésicule
infectée chez un patient à haut risque chirurgical.
1- Technique
:
La procédure peut s’effectuer au lit du patient sous repérage
échographique chez des patients en défaillance multiviscérale, trop
fragiles pour être mobilisés.
Si le patient peut être mobilisé, la réalisation de la procédure
s’effectue sous repérage échographique et fluoroscopique.
Une antibiothérapie préventive est administrée avant la procédure.
La mise en place d’un petit cathéter de 6 à 8 F avec extrémité en
« queue de cochon » utilise la technique du trocart sous guidage
échographique ou la technique de Seldinger sous double guidage
échographique et fluoroscopique.
La voie transpéritonéale peut être
utilisée si le fond vésiculaire est juste sous la paroi abdominale.
Dans
le cas contraire, la voie transhépatique est préférable pour limiter
les risques de fuite biliaire intrapéritonéale.
Dans tous les cas, il faut
minimiser le délai entre la ponction et l’aspiration, le passage de
bile infectée et/ou concentrée dans le péritoine pouvant entraîner
d’importantes douleurs.
Une fois le cathéter fixé à la peau, toute la
bile est aspirée et un échantillon est adressé pour analyse
bactériologique. Le cathéter est raccordé et laissé en gravité.
Il doit
être rincé avec 5 mL de sérum physiologique toutes les 8 heures
pour maintenir sa perméabilité ; 72 heures après, le cathéter initial
peut éventuellement être remplacé par un drain de 10 F.
Le retrait du cathéter s’effectue après la maturation du trajet,
obtenue en général en 3 semaines.
Certains préfèrent réaliser une
opacification du trajet avant retrait du cathéter de drainage pour
s’assurer de l’absence de fuite.
2- Résultats et complications
:
Les complications de la procédure sont rares.
Des fuites biliaires,
des perforations duodénales ou coliques, une réaction vagale lors
de la ponction ou lors d’une aspiration rapide de bile ont été
décrites.
La mortalité à 30 jours est élevée, mais en partie en relation
avec les conditions précaires des patients.
L’aspiration du contenu vésiculaire à l’aiguille fine a été proposée
chez les patients de réanimation suspects de cholécystite alithiasique.
Le diagnostic de cholécystite aiguë, souvent difficile
chez ces patients, est évoqué lorsque les données biologiques,
cliniques et radiologiques ne trouvent pas d’autre cause de sepsis.
L’analyse bactériologique de la bile prélevée par ponction à l’aiguille
fine au lit du patient, sous repérage échographique, peut parfois
établir le diagnostic, mais les résultats ne sont pas encourageants, le
taux de faux négatifs pouvant atteindre 40 %.
La défervescence
thermique, la diminution de l’hyperleucocytose dans les premiers
jours suivant le geste permettent de confirmer le diagnostic a
posteriori.
D - DRAINAGE PERCUTANÉ DES COLLECTIONS BILIAIRES
:
1- Technique
:
Le drainage d’une collection dans le cadre d’une pathologie biliaire
peut concerner un abcès survenu au cours d’une cholécystite, d’une
angiocholite, un bilome observé en cas de fistule biliaire.
Le drainage
des collections s’effectue sous guidage échographique ou
tomodensitométrique.
L’échographie est indiquée lorsqu’elle permet
de contrôler tout le trajet de ponction, la tomodensitométrie est plus
adaptée en cas de collection profonde.
La technique du trocart doit être réservée aux collections pariétales
et sous-pariétales.
La technique de Seldinger doit être préférée en
cas de collection profonde.
Dès que la collection est abordée, des prélèvements bactériologiques
et biochimiques à visée diagnostique sont réalisés.
La taille du drain
conditionne le succès de la procédure, fonction du volume et du
contenu de la collection.
En pratique, on utilise des drains multiperforés à simple ou double lumière, de calibre au moins égal
à 12 F.
Les drains sont fixés à la peau et laissés en drainage déclive et la
quantité notée tous les jours.
Un rinçage avec 10 mL de sérum
physiologique trois fois par jour permet de contrôler sa perméabilité.
Les drains sont retirés lorsqu’ils ne sont plus productifs ou qu’ils
donnent moins de 10 mL/24 h et lorsque la collection a disparu sur
l’imagerie.
2- Résultats
:
L’efficacité du drainage se traduit par l’amélioration clinique
(disparition des douleurs, de la fièvre, régression de
l’hyperleucocytose) et la disparition de la collection en imagerie.
En
cas de fistule biliaire, le drainage d’un bilome peut nécessiter
plusieurs semaines.
L’opacification du bilome peut montrer la fistule avec les voies
biliaires. Cette opacification ne doit pas avoir lieu au moment du
drainage en raison du risque de bactériémie.
Elle peut être réalisée
après contrôle du syndrome septique, après un délai de drainage de
1 à 2 semaines.
E - PROCÉDURES DIAGNOSTIQUES ET THÉRAPEUTIQUES
RÉALISÉES PAR L’INTERMÉDIAIRE D’UNE FISTULE
BILIOCUTANÉE :
1- Différents types de fistule
:
L’accès aux voies biliaires peut s’effectuer par l’intermédiaire du
trajet d’un drain de Kehr dans le cas où il est présent.
Sinon, la
constitution d’un trajet peut se faire par voie transhépatique,
transvésiculaire ou transjéjunale par l’intermédiaire de l’anse
jéjunale anastomosée aux voies biliaires.
2- Délai d’utilisation de la fistule
:
Le délai d’utilisation vise à obtenir une maturation du trajet, une
adhérence de la capsule ou de la paroi vésiculaire aux plans cutanés
pour éviter les fuites intrapéritonéales de bile et les hémorragies sur
le trajet.
Ces risques sont d’autant plus importants que le matériel
mis en place au sein des voies biliaires est de gros calibre.
Ainsi, si
la mise en place d’un cathéter de 7 ou 8 F peut être effectuée
immédiatement, éventuellement par l’intermédiaire d’une gaine
d’introduction, en revanche, l’introduction de matériel de plus gros
calibre doit au mieux s’effectuer au cours d’une procédure différée.
La maturation du trajet d’un drain de Kehr est obtenue en
3 à 4 semaines.
Si certains utilisent un trajet transhépatique non mature de moins
de 1 semaine, la plupart s’accorde à préférer une approche
différée.
La dilatation progressive du trajet avec des
dilatateurs de calibre croissant est moins traumatisante.
La mise en
place de drains siliconés de calibre croissant, bien tolérés, est bien
adaptée à la réalisation progressive des fistules biliocutanées dont
l’utilisation peut se faire au bout de 4 semaines.
En ce qui concerne un trajet transvésiculaire, le délai d’utilisation
du trajet est variable suivant les auteurs ; certains préfèrent un trajet
de cholécystostomie mature de 4 à 6 semaines, d’autres utilisent le
trajet le lendemain.
3- Avantages par rapport à la voie endoscopique
rétrograde
:
L’accès aux voies biliaires par l’intermédiaire d’une fistule biliocutanée est plus direct et plus court que par voie rétrograde
endoscopique et ne nécessite pas de sphinctérotomie.
Lorsqu’un drain est laissé en place au sein des voies biliaires, le
renouvellement de la procédure est simple grâce à la conservation
du trajet.
4- Réalisation de la fistule
:
* Fistule transhépatique
:
La réalisation d’une fistule biliocutanée transhépatique comprend
les étapes suivantes :
– réalisation d’une cholangiographie ;
– choix du point d’entrée pour un trajet le plus efficace ;
– mise en place d’un drain siliconé de calibre 8 F ;
– augmentation progressive du calibre du drain à chaque
changement, la mise en place du nouveau drain se faisant après
dilatation du trajet au calibre correspondant.
Le calibre de la fistule
est porté progressivement de 8 à 16 à 18 F en 4 semaines.
* Cholécystostomie
:
L’indication est l’extraction de calculs intravésiculaires chez un
patient non chirurgical.
Sa réalisation est décrite au chapitre
correspondant.
* Anse digestive fixée à la peau
:
L’accès percutané ou endoscopique aux voies biliaires peut être
difficile ou impossible chez des patients porteurs d’une affection
biliaire sévère avec des canaux biliaires de très petit calibre ou une
anatomie modifiée par la chirurgie.
Lors de la réalisation d’une anastomose biliodigestive
endoscopiquement inaccessible, l’anse anastomosée peut être
stomisée ou délibérément fixée à la paroi abdominale et repérée par
des clips.
La ponction et le cathétérisme de cette anse repérée permettent un
accès à l’ensemble de l’arbre biliaire et la réalisation de différentes
procédures (cholangiographie, drainage, dilatation de sténose, mise
en place de prothèses, extraction de calculs, biopsie).
Une cholangiographie réalisée à l’aiguille fine est parfois nécessaire
préalablement pour localiser l’anse.
L’administration d’un agent
hypotonique (Glucagon, Viscéralgine), en respectant les
précautions d’usage, peut se justifier si le péristaltisme intestinal
gêne la ponction de l’anse.
Cette voie d’abord a un intérêt dans le cadre d’affections chroniques
des voies biliaires pour lesquelles des procédures percutanées
doivent être répétées ou un suivi cholangiographique nécessaire
(sténoses bénignes, lithiases intrahépatiques).
Par rapport à la voie transhépatique, les risques hémorragiques et
de fuites biliaires sont moins importants et la procédure moins
douloureuse.
5- Endoscopie biliaire
:
Les progrès en radiologie interventionnelle et en instrumentation
endoscopique ont élargi les indications de l’endoscopie biliaire qui
n’était réalisée jusque récemment uniquement lors de l’exploration
chirurgicale de la voie biliaire principale.
Les techniques de cholangioscopie non opératoires furent d’abord
réalisées par voie perorale, rétrograde.
Les premières applications cliniques percutanées datent des années
1980.
L’examen endobiliaire direct peut contribuer au diagnostic d’une
obstruction biliaire de cause inexpliquée échappant aux méthodes
habituelles, y compris à la cholangiographie rétrograde ou
percutanée (diagnostic par exemple d’un prolapsus muqueux dans
le cadre d’une anastomose cholédochojéjunale).
L’endoscopie, grâce à la visualisation directe et à la rigidité de
l’endoscope, peut être utilisée en dernier recours pour le passage
d’une sténose.
L’utilisation du canal opérateur pour passer des instruments en vue
de prélèvements cytologiques et biopsiques endobiliaires, d’une
extraction de calculs avec ou sans lithotritie de contact,
sphinctérotomie antérograde, curithérapie, laser, cautérisation d’une
lésion hémorragique, a élargi considérablement les possibilités de
prise en charge des affections biliaires par voie percutanée.
L’utilisation de ces instruments est facilitée par le guidage
endoscopique.
*
Matériel
La cholangioscopie utilise des endoscopes rigides et souples.
Le néphroscope possède un large canal pour irrigation et permet le
passage d’instruments (forceps, sondes échographiques, sondes
électrohydrauliques pour lithotritie).
Il donne une vue endoscopique
large mais nécessite un trajet très large de 26 à 30 F.
Il existe un cholédochoscope rigide de plus petite taille, de 18 F, nécessitant un
trajet de plus petit calibre.
Plusieurs types d’endoscopes flexibles peuvent être utilisés pour la cholédochoscopie.
Le bronchoscope pédiatrique (3,5 mm), le cholédochoscope (5 mm de diamètre) ont tous les deux un canal
opérateur permettant une irrigation et l’introduction d’instruments
comme une pince à biopsie, des sondes-paniers, des sondes de
lithotritie et de laser.
Un cholédochoscope récent, ultrafin, de plus petit calibre (7 F),
permet l’exploration des voies biliaires périphériques mais ne
possède pas de canal opérateur et a de ce fait un intérêt plus limité.
Ces endoscopes ont l’avantage de ne pas nécessiter pour leur
introduction de dilatation du trajet.
Le monitoring vidéo apporte des bénéfices considérables à la cholangioscopie, améliorant les conditions de stérilité, permettant
un suivi et un enregistrement dynamique de la procédure.
* Technique
:
La vésicule et l’arbre biliaire incluant l’ampoule, la voie biliaire
principale, la bifurcation, les canaux droits et gauches et les canaux
de premier ordre peuvent être examinés avec un cholédochoscope
conventionnel.
Un cholédochoscope ultrafin de 7 F est nécessaire
pour les voies biliaires périphériques.
L’accès aux voies biliaires peut se faire par le trajet d’un drain de Kehr, une cholécystostomie percutanée, un trajet transhépatique de
calibre adapté à celui de l’endoscope.
À l’exception des endoscopes fins 7 F, la réalisation d’une fistule biliocutanée s’impose pour le passage de l’endoscope. Un trajet de
16 F est suffisant pour les cholédochoscopes souples ou les petits
néphroscopes rigides.
La procédure nécessite une sédation ou une anesthésie générale en
fonction en particulier de la longueur de la procédure.
L’endoscope
peut être introduit directement ou sur un guide en fonction du site
de l’anomalie.
La progression de l’endoscope s’effectue sous contrôle
visuel pour éviter de traumatiser le trajet transhépatique.
Une antibiothérapie prophylactique est administrée 24 heures avant
et après la procédure.
Une brève scopie avec injection d’une petite quantité de contraste
peut être nécessaire pour localiser les anomalies ou les calculs.
L’irrigation continue pendant la procédure (1 L à 1,5 L) nécessite la
mise en place d’une sonde gastrique.
Un cathéter de drainage est remis en place après la procédure, laissé
en drainage externe pour la nuit pour diminuer les risques septiques
et effectuer un contrôle cholangiographique pour détecter oedème,
caillots, sténose et calcul résiduel.
* Résultats
:
L’utilisation du guidage endoscopique améliore :
– la contribution diagnostique des prélèvements biliaires qui sont
dirigés sur les zones suspectes ;
– la prise en charge des gros calculs, des calculs impactés, intrahépatiques, grâce à la visualisation directe du calcul et à
l’utilisation du canal opérateur pour passer sondes-paniers, sonde
de lithotritie, cathéter de Fogarty.
6- Pathologie lithiasique
:
* Sphinctérotomie antérograde
:
La sphinctérotomie réalisée par voie rétrograde endoscopique est le
traitement non chirurgical de référence de la lithiase de la voie
biliaire principale.
Plusieurs solutions sont offertes si l’accès
endoscopique à la papille est impossible (papille intradiverticulaire,
anastomose biliodigestive endoscopiquement inaccessible).
Peuvent être réalisées :
– une sphinctérotomie par voie endoscopique rétrograde par une
méthode combinée radioendoscopique, la mise en place d’un guide
par voie percutanée servant à mettre en place le sphinctérotome ;
– une sphinctérotomie au ballon d’angioplastie par voie percutanée
en utilisant un ballon dont la taille est supérieure à la taille du plus
gros calcul.
Cette procédure effectuée sans contrôle visuel présente
un risque de perforation ;
– enfin, une sphinctérotomie sous guidage fluoroscopique et
endoscopique par voie antérograde percutanée.
* Extraction de calculs
:
La sphinctérotomie endoscopique et la cholécystectomie chirurgicale
sont les traitements de référence respectifs de la lithiase des voies
biliaires et de la lithiase vésiculaire.
Certaines situations nécessitent
le recours à la radiologie interventionnelle.
L’extraction percutanée de calculs résiduels après chirurgie peut
s’effectuer par l’intermédiaire d’un drain de Kehr.
Une lithiase
volumineuse ou impactée résistante au traitement endoscopique
peut bénéficier d’une tentative d’extraction par un trajet transhépatique.
Des calculs vésiculaires peuvent être extraits par
l’intermédiaire d’une cholécystostomie dans certaines indications.
Selon leur taille, le calibre du trajet, ou s’ils sont impactés, les calculs
sont extraits intacts ou fragmentés.
La fragmentation peut être
mécanique, par dissolution chimique orale ou de contact, par
lithotritie intracorporelle effectuée par ondes ultrasonores, choc électrohydraulique ou laser, par lithotritie extracorporelle.
La place
respective de ces différentes méthodes n’est pas clairement définie.
Ces procédures s’effectuent sous anesthésie générale et antibioprophylaxie.
+ Extraction de calculs par l’intermédiaire d’un drain de Kehr
:
Technique.
Après maturation du trajet, le drain de Kehr est retiré sur guide et
un introducteur 18 F est mis en place.
L’utilisation d’un cathéter
permet l’obtention d’un cholangiogramme pour localiser les calculs
et visualiser les variations anatomiques. Une sonde de Dormia est
insérée dans le cathéter au-dessus du calcul.
Les fragments sont
retirés ou poussés dans le duodénum par une sphinctérotomie.
Les calculs de 6 à 8mm ne peuvent pas être extraits au niveau du
trajet d’un drain de Kehr de 18 F et une fragmentation préalable est
nécessaire.
Celle-ci peut être réalisée par simple fermeture du panier
sur le calcul.
En cas d’échec, les autres méthodes de fragmentation
envisageables par ce trajet doivent être utilisées.
Les petits
calculs de 3 mm passent souvent spontanément dans le duodénum ;
leur passage peut être facilité en les « flushant » à travers la papille.
Les fragments perdus dans le trajet du drain de Kehr sont repoussés
dans le système canalaire et extraits.
Les calculs impactés ou se trouvant dans les petits canaux intrahépatiques sont difficiles à extraire.
Une mobilisation peut être
tentée par différentes manoeuvres (aspiration avec le cathéter,
injection forcée de contraste dilué sous le calcul).
Une mobilisation
spontanée est possible entre deux sessions.
Si le calcul n’a pas bougé,
l’utilisation d’une sonde de Fogarty passée dans un cathéter de petit
calibre peut être efficace.
Résultats.
Le retrait percutané par un drain de Kehr de calculs résiduels est la
technique de choix si celui-ci est en place.
Largement pratiquée, cette
procédure a un taux de réussite de 95 %.
Le taux de complications
est de 9,2 %, incluant pancréatite, fièvre, perforation du trajet.
Le guidage fluoroscopique est insuffisant pour les petits calculs,
devant être remplacé par un guidage endoscopique.
Si la procédure échoue par le drain de Kehr, la méthode de choix est
alors la sphinctérotomie endoscopique avec retrait à la sonde de
Dormia.
Enfin, dans le cas où la sphinctérotomie est impossible, par
exemple dans le cas d’un patient porteur d’une cholédochojéjunostomie,
l’utilisation de la voie percutanée est envisagée.
+ Extraction de calculs par voie percutanée transhépatique
:
Technique.
Cette procédure tire ses indications des échecs du traitement
endoscopique : calculs volumineux ou impactés, anastomose
biliodigestive, papille intradiverticulaire, calcul en amont d’une sténose haut située, calculs intrahépatiques.
La procédure débute par
la réalisation d’une fistule biliocutanée transhépatique de calibre
suffisant pour le passage des instruments et des calculs : 16 à 18 F.
La procédure est analogue à celle décrite en présence d’un drain de Kehr.
Si les calculs sont trop volumineux ou impactés, une
fragmentation préalable est nécessaire.
Résultats. L’accès aux voies biliaires intrahépatiques par voie transhépatique
peut être obtenu dans presque 100 % des cas, une évacuation
complète des calculs au besoin après fragmentation dans 90 % des
cas.
Les échecs et les récidives sont surtout observés en cas de
sténoses associées.
+ Extraction de calculs par l’intermédiaire d’une cholécystostomie
:
La cholécystolithotomie percutanée par un trajet de 18 F peut être
réalisée sans anesthésie générale.
Cette procédure peut être utilisée
pour enlever n’importe quels type, taille et nombre de calculs chez
des patients présentant une cholécystite aiguë ou chronique.
En
général, elle est destinée aux patients à risque chirurgical ou refusant
une anesthésie générale ou une cholécystectomie.
Elle peut être
utilisée également pour extraire des calculs du cystique ou de la
voie biliaire principale (calcul extraits ou poussés au travers de la
papille) dans le cas où le patient est porteur de calculs vésiculaires
et des voies biliaires.
Technique .La procédure est réalisée sous antibiothérapie intraveineuse débutée
avant le geste.
La ponction de la vésicule se fait par voie transhépatique ou
transpéritonéale, en général sous échographie.
Certains utilisent le
scanner pour réaliser la ponction.
Le trajet transhépatique expose
théoriquement à moins de fuites biliaires et diminue le risque de
péritonite biliaire.
La vésicule doit être abordée au niveau de la zone
de contact hépatique non péritonisée.
Le parenchyme hépatique
autour du cathéter isole le trajet et évite les fuites de bile dans le
péritoine.
La voie transhépatique permet également une meilleure
stabilité du guide pendant la mise en place du cathéter.
L’inconvénient de la voie transhépatique est lié à la traversée du
parenchyme hépatique par le cathéter et les risques de saignement,
d’hémobilie, de fistule artérioveineuse, d’abcès hépatiques, de
contamination pleurale.
Le trajet transpéritonéal est préféré par certains lorsqu’il faut dilater
le trajet en vue d’une extraction de calculs ou s’il existe des
variations anatomiques de la vésicule.
Les risques théoriques
incluent la péritonite biliaire, la perte de l’accès secondaire à la
décompression de la vésicule, la ponction du côlon, le délogement
et le bouclage du guide dans la cavité péritonéale durant l’insertion
du cathéter.
En cas de cholécystite aiguë, la dilatation est reportée après
résolution de l’épisode de cholécystite.
Chez les patients porteurs
d’une cholécystite chronique, la dilatation peut être effectuée le
lendemain.
Après mise en place d’un guide, le trajet est dilaté à
18 F.
Une fois le trajet dilaté et un introducteur mis en place, souvent
les calculs peuvent être expulsés à l’extérieur de la vésicule en les
« flushant » par un petit cathéter introduit dans l’introducteur.
Sinon, l’extraction des calculs est réalisée à l’aide d’un panier ou
d’une pince, sous contrôle fluoroscopique ou sous contrôle visuel
avec un cholédochoscope.
Les calculs trop gros doivent être fragmentés.
Si tous les calculs ne
peuvent être enlevés en une fois, un drain de 14 F est laissé en place
dans la vésicule ; une deuxième session est entreprise pour les
calculs résiduels.
Lorsque tous les calculs ont été enlevés, un drain
de 8 à 14 F en « queue de cochon » est laissé en place.
La durée du
drainage est variable, selon les auteurs de 24 heures à 3 semaines,
de façon à obtenir une maturation du trajet et éviter les fuites
biliaires.
Résultats.
Le taux de succès varie de 71 à 100 %.
La complication majeure est
la fuite biliaire.
L’alternative à la cholécystostomie percutanée est la
minicholécystostomie chirurgicale.
L’intervention peut être utile en
cas de contre-indication à l’anesthésie générale, particulièrement
dans les centres peu entraînés à la réalisation des cholécystostomies
percutanées.
La vésicule et le bord inférieur du foie sont repérés en échographie,
un repère marqué à la peau.
Le patient étant sédaté, une petite
incision est pratiquée en regard du fundus, sous anesthésie locale.
Un cathéter de Foley 24 F est mis en place dans la vésicule.
Pour
prévenir la fuite de bile, le fundus est suturé autour du cathéter à la
paroi.
Le trajet est utilisable 5 jours après pour le retrait des calculs.
* Dissolution chimique
:
Cette méthode est surtout utilisée au niveau de la vésicule, mais a
également été décrite dans certains centres au niveau des voies
biliaires intra- et extrahépatiques.
C’est une méthode d’appoint, utilisable uniquement dans des
centres spécialisés pour des patients non chirurgicaux.
La procédure est longue, la manipulation délicate, grevée de
complications potentiellement graves en cas de passage dans la
circulation (coma, insuffisance rénale, hémolyse) ou de contact avec
la muqueuse duodénale (ulcérations).
La méthode n’est efficace que
sur les calculs cholestéroliques ; les calculs très calcifiés ne peuvent
pas être dissous.
Le méthyl tert buthyl éther (MTBE) est le principal agent utilisé.
Les
agents solvants ne doivent pas être utilisés durant une cholécystite
aiguë, une cholangite, une pancréatite, ou chez une femme enceinte.
La durée moyenne du traitement est de 5 h/j pendant 1 à 3 jours
pour le MTBE.
Le traitement est arrêté lorsque les cholangiogrammes de contrôle ne montrent plus de calculs.
L’efficacité est diversement appréciée, entre 84 et 96 %.
* Lithotritie intracorporelle
:
+ Technique
:
La lithotritie intracorporelle repose sur plusieurs méthodes ayant en
commun le principe de délivrer une énergie directement sur le calcul
pour le fragmenter.
La lithotritie électrohydraulique, initialement décrite par Burhenne
pour fragmenter des calculs résiduels par l’intermédiaire d’un drain
de Kehr sous repérage fluoroscopique, est actuellement la méthode
la plus utilisée par voie rétrograde et percutanée.
L’énergie est produite par une différence de potentiel générée à
l’extrémité d’une électrode, entraînant la vaporisation brutale d’une
bulle de gaz à l’origine de la fragmentation du calcul.
L’énergie est délivrée de façon localisée pour diminuer les risques
de blessure de la muqueuse.
Le guidage cholédochoscopique
améliore considérablement les performances de la technique et
diminue les risques de contact de l’électrode avec la paroi.
Une électrode de 3 F, très flexible, est insérée dans le canal opérateur
d’un cholédochoscope 15 F (5 mm) flexible ; la petite taille de
l’électrode autorise une irrigation périphérique pour diminuer les
effets de la chaleur produite.
L’électrode est sortie de 4 à 5mm de
l’endoscope pour éviter les dommages sur l’optique, positionnée à
1 à 2 mm du calcul pour générer l’onde de choc.
Les fragments sont « flushés » en dehors de l’introducteur, ou à
travers la papille, ou retirés avec une sonde-panier.
La lithotritie par ultrasons est moins utilisée car nécessitant un
matériel rigide.
Une onde ultrasonore émise par la sonde engendre
des vibrations à l’origine de la fragmentation du calcul.
La lithotritie par laser pulsé donne des résultats comparables avec
moins de risques sur la muqueuse, mais nécessite un appareillage
plus coûteux.
L’énergie brève et intense est véhiculée sur une
longueur d’onde de 504 nm (vert courmarine) pour être absorbée de
façon préférentielle par la lithiase.
Une fibre optique de 250 µm est
passée dans le canal opérateur et placée directement au contact du
calcul.
+ Résultats
:
Cette technique peut nécessiter plusieurs séances, mais son efficacité
est excellente, variant de 75 à 96 % pour des séries plus récentes.
7- Pathologie tumorale
:
* Prélèvements endobiliaires à visée diagnostique
:
Ces prélèvements, effectués au cours de procédures de complexité
variable, sont indiqués lorsque l’imagerie en coupes ne montre pas
de lésion susceptible d’être ponctionnée en utilisant les méthodes
de repérage habituelles.
Les résultats des prélèvements prennent toute leur importance dans
le cas d’une sténose biliaire d’origine indéterminée, lorsqu’une
chirurgie n’est pas indiquée.
La contribution diagnostique dépend
de la technique utilisée.
La méthode la plus simple consiste à réaliser un prélèvement
cytologique par ponction-aspiration à l’aiguille fine au niveau de la
sténose repérée par une opacification réalisée par voie endoscopique
rétrograde ou percutanée.
À l’aide d’un repérage fluoroscopique
effectué dans deux plans, l’aiguille est positionnée au niveau de la
sténose.
Cette méthode simple, sans risque, a l’avantage d’être
facilement disponible avec le minimum de matériel.
La contribution
diagnostique est meilleure pour les sténoses biliaires basses d’origine
pancréatique.
La méthode permet un diagnostic de malignité,
avec une sensibilité de 90 % et une spécificité de 100 %, alors que
pour les sténoses hilaires la fiabilité n’est que de 40 %.
Les prélèvements cytologiques et biopsiques endobiliaires ont une
valeur diagnostique supérieure.
Ceux-ci peuvent être réalisés sous
repérage fluoroscopique ou endoscopique.
Sous repérage fluoroscopique, la procédure consiste à diriger, par
voie transhépatique ou rétrograde endoscopique suivant
l’accessibilité de la lésion, un cathéter au niveau d’une sténose ou
d’un bourgeon tumoral.
Une brosse ou une pince à biopsie est
insérée en vue de prélèvements cytologiques ou biopsiques.
La
sensibilité de ces prélèvements pour le diagnostic de malignité est
variable suivant le type lésionnel, 77 % pour les cholangiocarcinomes,
50 % pour les lésions pancréatiques.
L’association
systématique de la cytologie et de la biopsie augmente la valeur
prédictive positive de malignité (55 à 83 %).
Le repérage endoscopique cholangioscopique améliore nettement les
performances diagnostiques des prélèvements.
Les instruments
sont introduits dans le canal opérateur du cholédochoscope et
dirigés sur les lésions suspectes sous contrôle visuel.
Ponchon
obtient ainsi une sensibilité pour le diagnostic de malignité de 95 %
lorsque les prélèvements sont dirigés sur les berges de la sténose.
L’utilisation de vidéomoniteurs améliore la détection des lésions et
permet de diriger plus précisément les prélèvements.
Malgré ces bons résultats, il faut garder à l’esprit qu’ils n’ont de
valeur que lorsqu’ils sont positifs.
Ainsi, le diagnostic de bénignité
est un diagnostic d’élimination, rendant la multiplication des
prélèvements nécessaire.
* Curiethérapie
:
Elle est utilisée surtout à but palliatif dans le cas d’un cholangiocarcinome, en combinaison dans des protocoles associant
curiethérapie, radiothérapie externe et chimiothérapie.
La source
d’iridium 192 est introduite dans un cathéter de drainage transtumoral.
Le principe est de délivrer une forte dose (25 à
30 Gy) sur la lésion, en limitant l’irradiation des organes
adjacents.
Une chimiothérapie utilisant du 5-fluorouracile (FU) est
utilisée comme radiosensibilisateur durant la radiothérapie.
Les complications décrites sont soit mineures (fièvre, troubles gastrointestinaux
mineurs) ou plus sévères (cholangite, abcès hépatique,
obstruction biliaire, nécrose hépatique).
Eschelman et Montenaggi, sur des séries respectives de 11 et
18 patients porteurs d’un cholangiocarcinome non opérable
bénéficiant de la triple association radiothérapie externecurithérapie-5-FU, retrouvent respectivement une durée de survie
en moyenne de 22,6 mois, une survie à 2 ans de 62 %.
Le
traitement pourrait de plus allonger la perméabilité des prothèses
métalliques.
* Laser
:
La destruction par laser ayant montré une certaine efficacité dans le
cas des tumeurs oesophagiennes ou colorectales est en évaluation au
niveau des voies biliaires.
Aucun résultat n’est actuellement paru
sur l’efficacité de la méthode.
Son utilisation à but palliatif est décrite dans le cas de cholangiocarcinome pour réduire le volume tumoral et améliorer le
drainage biliaire, en association à la radiochimiothérapie.
La
technique peut également être utilisée en alternative à la chirurgie
dans le cas de lésion bourgeonnante endobiliaire de type adénome
villeux.
8- Sténoses bénignes
:
La bilioplastie fait appel à la dilatation pneumatique, au calibrage
prolongé visant à maintenir stable le résultat.
* Dilatation pneumatique percutanée des sténoses bénignes
:
C’est une méthode importante et largement répandue de prise en
charge non chirurgicale des sténoses bénignes.
La dilatation peut concerner plusieurs sténoses et des sténoses de
localisation anatomique difficile.
+ Technique
:
En raison du caractère douloureux, la procédure réclame une
anesthésie générale.
Une couverture antibiotique à large spectre est
administrée par voie intraveineuse 1 heure avant le geste.
Le protocole de dilatation est variable suivant les équipes et la
pathologie.
La plupart réalisent plusieurs sessions à plusieurs jours
d’intervalles.
Le nombre de dilatations par session (une à
trois), la durée d’insufflation du ballon (1 à 10 minutes) et la pression
d’insufflation (4 à 15 atm) varient suivant les auteurs.
L’empreinte générée par la sténose sur le ballon renseigne sur son
importance ; sa disparition après insufflation témoigne de l’efficacité
de la dilatation.
La réalisation d’une manométrie biliaire est
proposée par certains pour juger de l’efficacité de la dilatation sur
l’obstruction.
La pression normale dans les voies biliaires est
inférieure à 20 cmH2O, le zéro étant étalonné sur la ligne axillaire
moyenne.
Un test de perfusion à un débit de 5 mL/min pendant
10 minutes est réalisé si la pression de base est normale.
Le calibre et la longueur du ballon qui doit résister aux fortes
pressions d’insufflation sont adaptés à la sténose et au calibre de la
voie biliaire adjacente.
Après la dilatation, un drain de 10 à 12 F multiperforé avec trous
latéraux au-dessus et au-dessous de la sténose est laissé perméable
24 à 48 heures puis clampé si le patient est apyrexique.
+ Résultats
:
Les résultats du traitement pneumatique des sténoses bénignes
doivent être comparés à ceux de la chirurgie.
Les résultats sont
difficiles à comparer étant donné la petite taille des séries publiées.
Aucune étude prospective randomisée n’a comparé les résultats de
la chirurgie à ceux de la méthode percutanée.
Les patients chez qui les résultats sont les meilleurs sont ceux
porteurs d’une sténose principale ou de sténoses de localisation
centrale.
Les patients porteurs d’une cholangite sclérosante, bien que
pouvant bénéficier de la procédure, bénéficient de moins bons
résultats en raison de l’évolution naturelle de la maladie.
De bons résultats ont cependant été décrits chez des patients
porteurs d’une sténose prépondérante.
La série la plus importante est celle de Mueller, portant sur
62 patients.
La perméabilité à long terme est obtenue dans 67 % des cas de sténoses anastomotiques, 76 % des cas de sténoses
iatrogènes, 42 % des cas de cholangites sclérosantes.
Le recueil des
résultats de différentes études à cette période donne sur 177 patients
suivis de 15 mois à 3 ans : 67 à 85 % de succès, 22 à 24 % de récidives.
Depuis les années 1980, le matériel s’est amélioré, diminuant ainsi
la morbidité et améliorant probablement le taux de succès.
Lillermoe
observe, pour le traitement non chirurgical des sténoses iatrogènes,
un taux de succès de 64 % à 6 ans.
L’étude de Citron et Martin de 1991 distinguait les résultats suivant
le siège de la sténose : ils obtenaient à 32 mois 100 % de succès pour
les sténoses intrahépatiques, 92 % pour les sténoses extrahépatiques
et extrapancréatiques, 75 % pour les sténoses anastomotiques.
Les résultats des grandes séries chirurgicales sont également anciens.
Pitt rapporte un taux de réussite de 88 % à 4 ans à condition
d’intuber l’anastomose pendant en moyenne 13 mois.
Le pourcentage de succès diminue si la sténose est haute ou intrahépatique, s’il y a déjà eu une chirurgie biliohépatique, s’il
existe des lésions vasculaires associées, ou si les conditions locales
sont défavorables (cirrhose, hypertension portale, infection biliaire,
inflammation péribiliaire).
En pratique, avec un recul de 3 ans, le traitement chirurgical n’a,
dans le meilleur des cas, que 10 % de récidives, alors que 20 à 30 %
de récidives sont observées avec le traitement pneumatique, toutes
causes et toutes localisations confondues.
Les résultats du traitement percutané sont moins bons en première
intention lorsque la chirurgie est effectuée dans des conditions
optimales, meilleurs que ceux de la chirurgie ensuite.
Les complications de la dilatation percutanée sont essentiellement
infectieuses, se traduisant le plus souvent par une simple fièvre.
* Calibrage
:
Le calibrage consiste en la mise en place à long terme d’un drain
siliconé 12 à 20 F au niveau d’une sténose qui a été dilatée.
Son but
est de maintenir stables les résultats de la bilioplastie tout en
préservant l’accès aux voies biliaires pour d’éventuelles nouvelles
dilatations.
La durée du calibrage est discutée selon les équipes et la
pathologie.
Si la plupart s’accordent pour laisser en place un drain
pendant 7 à 10 jours à travers une sténose biliaire qui a été dilatée,
ne serait-ce pour garder un accès en vue d’une nouvelle dilatation,
plus longtemps, certains redoutent l’introduction de germes qui peut
aggraver la maladie et favoriser la fibrose.
En fait, il n’est pas prouvé
que le calibrage d’une sténose prévienne ou favorise la resténose.
Dans l’étude de Mueller portant sur 62 patients, plusieurs
attitudes furent adoptées ; aucune différence ne fut retrouvée entre
les différentes attitudes.
Ainsi, la durée du calibrage varie de quelques semaines à plusieurs
mois.
Dans le cas des sténoses postopératoires, le traitement vise à obtenir
un résultat définitif après le retrait de tout matériel percutané. La
durée recommandée est de 3 mois à 1 an.
Van Sonnenberg
propose après plusieurs semaines de calibrage de réaliser une
manométrie.
Si celle-ci est normale, le drain est retiré au-dessus
de la sténose, puis clampé pour plusieurs semaines.
Le drain est
retiré si le patient reste asymptomatique sur le plan clinique et
biologique.
Dans le cas de la cholangite sclérosante, l’évolution de l’affection ne
permet pas d’espérer un résultat définitif.
L’objectif est de maintenir
un drainage biliaire suffisant le plus longtemps.
Le drain siliconé
rincé quotidiennement permet de garder l’accès aux voies biliaires
pour dilater de nouvelles sténoses apparues, d’effectuer les contrôles cholangioscopiques et les prélèvements qu’impose le risque de dégénérescence.
Un drainage plus prolongé, voire définitif, peut se
justifier dans la mesure où la tolérance de ces drains est bonne.
Le drain, dans tous les cas, est changé tous les 3 à 4 mois.
À
l’occasion de ce changement, une nouvelle dilatation est effectuée si
la sténose est toujours présente ou si de nouvelles sont apparues.
Autres méthodes
:
La connaissance des possibilités qu’offrent les autres méthodes dans
la prise en charge thérapeutique des affections des voies biliaires est
nécessaire pour définir la stratégie thérapeutique et porter au mieux
les indications.
A - ENDOSCOPIE
:
L’endoscopie interventionnelle est une discipline plus récente que la
radiologie interventionnelle dont elle a beaucoup bénéficié des
avancées techniques.
Les domaines d’applications de chacune des
deux spécialités se recouvrent largement.
La voie biliaire principale peut être abordée par voie antérograde
percutanée ou rétrograde endoscopique.
Dans la majorité des cas,
cette voie d’abord est privilégiée en raison d’une morbidité
moindre.
L’endoscopie interventionnelle a débuté avec l’apparition de la
sphinctérotomie, en 1973, qui a ouvert la voie aux canaux biliaires et
pancréatiques.
Les progrès rapides en vidéo-imagerie endoscopique et l’utilisation
d’endoscopes de petit calibre aisément manoeuvrables ou
d’endoscopes plus larges avec canal opérateur, ont élargi les
capacités diagnostiques et thérapeutiques de l’endoscopie.
Un opérateur expérimenté dispose de tout un arsenal de méthodes
diagnostiques et thérapeutiques peu invasives et peu coûteuses.
La cholédochoscopie par voie perorale utilise un cholédochoscope
inséré dans le canal opérateur (5,5 mm) d’un duodénoscope à vision
latérale de 14,8 mm permettant un accès direct à la voie biliaire par
la papille.
Les babyscopes de plus petite taille, 1,7 à 2,3 mm, ne
nécessitent pas de sphinctérotomie initiale mais ne possèdent pas
de canal opérateur et de rinçage possible, offrant par conséquent
des images de moindre qualité.
La scopie permet le contrôle des
procédures en confirmant la position de l’endoscope dans l’arbre
biliaire et la topographie des lésions et calculs.
La sphinctérotomie endoscopique est la méthode de référence pour la
prise en charge thérapeutique de la lithiase de la voie biliaire
principale, éventuellement couplée à une extraction à la sonde de
Dormia ou une lithotripsie mécanique ou de contact.
Outre l’extraction calculeuse, la voie endoscopique autorise la
réalisation de prélèvements cytologiques ou biopsiques, de
lithotripsie de contact, de dilatation, de mise en place de
prothèses de gros calibre (15 F) ou de petit calibre, de fil
d’iridium pour curiethérapie.
La décompression des voies biliaires au-dessus d’une sténose bas
située est également créditée d’un pourcentage élevé de succès et
d’une morbidité très faible.
En revanche, la décompression de voies biliaires intrahépatiques audessus
d’une sténose hilaire de type II ou III est plus aléatoire avec
des échecs nombreux, une morbidité et une mortalité beaucoup plus
élevées en raison de complications infectieuses importantes dans le
cas où le drainage est insuffisant.
La réalisation des procédures complexes (cholédochoscopie,
extraction de calculs impactés, haut situés, au-dessus d’une sténose,
dilatation pneumatique) est plus difficile que par voie percutanée et
la répétition de la procédure réclame un nouvel abord endoscopique
de la papille.
B - CHIRURGIE
:
L’amélioration des techniques d’imagerie permettant une meilleure
sélection des patients candidats à la chirurgie, associée à
l’amélioration des techniques chirurgicales et de la prise en charge
anesthésique, explique que de plus en plus de patients soient
candidats à une chirurgie d’exérèse curative.
Les pourcentages de
survie sont par conséquent améliorés.
La transplantation hépatique peut être envisagée lorsque l’extension
lésionnelle n’autorise pas une chirurgie d’exérèse partielle.
La prise en charge chirurgicale des sténoses bénignes est difficile.
Les conditions locales et l’expérience de l’opérateur sont
déterminantes pour les résultats.
Dans les sténoses malignes, la chirurgie de décompression palliative
n’a plus guère d’indications et est remplacée par les méthodes de
drainage endoscopique et transhépatique.
C - ASSOCIATION DES MÉTHODES
:
La combinaison possible des méthodes illustre la complémentarité
des différentes techniques et l’indispensable collaboration
constituant la base d’une prise en charge optimale du patient.
1- Association du drainage biliaire et de la chirurgie
:
L’intérêt du drainage préopératoire des voies biliaires est contesté.
La présence d’une cholestase diminue la résistance des hépatocytes
à l’ischémie engendrée par le clampage vasculaire et limite les
capacités de régénération hépatocytaire.
Une résection hépatique
dans un contexte de cholestase augmente le risque de fuite biliaire,
de collection sous-phrénique et les besoins transfusionnels.
La
présence d’une cholangite, une perte de poids importante, des
besoins transfusionnels accrus sont des facteurs influençant de
manière négative le taux de mortalité postopératoire.
La mise en place d’une drain biliaire peut servir de guide au
chirurgien en cas de sténose hilaire ou de réparation d’une fuite
biliaire pour repérer la voie biliaire au-dessus et en dessous de la
lésion.
Ce drain peut être utilisé pour intuber une anastomose biliodigestive
dans un but diagnostique (contrôle de l’anastomose en
postopératoire), technique (limitation du risque de fuite
anastomotique ou de sténose précoce) ou thérapeutique
(curiethérapie).
En revanche, la mise en place d’un drain biliaire est susceptible
d’augmenter le taux de complications infectieuses postopératoires
par contamination de la bile.
La mise en place d’un drain est un
geste qui possède une morbidité propre.
Une attitude pratique peut être dégagée de ces différents arguments.
Une décompression préopératoire est indiquée en cas d’angiocholite.
Une levée du sepsis par simple drainage externe des territoires
infectés permet d’améliorer les conditions opératoires.
Avant une hépatectomie majeure, la levée de la cholestase par
drainage d’au moins un tiers du foie se justifie.
Si l’obstacle isole les
foies droit et gauche, le drainage du foie laissé en place est obtenu
par un drain interne-externe transtumoral si celui-ci doit servir au
repérage peropératoire de la voie biliaire, en position sus-ampullaire
pour limiter le risque de contamination septique de la bile.
Ce drain
peut être utilisé pour intuber l’anastomose biliodigestive.
L’intérêt du drainage préopératoire systématique dans la diminution
de la mortalité postopératoire n’est en revanche pas établi du fait
des complications propres aux gestes de drainage.
2- Association de l’endoscopie et de la radiologie
:
La technique du « rendez-vous » permet de pallier les échecs de la
voie endoscopique lorsqu’il s’agit de mettre en place par voie basse
des prothèses de gros calibre au niveau de la voie biliaire principale,
ou plusieurs prothèses au niveau d’une sténose hilaire complexe.
La voie percutanée transhépatique peut pallier les échecs de la voie
endoscopique pour assurer le drainage des voies biliaires opacifiées
mais non drainées par voie rétrograde.
À l’opposé, une
prothèse plastique insérée par voie transhépatique peut être changée
facilement par voie endoscopique si son extrémité inférieure se situe
dans le duodénum.
Lors de la réalisation d’une anastomose biliodigestive, un drain
transanastomotique peut être mis en place par voie transhépatique
ou par le cul-de-sac de l’anse anastomosée dans un but diagnostique
(contrôle de l’anastomose en postopératoire), technique (limitation
du risque de fuite anastomotique ou de sténose précoce) ou
thérapeutique (curiethérapie).
L’autre aspect de la complémentarité radiochirurgicale est illustré,
lors de la réalisation d’une anastomose biliodigestive, par la fixation
de l’anse anastomosée à la paroi abdominale antérieure.
Cette
fixation autorise un accès facile aux voies biliaires après ponction
sous scopie de cette anse repérée par des clips.
Cette fixation est
particulièrement utile lorsque l’anastomose a été réalisée dans des
conditions locales difficiles, laissant présager la survenue tardive
d’une sténose, ou lorsque la présence de lithiase ou de sténose des
voies biliaires intrahépatiques nécessite des accès répétés aux voies
biliaires.