Lésions tissulaires liées au vieillissement

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Le vieillissement est inéluctablement inscrit dans la vie, mais il est inégal d’un individu à l’autre.

Dans le vieillissement intervient probablement un processus génétique: la durée de vie de chaque espèce est précise et constante, chez l’homme on estime qu’elle ne peut dépasser 115 à 120 ans, les capacités de division des cellules en culture sont limitées, ce qui semble impliquer un contrôle génétique.

Mais aussi un processus épigénétique lié à l’accumulation au cours du temps d’altérations moléculaires.

Certains systèmes intégrateurs qui assurent la coordination du fonctionnements des différents organes sont particulièrement touchés par le vieillissement.

C’est le cas du :

* Système vasculaire

La vitesse de la circulation sanguine diminue avec l’âge, ralentissant la distribution des éléments nutritifs, les fonctions d’oxygénation et d’épuration.

* Système immunitaire

Avec l’âge on observe une diminution progressive, quantitative et qualitative , de la synthèse des anticorps.

Une agrégation de lymphocytes dans la moelle osseuse et d’autre sites, le développement de réactions auto immunes.

Une diminution de l’activité des lymphocytes T qui va de pair avec l’atrophie du thymus.

* Système neuro endocrine

La perte de neurones s‘observe dans des zones électives du cerveau (locus ceruleus, substance noire, hippocampe, noyau caudé , putamen, cortex cérébral).

La réactivité du système nerveux sympathique est augmentée (cause probable d’hypertension chez le sujet âgé).

La tolérance au glucose est diminuée ainsi que les fonctions thyroïdiennes et gonadiques.

* Matrice extra cellulaire

Lésions tissulaires liées au vieillissement

La matrice extra cellulaire assure un système d’intégration mécanique et fonctionnel.

Il existe une interaction entre les cellules qui fabriquent la matrice extra cellulaire et la matrice elle même par l’intermédiaire de récepteurs membranaires qui peuvent transmettre des messages de la matrice à la cellule.

Cette interaction évolue avec l’âge, le programme de synthèse de la matrice est modifié ainsi que la composition et la structure de la matrice.

On observe un découplage progressif des cellules et de la matrice extra cellulaire.

Vieillissement tissulaire :

Les altérations des tissus que l’on observe chez les sujets âgés relèvent d’une part du vieillissement lui même, d’autre part d’ altérations provoquées par des facteurs environnementaux et / ou diététiques.

Ceux ci interviennent eux même de façon inégale selon les individus.

Il est souvent difficile de faire la part de ce qui relève de l’un ou de l’autre processus. Le vieillissement tissulaire est favorisé par le vieillissement cellulaire.

Vieillissement cellulaire :

Avec l’âge on assiste progressivement à :

* Une réduction des fonctions cellulaires : réduction de la phosphorylation oxydative des mitochondries, réduction de la synthèse des protéines de structure, enzymatiques, des récepteurs cellulaires.

Parallèlement on observe l’accumulation dans les cellules de résidus du métabolisme sous la forme de lipopigments, les «lipofuscines ».

* Des modifications post translationnelles des protéines intra et extra cellulaires.

A ce titre, le processus de glycosylation non enzymatique des protéines (réaction de Maillard) qui accroît les liens de covalences au sein des protéines est un signe éminemment représentatif du vieillissement.

Le collagène est une cible majeure de ce processus dont sont également victimes l’ADN et l’ARN. * Une diminution de la capacité des cellules à se multiplier.

* Un raccourcissement des télomères (séquences répétitives) d’ADN qui terminent les chromosomes aboutissant à une mort cellulaire « passive ».

* Une accélération de l’apoptose ou « mort cellulaire programmée ».

Les conséquences morphologiques du vieillissement cellulaire sont une atrophie des tissus et des organes.

Les structures parenchymateuses des organes sont plus touchées par l’atrophie que les structures conjonctives dont la proportion paraît augmentée.

Vieillissement des organes :

Tous les organes ne vieillissent pas à la même vitesse. Les organes riches en fibres élastiques (poumons et les artères élastiques notamment) sont ceux dont le vieillissement est le plus précoce.

La peau, également riche en fibres élastique, perd son élasticité moins rapidement que les poumons et les artères.

On assiste à une dégradation des fibres élastiques par les élastases , enzymes protéolytiques, dont la sécrétion augmente avec l’âge.

Cette dégradation est favorisée par la fixation élective au niveau des fibres élastiques de lipoprotéines légères et de calcium.

1 – POUMONS :

La destruction des fibres élastiques des alvéoles pulmonaires diminue l’élasticité des alvéoles et compromet la fonction respiratoire.

Elle est favorisée par la gravité accrue des infections broncho pulmonaires chez les sujets âgés qui stimule la libération par les polynucléaires neutrophiles d’ une élastase particulièrement active sur les fibres élastiques des alvéoles pulmonaires.

Chez les fumeurs l’action du tabac qui diminue le taux des anti élastases intervient également.

2 – SYSTÈME CARDIO VASCULAIRE :

La rigidification et la calcification de la paroi des artères élastiques, la tortuosité et la dilatation des gros vaisseaux sont des lésions vasculaires caractéristiques du vieillissement.

Avec l’âge, on observe une fragmentation des lames élastiques de la paroi aortique, un épaississement de l’intima du à l’accumulation progressive de cellules musculaires lisses et de tissu conjonctif.

Fibroblastes et cellules musculaires lisses sécrètent des élastases en quantité croissante avec l’âge.

La teneur en calcium et en cholestérol de la paroi aortique augmente par ailleurs régulièrement avec l’âge depuis la naissance, sur toute la longueur du vaisseaux, favorisant la dégradation des fibres élastiques.

Ces modifications sont indépendantes des lésions focales d’athérosclérose dont le développement paraît plutôt lié à des facteurs diététiques et génétiques.

Le vieillissement du muscle cardiaque se caractérise par une diminution du nombre des cellules myocardiques, une diminution des éléments contractiles des cellules et une accumulation de lipofuscines dans leur cytoplasme, une augmentation du tissu conjonctif à l’intérieur du muscle cardiaque.

3 – SYSTÈME OSTÉO–ARTICULAIRE :

Le vieillissement du système ostéo-articulaire vient derrière celui du système respiratoire et vasculaire.

Il se manifeste dès quarante ans et n’épargne pratiquement personne au delà de cinquante / soixante ans.

Il touche :

• les cartilages articulaires qui s’altèrent sous l’effet des frottements continus et qui ne sont pas réparés par les chondrocytes déficients;

• les tendons et les ligament dont la principale protéine, le collagène, s’enraidit sous l’effet de la glycosylation;

• les muscles dont les myocytes s’atrophient et sont en partie remplacés par du tissu adipeux avec pour corollaire une diminution de la force contractile;

• le tissu osseux, où la diminution d’activité des ostéoblastes entraîne une réduction de la masse osseuse (l’ostéoporose) qui peut à terme être responsable de fractures.

4 – REINS :

Avec l’âge on assiste à une diminution progressive du flux sanguin rénal et à une diminution de la filtration glomérulaire.

Les altérations morphologiques observées consistent essentiellement en lésions ischémiques, sclérose glomérulaire, fibrose interstitielle.

5 – TUBE DIGESTIF :

La baisse d’activité des glandes sécrétrices d’enzymes digestives est inégale avec l’âge.

Le pancréas est moins touché que le tube digestif.

Avec l’âge on assiste à une atrophie des muqueuses.

Le potentiel de régénération des cellules épithéliales est diminué et , surtout, il existe une diminution de la capacité des cellules épithéliales à se différencier pour produire des sécrétions enzymatiques ou glycoprotéiques (mucines).

Par ailleurs, on observe une diminution de la vascularisation des tissus du tractus gastro-intestinal.

6 – PEAU :

Le vieillissement cutané est éminemment représentatif du vieillissement en général : le blanchiment des cheveux et des poils, les rides, la finesse, la sécheresse et la pâleur de la peau sont caractéristiques.

Toutefois, le vieillissement de la peau est très hétérogène suivant les différentes parties du corps.

Les zones exposées au soleil sont celles qui subissent les altérations les plus profondes.

L’amincissement de la peau est la première manifestation du vieillissement cutané.

La perte d’épaisseur est de 6 % environ par décennie à partir de 50- 60 ans.

L’amincissement de l’épiderme est moins marqué que celui du derme dont le collagène se raréfie et se rigidifie sous l’effet de la glycosylation, et dont les fibres élastiques se réduisent.

La destruction des fibres élastiques du derme papillaire provoque un aplatissement de la basale épidermique qui favorise la formation de bulles et prédispose les personnes âgées aux cisaillements cutanés.

La réduction du tissu adipeux sous cutané explique les rides profondes et les poches. Les glandes sébacées tendent à augmenter de taille mais leur sécrétion diminue, de même que celle des glandes sudoripares eccrines et apocrines.

La densité des follicules pileux diminue au niveau du scalp, indépendamment de l’alopécie androgénique.

La diminution du nombre des mélanocytes explique le blanchiment, la réduction des vaisseaux superficiels la pâleur.

A ces altérations viennent se superposer celles qui sont provoquées par l’exposition aux radiations solaires (lésions cutanées actiniques) au niveau des zones découvertes.

Elles se caractérisent par l’accumulation d’un matériel élastosique dans la partie superficielle du derme (élastose actinique), par des altérations de la couche cornée de l’épiderme, des kératinocytes épidermiques allant d’une simple vacuolisation à des lésions dysplasiques.

Le développement de lésions tumorales bénignes (kérato acanthomes) pré cancéreuses et cancer in situ (kératoses actiniques, maladie de Bowen, mélanose de Dubreuihl) et malignes (épithélioma baso cellulaires et spino cellulaires, mélanomes est fréquent) sur ces peaux exposées aux radiations solaires.

Il est probablement favorisé par la diminution avec l’âge des cellules de Langherans du revêtement épidermique et par celle des lymphocytes suppresseurs T, ce qui augmente la tolérance aux cellules tumorales.

7 – SYSTÈME NERVEUX CENTRAL :

Au cours du vieillissement normal le poids du cerveau diminue peu, au maximum 100 g pour un poids de départ de 1350 à 1400 g chez l’homme.

Le volume cérébral diminue de 2% à 3,5 % tous les 10 ans à partir de l’age de 20 ans.

La diminution du volume cérébral commence plus précocement chez la femme.

Ces phénomènes sont physiologiques et n’entraînent aucun troubles fonctionnels ou cognitifs.

Ils ne sont pas associés à des lésions cliniques ou histologiques de démence.

Le terme d’atrophie cérébrale n’est utilisé que si le poids du cerveau est inférieur à 1000 g.

Les méninges s’épaississent et sont fibreuses.

Les artères cérébrales sont normales. On observe une atrophie corticale associées a une dilatation ventriculaire.

Une perte neuronale est observée à partir de 65 ans, elle prédomine dans le cortex et l’hippocampe médian, elle est estimée à 1% par an chez les sujets non déments.

Elle est plus élevée (3,5 %) dans la région CA1 de l’hippocampe particulièrement vulnérable.

Les plaques séniles et les dégénérescences neurofibrillaires (identiques à celles de la maladie d’Alzheimer), sont uniquement localisées à l’hippocampe et l’amygdale.

On les observe à partir de 15 ans.

Les plaques séniles augmentent au cours du vieillissement, les dégénérescence neurofibrillaires sont rares même au-delà de 100 ans.

Ces altérations sont minimes et chaque individu peut conserver intactes ses fonctions cérébrales tout au long de sa vie.

La maladie d’Alzheimer n’est pas liée au vieillissement cérébral, mais son incidence augmente avec l’age.

Elle peut débuter dans la deuxième ou troisième décade de la vie.

Sa fréquence est de 5% chez les personnes de plus de 65 ans et de 20% chez celles de plus de 80 ans.

8 – OEIL :

Les cataractes sont des opacités du cristallin responsables de la cause la plus fréquente de perte visuelle et de cécité dans le monde.

La forme la plus répandue est la cataracte sénile qui se développe chez les patients de plus de 50 ans.

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