Les lymphomes malins sont des proliférations malignes non
leucémiques de cellules lymphoïdes ou histiocytaires.
On les divise
en deux catégories : les lymphomes malins hodgkiniens et les
lymphomes malins non hodgkiniens.
Ces lymphomes touchent le
plus souvent les ganglions lymphatiques, il s’agit d’atteintes
nodales ; mais des sites extraganglionnaires, il s’agit alors d’atteintes
extranodales, peuvent aussi être touchés et l’os en particulier.
Toutefois, l’atteinte osseuse au cours des lymphomes est peu
fréquente.
Les localisations osseuses ou ostéoarticulaires dans les lymphomes
peuvent se voir dans deux contextes :
– soit lorsqu’il s’agit d’un lymphome osseux primitif (LOP) ; ce
lymphome est généralement de localisation unique ;
– l’atteinte osseuse peut émailler l’évolution d’un lymphome connu
par ailleurs, il s’agit alors d’un lymphome osseux secondaire (LOS).
Ces atteintes osseuses se font, soit par contiguïté avec envahissement
local par des adénopathies de voisinage et l’on comprend alors les
atteintes préférentielles du rachis, du bassin ou même du sternum,
soit par dissémination hématogène de la même façon que les
métastases osseuses.
Données générales sur les lymphomes
:
L’intérêt particulier porté aux lymphomes malins ces dernières
années s’explique par une meilleure connaissance des mécanismes
de lymphomagenèse, une classification histologique plus adaptée où
sont prises en compte les caractéristiques cliniques, histologiques,
immunophénotypiques et génétiques de chaque entité, une
meilleure connaissance des facteurs prédictifs de la réponse, de la
rechute et de la survie, enfin de réels progrès thérapeutiques.
A - LYMPHOMES MALINS NON HODGKINIENS
:
Les lymphomes malins non hodgkiniens (LMNH) sont constitués
par la prolifération ou l’accumulation de lymphocytes matures
monoclonaux issus des structures lymphoïdes secondaires.
Il s’agit non pas d’une seule maladie mais d’un vaste ensemble de
proliférations dont la présentation clinique, le type histologique,
l’étiologie, le pronostic et le traitement sont variables.
On peut ainsi en distinguer trois.
– Le LOP dont le diagnostic repose sur la présence de trois critères :
– une seule pièce osseuse initialement atteinte ;
– une preuve histologique à partir du tissu tumoral biopsié ;
– un bilan d’extension négatif dans les 6 mois suivant le
diagnostic.
Cependant, actuellement certains auteurs considèrent comme LOP
les lymphomes osseux multifocaux qui peuvent atteindre plusieurs os mais sans atteinte ganglionnaire ou viscérale dans
les 6 mois suivant le diagnostic.
Par ailleurs un envahissement ganglionnaire régional est
compatible avec le diagnostic de LOP.
– Le LOS.
Les lymphomes ayant une origine ganglionnaire ou
extraganglionnaire associée à une atteinte osseuse secondaire sont
classés dans ce groupe.
– L’infiltration de la moelle osseuse : elle n’appartient pas, selon la
nomenclature, aux lymphomes osseux en tant que tels.
L’incidence des LMNH est en constante augmentation et ils
représentent à l’heure actuelle 3 à 5% des décès par cancer et
occupent le sixième rang de cause de mortalité dans les maladies
cancéreuses.
Les localisations extraganglionnaires représentent environ 5 à 25%
des LMNH et parmi ces localisations, les atteintes osseuses
révélatrices se rencontrent dans 2 à 5% des cas.
Le LOP représente 3 % des tumeurs osseuses malignes primitives et
5 % des LMNH extraganglionnaires, 11 à 33 % d’entre eux seraient
multifocaux.
Le LOS a une fréquence d’environ 3 à 15% mais les
données autopsiques montrent une infiltration osseuse de 50 à 100 %
des cas. L’atteinte plurifocale est retrouvée dans 60 à 75 % des cas.
Les LMNH s’observent à tout âge mais avec un pic de fréquence
situé entre 60 et 65 ans.
Le LOP a un âge de survenue d’environ 41
ans alors que les localisations osseuses secondaires sont plutôt
retrouvées au cours de la sixième décennie.
On note une prédominance masculine, quel que soit le type du
lymphome.
Les facteurs de risque sont des antécédents familiaux d’hémopathie
maligne, des facteurs immunitaires (immunodéficience congénitale,
traitement immunosuppresseur, syndrome de l’immunodéficience
acquise [sida], maladie auto-immune), des facteurs infectieux (virus
de l’immunodéficience humaine [VIH], Epstein-Barr virus [EBV]...),
chimiques, physiques, environnementaux (augmentation de
l’incidence chez des populations à alimentation riche en protéines
animales et en produits laitiers) et des facteurs génétiques (en effet,
plus de 85 % des LMNH sont porteurs d’anomalies
chromosomiques).
On note plusieurs classifications pour les LMNH.
– Celle de Rappaport, élaborée en 1966, utilise deux critères : la
différenciation des cellules tumorales et la forme nodulaire ou
diffuse de la prolifération.
– La classification clinique d’Ann Arbor, créée initialement pour les
lymphomes hodgkiniens, est aussi utilisée pour les LMNH.
– La classification de Kiel distingue les lymphomes de phénotype
B et ceux de phénotype T.
On différencie alors les lymphomes de
bas grade à petites cellules et les lymphomes de haut grade à
grandes cellules, ces derniers étant plus agressifs (l’atteinte osseuse
est souvent leur fait) mais ils sont plus sensibles à la chimiothérapie
et peuvent être totalement curables, alors que les lymphomes de bas
grade sont moins sensibles à la chimiothérapie.
– La classification de travail à usage clinique «working formulation»
a été établie en 1982 par des anatomopathologistes et des
oncologues.
Elle permet une classification en lymphomes de faible
grade, de grade intermédiaire et de haut grade. Les frontières
séparant ces divers groupes sont tout à fait arbitraires.
Cette
classification, qui était surtout utilisée aux États-Unis, ne l’est plus
aujourd’hui.
– La Revised European and American Classification of Lymphoid
Neoplasm (REAL) : établie en 1994, il s’agit d’une approche
multidisciplinaire où l’on distingue de façon simplifiée :
– les lymphopathies B à petites cellules qui représentent au moins
70 % des syndromes lymphoprolifératifs dans les pays
occidentaux.
Elles sont subdivisées en cinq entités cliniques ou
biologiques : le lymphome lymphoblastique (LLC), le lymphome
du manteau, le lymphome folliculaire, le lymphome des zones
marginales, le lymphome lymphoplasmocytaire ;
– les lymphopathies B à grandes cellules de type centro- ou
immunoblastique, les lymphomes de Burkitt et les lymphomes T
qui ne représentent qu’un faible pourcentage.
Les atteintes
osseuses sont le plus souvent rencontrées dans les lymphomes à
grandes cellules B de type centro- ou immunoblastique ; elles sont
donc peu fréquentes mais très agressives.
B - MALADIE DE HODGKIN
:
Il s’agit d’une prolifération maligne généralement ganglionnaire de
cellules lymphoïdes dont les aspects morphologiques sont variables.
C’est une hémopathie fréquente avec environ 20 à 30 nouveaux cas
par an et par million d’habitants.
Elle intéresse très rarement les sites extranodaux.
Les localisations
osseuses primitives de la maladie de Hodgkin sont exceptionnelles ;
en effet, la majorité des cas décrits sont relevés dans la littérature
ancienne alors que les atteintes ganglionnaires n’étaient pas aussi
faciles à diagnostiquer qu’actuellement.
L’atteinte osseuse est le signe d’une maladie avancée mais peut
apparaître très tôt ou être même révélatrice.
Elle est essentiellement
le fait d’une dissémination à partir d’un site ganglionnaire primitif.
Les lésions osseuses radiographiquement décelables sont de l’ordre
de 15 à 20 % et sont souvent multiples.
Les infiltrations de la moelle
osseuse sont retrouvées chez 15 % des patients.
À l’autopsie,
l’envahissement osseux est présent dans 60 à 100 % des cas.
L’atteinte osseuse révélatrice est rare (moins de 2 %) et n’est
pratiquement jamais isolée.
On note une prédominance masculine
et un pic de fréquence entre 20 et 30 ans.
Les facteurs de risque sont infectieux (l’EBV infecte essentiellement
les lymphocytes B et pourrait jouer un rôle dans la genèse de la
maladie), immunophénotypiques et génotypiques.
Enfin, on relève le rôle des cytokines dont un grand nombre est
élaboré par les tissus hodgkiniens.
Il n’existe cependant pas de facteur favorisant propre à l’atteinte
osseuse.
On retient deux classifications anatomocliniques.
L’une est histopathologique, il s’agit de la classification de Lukes-Rye
en quatre types. Les lésions osseuses sont retrouvées dans 11 % des
cas des types I et II et dans 64 % des cas des types III et VI.
La seconde classification est la classification d’Ann Arbor.
Elle repose
sur un bilan d’extension comprenant un examen clinique, des
données biologiques, un examen oto-rhino-laryngologique, une
radiographie thoracique, un scanner thoraco-abdomino-pelvien, une
biopsie ostéomédullaire ; une scintigraphie osseuse et une imagerie
par résonance magnétique (IRM) sont discutées. Cette classification
est établie en quatre stades.
Une localisation osseuse unique place le
patient dans le stade Ie.
Des localisations osseuses multiples ou
associées à une atteinte ganglionnaire et/ou une atteinte extraganglionnaire placent le patient dans le stade IV.
Mécanismes de l’atteinte osseuse
:
Pour la majorité des auteurs, l’atteinte osseuse est pratiquement
constante à l’autopsie.
Les mécanismes sont de deux types :
– envahissement local par contiguïté ;
– envahissement par voie hématogène.
A - ENVAHISSEMENT LOCAL PAR CONTIGUÏTÉ
:
À partir d’adénopathies de voisinage, le tissu osseux est touché par
la croissance cellulaire.
Cette atteinte par contiguïté explique la
grande fréquence des localisations au rachis et au bassin qui sont proches d’importants sites ganglionnaires.
De même, l’atteinte
sternale est le fait d’une extension directe au contact d’adénopathies médiastinales fréquentes au cours de la maladie de Hodgkin.
B - ENVAHISSEMENT PAR VOIE HÉMATOGÈNE
:
Le mécanisme reste plus obscur et la physiopathogénie est plus
discutable.
Les cellules lymphomateuses provenant ou non d’une adénopathie
pourraient se localiser dans l’os par voie hématogène et il se
constituerait alors une métastase comparable à celle des cancers
ostéophiles.
Certains auteurs ont démontré que les lymphocytes pathologiques
sécrètent des cytokines.
Ces cytokines, capables de réguler l’activité ostéoclastique, pourraient être responsables d’une résorption osseuse
locale intense avec petits « tunnels » corticaux qui expliqueraient un
envahissement massif des parties molles sans rupture corticale
franche.
En revanche, dans la forme ostéocondensante, la pathogénie est plus
énigmatique.
On peut concevoir un envahissement par voie
hématogène ou lymphatique avec stimulation ostéoblastique sans
modification des contours osseux.
Manifestations cliniques
:
Une latence clinique complète est possible ainsi qu’une tolérance
clinique excellente.
Ceci explique donc que le diagnostic soit souvent
fait de façon tardive.
En effet, le délai moyen entre le premier signe et le diagnostic varie
entre 3,5 et 16,5 mois avec une moyenne de 8 mois.
Les
manifestations cliniques sont peu spécifiques : il s’agit de douleurs
osseuses, de l’apparition d’une tuméfaction ou de signes
neurologiques liés à une compression médullaire ou radiculaire.
A - DOULEUR
:
Elle constitue la manifestation clinique initiale la plus fréquente.
Elle
est observée dans 65 à 100 % des cas.
Elle apparaît généralement quelques mois avant le diagnostic.
Elle
peut être inflammatoire, diffuse ou localisée, classiquement rebelle
aux antalgiques mineurs et aux anti-inflammatoires non stéroïdiens.
Elle n’a donc aucun caractère spécifique.
Elle peut être absente dans les atteintes superficielles sternales où
l’on décrit plutôt une pesanteur.
Le siège est souvent pelvien ou dorsolombaire, le patient pouvant
présenter des sciatiques ou des cruralgies.
Une particularité de la maladie de Hodgkin réside dans son
déclenchement ou son exacerbation à l’injection d’alcool.
Cette alcoolalgie serait presque spécifique de la maladie de Hodgkin ;
cependant, ce signe est très inconstant puisqu’il n’est rencontré que
dans 16 % des cas.
B - TUMÉFACTION OSSEUSE
:
Elle est présente dans 40 à 47 % des LMNH primitifs.
Elle est
généralement indolore.
Elle peut s’accompagner d’un prurit localisé.
Sa consistance est généralement ferme, parfois remplacée par une
sensation de fluctuation.
La peau en regard est de type pseudoinflammatoire,
amincie.
La tendance à la récidive locale après
traitement est classique.
Dans la maladie de Hodgkin, les tuméfactions sternales sont
fréquentes et représentent le mode d’expression habituel des
localisations sternales de cette maladie dont la fréquence relative est
bien connue.
Il s’agit habituellement d’une tuméfaction de la partie
supérieure du sternum, parfois latéralisée.
C - FRACTURES PATHOLOGIQUES
:
Elles peuvent être révélatrices de la maladie.
Elles intéressent le plus
souvent les os longs et sont rencontrées dans 6 à 35% des cas de LMNH osseux primitifs, elles sont rarement inaugurales.
Elles sont
beaucoup plus rares dans la maladie de Hodgkin.
D - SIGNES NEUROLOGIQUES
:
Ils se rencontrent chez les patients présentant une atteinte
rachidienne.
Il s’agit de compression médullaire ou radiculaire, la fréquence varie
de 0,5 à 9 % de paraplégie spasmodique d’installation subaiguë.
Les
paraplégies flasques d’emblée sont rares.
L’atteinte osseuse est souvent associée à une atteinte épidurale et il
est alors difficile de dire si le point de départ est osseux ou épidural.
E - ÉTAT GÉNÉRAL
:
Il est habituellement conservé dans les LOP et souvent altéré lors
des lymphomes diffus (LOS).
Les signes généraux associent une asthénie, une perte de poids, un
état fébrile, des sueurs nocturnes et un prurit qui peuvent orienter
le diagnostic.
Données biologiques
:
Les atteintes osseuses n’ont aucune spécificité biologique.
L’hémogramme peut permettre d’évoquer le diagnostic en montrant
une anémie, une polynucléose, une hyperéosinophilie, une
lymphopénie et une thrombocytose inflammatoire ou une
thrombopénie.
Un syndrome inflammatoire non spécifique est souvent présent.
On
note, dans certaines maladies de Hodgkin, une hypo-uricémie.
La
b2-microglobuline plasmatique traduit une pathologie de type
lymphoïde B et serait de mauvais pronostic.
La lacticodéshydrogénase (LDH) est considérée comme un
marqueur indirect de la masse tumorale.
Une hypercalcémie (0,3 à 2,8 % des cas) est un facteur aggravant du
pronostic.
L’augmentation des phosphatases alcalines pourrait
constituer un signe d’appel en faveur d’une atteinte osseuse.
Enfin, une immunoglobuline (Ig) monoclonale sérique (IgM) est
associée dans 4 à 5% des cas de LMNH.
Siège des localisations osseuses
:
Il faut d’abord insister sur la grande diversité des sites osseux qui
peuvent être touchés par la maladie.
Il existe une plus grande
fréquence au niveau du fémur ainsi que des os du pelvis et du
rachis.
A - LYMPHOME OSSEUX PRIMITIF
:
Les localisations prédominent au squelette appendiculaire avec le
fémur (21,5 %), le tibia (13 %), l’extrémité supérieure de l’humérus
(11 %).
L’atteinte prédomine sur la métaphyse et parfois la
diaphyse ; elle est exceptionnellement épiphysaire.
Les os plats peuvent également être touchés.
L’omoplate (4,4 %), la
mandibule (5 %), le bassin (12 %) et le rachis avec une prédominance
lombaire (13 %).
Une atteinte plurifocale primitive peut être notée dans environ 10 %
des cas.
L’atteinte des os de la face chez l’enfant oriente vers le diagnostic de
lymphome de Burkitt avec une atteinte préférentielle du maxillaire
supérieur.
B - LYMPHOME OSSEUX SECONDAIRE DES LMNH
ET DE LA MALADIE DE HODGKIN
:
– Dans les LMNH, l’atteinte prédomine sur le squelette axial.
En
effet, 75 % des lésions sont retrouvées au niveau du crâne, des os de
la face, du rachis, des côtes et du bassin.
– Dans la maladie de Hodgkin, le squelette axial est également plus
touché avec une atteinte vertébrale prédominante en dorsolombaire,
mais on retrouve aussi des localisations au niveau du bassin, des
côtes, du sternum, de la clavicule et du crâne.
L’atteinte axiale serait retrouvée dans environ 77 % des cas contre
une atteinte périphérique seulement dans 23 % des cas.
Imagerie :
Différentes techniques d’imagerie permettent d’orienter vers
un LOP ou un LOS, mais en aucun cas l’affirmer.
En effet, seule
l’histologie peut faire ce diagnostic.
Par ailleurs, il apparaît très difficile de différencier un LOP d’un LOS
sur les seuls critères de l’imagerie.
En effet, c’est l’analyse d’un faisceau d’arguments comportant les
données épidémiologiques, cliniques et d’imagerie qui permet le
plus souvent d’approcher le diagnostic différentiel entre ces deux
pathologies.
A - RADIOGRAPHIE STANDARD
:
1- Lymphome malin non hodgkinien
:
On décrit trois types de lésions :
– lytique : c’est la plus fréquente ;
– condensante ;
– mixte.
* Atteinte lytique
:
Elle est retrouvée dans 50 à 80 % des cas selon les séries.
Il s’agit
d’une ostéolyse qui peut être de type perméatif (stade III de
Lodwick), elle est alors formée de multiples petites lacunes
intraosseuses à limites floues régulièrement disséminées ou au
contraire confluentes par endroit.
Il peut s’agir d’une ostéolyse de type mité (stade II de Lodwick) qui
est formée de nombreuses lacunes ovales ou à bords déchiquetés
qui peuvent confluer en plages plus étendues donnant alors à l’os
un aspect microponctué ou « mité ».
Ces deux types d’ostéolyse, mais surtout l’aspect perméatif,
traduisent le caractère agressif du lymphome osseux.
Notons par ailleurs que l’aspect microponctué en motte oriente
plutôt vers un LOP.
L’ostéolyse de type géographique à contours nets et avec une zone
de transition courte est moins fréquemment retrouvée.
La zone transitionnelle est floue, large et difficile à délimiter mais
elle peut aussi être à type de sclérose.
Il n’a pas été mis en évidence de relation fiable entre l’aspect des
anomalies radiographiques et le type histologique du lymphome.
Cependant, il semble que les formes primitives et faiblement
différenciées soient plus responsables de lésions osseuses que les
formes bien différenciées.
La radiographie standard n’a aucune valeur prédictive concernant
l’envahissement de la moelle osseuse.
Enfin, l’extension tumorale en hauteur est souvent importante et les
limites entre l’os sain et l’os tumoral sont difficiles à apprécier.
* Atteinte condensante
:
Elle est rarement isolée (5 % des cas).
Elle peut réaliser l’aspect
classique de « vertèbre ivoire » qui est cependant plus
fréquemment rencontrée dans la maladie de Hodgkin.
Dans ce cas,
la vertèbre conserve une taille et une forme normales ; la
condensation est homogène sans épaississement trabéculaire, ce qui
permet de différencier ces images d’une vertèbre pagétique.
Cet aspect ostéocondensant peut, par ailleurs, faire discuter le
diagnostic d’ostéosarcome ostéogénique.
* Atteinte mixte
:
Elle est donc à la fois lytique et condensante ; elle est
rencontrée dans environ 10 à 16 % des cas.
Cet aspect non spécifique
serait cependant relativement évocateur de LOP.
L’extension
tumorale est souvent importante dès le premier bilan réalisé et ceci
est dû à la grande latence clinique de la maladie.
* Autres aspects
:
D’autres aspects sont également observés.
La rupture corticale est fréquemment retrouvée et de façon
importante dans les envahissements osseux par contiguïté.
En
revanche, dans les atteintes par voie hématogène, la corticale est plus
longtemps respectée.
Elle peut alors apparaître soufflée et amincie
mais sans véritable destruction.
La présence d’un séquestre osseux
peut faire évoquer une lésion infectieuse de type ostéomyélite
chronique ou éventuellement une tumeur primitive de type
fibrosarcome.
La réaction périostée est discrète et peu fréquente, ce qui contraste
avec l’importance des lésions osseuses.
Elle peut être de type
lamellaire ou spiculaire et souvent associée à une masse dans les
parties molles.
En revanche, la réaction périostée
plurilamellaire avec éperon de Codman est rarement rencontrée.
Les
réactions périostées sont moins fréquentes que dans les autres
tumeurs osseuses primitives.
L’extension aux parties molles est souvent mise en évidence au
moment du diagnostic, assez étendue mais contraste avec une bonne
tolérance clinique.
Les parties molles apparaissent tuméfiées et
densifiées.
Ces lésions sont plus ou moins associées à une rupture
corticale et à une réaction périostée.
Les calcifications intratumorales ou dans les parties molles sont
extrêmement rares et correspondraient à la présence de séquestres
osseux.
Les fractures pathologiques sont retrouvées dans 25 % des cas.
Tous ces aspects peuvent être associés.
Cependant, les radiographies standards peuvent être strictement
normales, en particulier au début de la maladie.
En effet, il faut la
disparition de 30 à 50 % de la masse osseuse pour qu’une lésion soit
visible.
La comparaison avec la scintigraphie osseuse au technétium met en
évidence une prise en défaut de la radiographie standard dans 35 %
des cas.
Ces faux négatifs s’expliquent par l’envahissement local
microscopique de la moelle osseuse qui peut précéder la destruction
osseuse et n’apparaît donc pas sur les clichés de radiographie
standard.
Chez les patients atteints de LOP et pour certains auteurs, la
radiographie standard en prétraitement pourrait permettre
d’identifier les patients à haut risque de rechute malgré un
traitement curatif.
Ces auteurs décrivent six critères pouvant être
considérés comme indicateurs pronostiques péjoratifs.
Il s’agit :
– des fractures pathologiques ;
– d’une réaction périostée lamellaire ;
– d’une réaction périostée spiculaire ;
– d’une rupture corticale ;
– d’une augmentation de volume des parties molles ;
– d’une masse dans les parties molles.
La relation entre l’aspect radiologique et le pronostic de la maladie
est probablement due au fait que ces signes radiologiques reflètent
l’extension de la maladie et son degré d’agressivité.
2- Maladie de Hodgkin
:
Les lésions osseuses radiologiquement décelables dans la maladie
de Hodgkin sont présentes dans 15 à 20 % des cas et dans 4 % des
cas au stade initial du diagnostic.
Les lésions osseuses classent les
patients en stade IV d’Ann Arbor.
Ces lésions sont uniques dans 33 % des cas et multiples dans 66 %
des cas.
Comme dans les LMNH, on peut différencier plusieurs aspects.
Les images de début : le signe le plus précoce est une diminution de
transparence de la trame osseuse plus ou moins localisée et
contemporaine de l’apparition de douleurs.
L’érosion d’un corps
vertébral au contact d’un ganglion envahi semble également être un
signe précoce d’envahissement osseux.
Les lésions ostéolytiques : l’aspect perméatif est plus rare dans la
maladie de Hodgkin que dans les LMNH.
La lyse est le plus souvent
de type géographique, de taille variable et souvent centrée par une
petite zone d’ostéolyse perméative.
L’aspect le plus évocateur est
réalisé par des foyers ganglionnaires encochant les pièces osseuses
situées en regard.
Cet aspect est plus particulièrement rencontré au
niveau de la face antérieure ou antérolatérale des corps vertébraux
(ceci est lié aux adénopathies paravertébrales) ainsi qu’au niveau de
l’extrémité antérieure d’une côte (au contact d’une adénopathie
mammaire interne).
Enfin, la lésion peut être située en pleine pièce
osseuse et l’évolution peut souffler l’os et entraîner une rupture de
la corticale.
Cet aspect correspond vraisemblablement au
développement in situ d’un foyer hodgkinien sans qu’il soit possible
d’en déterminer le mécanisme : métastases par voie sanguine ou
origine centro-osseuse primitive.
Les lésions lytiques se rencontrent
essentiellement au niveau des côtes, du sternum et du pelvis.
Les lésions ostéocondensantes : elles sont classiques dans la maladie
de Hodgkin mais rarement rencontrées.
Cependant, il s’agit
d’un signe d’appel suffisant pour conduire à évoquer
systématiquement ce diagnostic devant toute image condensante
chez un adulte jeune.
Il s’agit d’une atteinte limitée à une pièce osseuse qui est touchée en
partie ou en totalité.
La particularité de cet aspect radiologique est
d’être parfois asymptomatique et la découverte est faite sur les
radiographies standards de façon fortuite.
L’aspect classique est celui de la « vertèbre ivoire » qui est
très évocateur du diagnostic sans être pathognomonique.
En effet,
50 % des « vertèbres ivoire » sont dues à la maladie de Paget, 30 % à
la maladie de Hodgkin et 20 % à d’autres lésions de type
métastatique.
Le corps vertébral ainsi que son arc postérieur
apparaissent densifiés mais il n’existe pas de modification de forme.
Généralement, une seule ou peu de vertèbres sont touchées.
Le
disque est toujours respecté.
Si l’arc postérieur est atteint, on peut
observer des troubles neurologiques, voire des compressions
médullaires. Un aspect strié comme celui des angiomes peut être
rencontré.
Si les vertèbres sont classiquement atteintes au cours de
la maladie de Hodgkin, il n’est cependant pas rare de voir des
lésions ostéocondensantes au niveau du bassin ou des os longs.
En
revanche, l’atteinte du sternum est exceptionnellement condensante
dans la maladie de Hodgkin.
Les images mixtes : pour la plupart des auteurs, ce type de lésion est
prédominant, associant des images lytiques et condensantes (41 %).
Toutefois, certains auteurs retrouvent une prédominance des
lésions lytiques (75 % des cas) par rapport aux lésions condensantes
(14 % des cas) ou mixtes (18 % des cas).
La réaction périostée : elle est plus fréquente que dans les LMNH
mais elle reste discrète et contraste avec l’importance de l’atteinte
osseuse.
L’atteinte des parties molles est fréquente.
* Topographie
:
Sur le plan topographique, l’atteinte sternale, souvent lytique à
contours nets, est liée à un envahissement par contiguïté au niveau
du manubrium ; l’atteinte costale est, soit lytique avec réaction périostée au contact d’une adénopathie, soit soufflée avec
amincissement des corticales par atteinte hématogène.
L’atteinte du bassin est souvent de type mixte avec un liseré
d’ostéosclérose reflétant la réaction osseuse à l’envahissement par
les adénopathies.
L’atteinte des os longs est rare et beaucoup moins fréquente que
dans les LMNH.
Elle est de siège métaphysodiaphysaire.
Signalons par ailleurs que, quel que soit l’aspect radiologique,
lytique, condensant ou mixte, on ne rencontre que très
exceptionnellement un tassement vertébral comme lésion
inaugurale.
Ceci s’explique probablement par le retard des signes
radiologiques, les premières douleurs pouvant être en rapport avec
une atteinte des parties molles (adénopathie ou épidurite).
En
revanche, les tassements secondaires sont fréquents et les formes ostéocondensantes peuvent se voir dans ce type de complication.
* Histologie
:
D’un point de vue histologique, il existe pour certains auteurs une
corrélation radiohistologique à but pronostique.
Les lésions de type
sclérose nodulaire et à prédominance lymphocytaire, de bon
pronostic, présentent des lésions osseuses dans seulement 11 % des
cas alors que les lésions de type déplétion lymphocytaire et à cellularité mixte, de mauvais pronostic, présentent un taux de
lésions osseuses de 66 %.
Par ailleurs, la destruction osseuse est plus
fréquemment de type perméatif dans les formes histologiques
agressives.
Au total : le rôle de la radiographie standard apparaît primordial et
est le premier passage obligé d’une exploration osseuse.
Son analyse
rigoureuse peut permettre, en corrélation avec les données cliniques
et biologiques, d’évoquer le diagnostic de lymphome que l’histologie
viendra confirmer.
Ainsi, une lésion métaphysaire, lytique, perméative ou mitée avec envahissement des parties molles
péritumorales et rupture de la corticale mais sans réaction périostée,
est très évocatrice d’une lésion osseuse de LMNH.
Une atteinte du
squelette axial et plurifocal est plutôt évocatrice d’une lésion osseuse
secondaire que d’un LOP.
À l’inverse, une lésion mixte ou purement condensante au niveau
d’une vertèbre chez un adulte jeune évoque une maladie de
Hodgkin.
La radiographie standard a pourtant des limites : son important taux
de faux négatifs concernant les lésions lymphomateuses de la moelle
osseuse, son caractère peu spécifique prise isolément, ses carences
dans l’étude de la moelle osseuse et dans l’extension en hauteur et
dans les parties molles.
B - TOMODENSITOMÉTRIE
:
La TDM est pratiquée dans deux buts :
– le bilan d’extension d’un lymphome malin à la recherche
d’adénopathies profondes et/ou d’atteintes viscérales ;
– la caractérisation de la lésion osseuse détectée en radiographie
standard.
La TDM permet une étude morphologique fine ainsi que des
mesures de densité.
Sur le plan technique, cet examen doit être
réalisé en coupes fines, en matrice 512 avec un programme haute
résolution, double fenêtrage (osseux et parties molles).
Des
reconstructions dans des plans longitudinaux sont aussi nécessaires.
Elle permet de mieux analyser les images visualisées sur les
radiographies standards :
– les ostéolyses intéressant plus le spongieux que la corticale ;
– les réactions périostées très modérées ;
– les calcifications intratumorales ;
– enfin, l’exploration des parties molles, qui sont invisibles en
radiographie standard, est au mieux réalisée après injection
intraveineuse de produit de contraste.
Par ailleurs, la TDM permet d’explorer les zones difficilement
accessibles en radiographie standard comme le sacrum, l’aile iliaque,
le sternum ou la paroi thoracique.
Enfin, elle peut guider la biopsie, même si celle-ci doit être
chirurgicale, en ciblant une zone non nécrotique.
Au total : la TDM est très utile dans le bilan préthérapeutique car
elle permet de déterminer l’extension en hauteur et dans les parties
molles ; elle guide une biopsie en zone tumorale et participe au bilan
d’extension.
En revanche, elle s’avère très limitée pour l’exploration de la moelle
osseuse.
C - SCINTIGRAPHIE OSSEUSE
:
La scintigraphie osseuse corps entier fait partie du bilan d’extension
des lymphomes ; elle permet une analyse topographique et
fonctionnelle.
Il s’agit le plus souvent d’une scintigraphie réalisée au technétium
99.
Elle permet de découvrir des lésions osseuses cliniquement et
radiologiquement muettes et de juger de l’évolution d’un foyer déjà
connu.
La plupart des lésions osseuses lymphomateuses apparaissent sous
forme d’hyperfixations qui sont sans spécificité, mais dans environ
2 % des cas, elles sont faussement négatives.
Dans les LOP, une hyperfixation en périphérie de la lésion associée
à une zone centrale hypofixante serait évocatrice du diagnostic mais
sans être pathognomonique.
À noter cependant qu’il existe un
certain nombre de faux négatifs (1 à 9 % des cas).
C’est le cas des
volumineuses lésions lytiques qui peuvent apparaître hypoactives,
mais c’est aussi le cas des lésions lentement évolutives ou au
contraire des lésions très agressives lorsque la destruction est plus
rapide que la construction.
Au total : l’intérêt de la scintigraphie est de faire une cartographie
du squelette, de mettre en évidence des lésions asymptomatiques
cliniquement et radiologiquement muettes. S’il s’agit d’un examen
très sensible, il est cependant très peu spécifique.
D - IMAGERIE PAR RÉSONANCE MAGNÉTIQUE
:
C’est l’examen de choix dans l’exploration des tumeurs osseuses
primitives ou secondaires, qui permet de préciser l’envahissement
des parties molles ainsi que l’extension dans la moelle osseuse.
En
effet, il s’agit d’un examen très sensible qui autorise une exploration
de façon non invasive.
1- Séquences IRM
:
* Séquences en écho de spin (SE)
:
Elles sont les séquences de référence pour l’étude de la moelle
osseuse en pondération T1 et T2.
La pondération T1 SE privilégie le
contraste moelle rouge/moelle jaune et la pondération T2 SE
privilégie le contraste moelle normale/moelle pathologique.
Elle
détecte de façon parfaite l’oedème médullaire.
En pondération T1, les processus pathologiques se traduisent
habituellement par un hyposignal ; ils sont donc aisément
détectables au sein de l’hypersignal de la moelle jaune mais plus
difficiles à analyser au sein de la moelle rouge.
La séquence T1 SE
est indispensable en raison de sa bonne résolution spatiale et de son
temps d’acquisition court.
Les séquences T1 SE après injection de gadolinium ne doivent être
réalisées qu’après une acquisition en T1 SE sans injection.
Elles
permettent de rehausser les processus pathologiques.
En pondération T2 SE, la moelle osseuse pathologique apparaît le
plus souvent en hypersignal.
Signalons cependant que les séquences
en SE dites rapides ont une sensibilité inférieure aux SE classiques.
* Séquences en écho de gradient (EG) T2
:
Elles permettent une bonne détection des lésions lytiques qui
apparaissent en hypersignal au sein de l’hyposignal de la moelle
osseuse normale.
* Séquences en inversion-récupération (STIR)
:
Il s’agit de séquences permettant d’annuler le signal de la graisse ;
ainsi, toute infiltration anormale apparaît en hypersignal franc.
C’est
une très bonne séquence de dépistage mais qui ne présente aucune
spécificité.
* Évaluation quantitative
:
On peut mesurer le temps de relaxation en séquence SE.
Ce type
d’évaluation est utile chez l’enfant où la moelle rouge est en quantité
importante par rapport à la moelle graisseuse.
On peut ainsi mettre
en évidence des allongements significatifs en cas de pathologie infiltrative diffuse.
* Séquences utilisant le déplacement chimique
:
Celles utilisant la saturation par la phase (Dixon, Chopper) sont
utiles en cas d’hémopathie.
Il s’agit de séquences exploitant le
phénomène de déplacement chimique qui accentue le contraste
moelle rouge par rapport à la moelle jaune et le contraste entre la
moelle anormale et la moelle pathologique.
Une injection de
gadolinium renforce ce contraste.
2- Aspect IRM des atteintes osseuses des lymphomes
:
L’IRM permet de préciser l’envahissement de la moelle osseuse et
des parties molles.
Elle doit absolument être pratiquée avant la biopsie.
Elle peut être
positive avant tout autre moyen d’imagerie, y compris la
scintigraphie.
On distingue les infiltrations focalisées et les infiltrations diffuses.
* Infiltrations localisées
:
Il s’agit des cas où l’IRM est réalisée sur un site anatomique
douloureux ou fixant en scintigraphie avec des radiographies
standards normales.
Classiquement, sur les séquences pondérées en
T1 SE, les atteintes osseuses se présentent sous forme d’un hyposignal ou d’un isosignal par rapport aux muscles.
Deux aspects
peuvent être observés : une infiltration diffuse, homogène à contours
plutôt bien limités ou une infiltration nodulaire sous
forme de foyers d’hyposignal localisés ou disséminés sur fond de
signal normal ou diminué de façon diffuse.
Les séquences en pondération T2 permettent de mettre en évidence
l’envahissement des parties molles qui sont en hypersignal et
contrastent avec le faible signal des muscles.
Toutefois, si le contexte clinique de lymphome n’est pas connu, ces
aspects peuvent présenter des problèmes de diagnostic différentiel
car ces signes sont sans spécificité.
L’IRM permet cependant de
guider une biopsie.
* Infiltrations diffuses
:
Elles sont essentiellement recherchées sur l’axe pelvirachidien, site
préférentiel des localisations ostéomédullaires des LMNH.
Le signal
des corps vertébraux et des différentes pièces osseuses devient égal
ou inférieur à celui des disques intervertébraux ou des
muscles et, selon certains auteurs, il existe une bonne corrélation
entre l’intensité du signal et le degré de cellularité de la moelle
osseuse.
En effet, un hyposignal important implique un
envahissement massif de la moelle osseuse.
Toutefois, en particulier
chez le sujet jeune, la frontière entre l’aspect normal et l’aspect
pathologique est floue et il peut être difficile de distinguer une
moelle active d’une infiltration tissulaire tumorale.
En cas
d’interprétation difficile, on retient, en faveur d’une moelle
hématopoïétique normale, une répartition bilatérale et symétrique
de l’hyposignal, le caractère modéré, l’absence d’autre anomalie de
signal médullaire, notamment au niveau du rachis et le respect des
grands trochanters et des épiphyses fémorales.
La séquence
pondérée en T1 apparaît la plus fiable pour montrer de façon précise
l’extension intramédullaire d’un processus tumoral.
Les séquences STIR pourraient être intéressantes dans la détection de très petites
lésions (< 3 mm) en raison de la très grande sensibilité de ce type de
séquence.
* Lymphome osseux primitif
:
Il aurait des caractéristiques un peu particulières :
– un hyposignal en pondération T2 SE et ceci serait corrélé au degré
de fibrose mature intratumorale retrouvée à la biopsie ;
– une localisation aux os longs (fémur, tibia) ;
– une tendance à l’envahissement des articulations de voisinage.
Cependant, un certain nombre de LOP ne présentent pas ces
caractéristiques.
L’IRM présente aussi un intérêt dans l’évaluation de l’efficacité du
traitement.
Quand celui-ci est efficace, le signal de la
moelle osseuse augmente de façon progressive et on voit apparaître
sur les séquences pondérées en T1 un signal élevé, ponctué,
hétérogène qui correspond à la réhabilitation progressive des zones
médullaires initialement infiltrées par le processus tumoral.
Ces modifications sont très progressives et s’étalent sur plusieurs
mois.
Toutefois, au cours de certaines chimiothérapies associées à
des facteurs de croissance, on peut observer une recolonisation de la
moelle osseuse normale par de la moelle rouge active qui peut faire
évoquer de façon erronée une progression tumorale.
On doit
s’appuyer, pour le diagnostic différentiel, sur l’aspect symétrique et
les caractères cliniques associés.
Par ailleurs, l’IRM permet d’évaluer la nécrose sous traitement.
C’est
lors de l’injection de gadolinium que les zones de nécrose qui restent
liquidiennes sont au mieux mises en évidence.
Lors de la greffe de moelle, la vertèbre présente une image en bande
constituée d’une zone périphérique de signal intermédiaire et d’une
zone centrale en hypersignal : il s’agit de la repopulation par les
cellules hématopoïétiques actives de la zone périphérique.
La
disparition de cette image est un bon signe de rechute.
Après radiothérapie, on peut observer, soit une conversion médullaire
de type graisseux complète et homogène, soit un aspect en bande
avec un hypersignal central graisseux bordé par un hyposignal
périphérique de moelle rouge active, identique à celui qui est
retrouvé au cours des chimiothérapies et des greffes de moelle.
Enfin, dans les diagnostics de rechute, l’IRM est très contributive
chez les patients antérieurement traités.
On sait que les résultats de la biopsie médullaire osseuse sont médiocres chez ces patients.
Les
nouvelles lésions apparaissent en hyposignal T1 contrastant avec la
moelle osseuse post-thérapeutique en hypersignal.
Ce sont les
séquences de déplacement chimique avec calcul de la fraction
graisseuse ou les séquences STIR qui permettent le mieux de
diagnostiquer une infiltration tumorale active.
Au total : l’IRM est d’une aide majeure dans le diagnostic des lésions lymphomateuses occultes mais aussi dans le bilan d’extension de la
maladie et l’évaluation de la réponse sous traitement.
L’IRM peut donc se concevoir dans l’exploration d’un site
douloureux radiologiquement normal, ou bien dans le cadre d’un
bilan d’extension avec une exploration du rachis et du bassin à la
recherche systématique (et en dehors de toute douleur) d’une
infiltration nodulaire ou diffuse et modifierait alors le stade de la
maladie.
La séquence de référence est celle en SE pondéré T1 où les lésions
apparaissent en hyposignal.
Les séquences après injection et en
pondération T2 permettent essentiellement d’apprécier
l’envahissement des parties molles.
Les séquences STIR, qui sont très
sensibles, sont cependant peu spécifiques.
Si l’IRM ne peut remplacer la biopsie médullaire osseuse, elle est un
préalable à celle-ci et peut parfois orienter le prélèvement sur une
zone de signal pathologique.
Par ailleurs, l’IRM fournit un document de référence avant le début
du traitement et permet de suivre l’évolution sous chimio- et
radiothérapie.
Bilan d’extension
:
La découverte d’un lymphome nécessite d’apprécier la
dissémination de la maladie.
L’intérêt de ce bilan est triple :
– il conditionne en partie l’attitude thérapeutique ;
– il permet d’établir le stade clinique ;
– il contribue à l’évaluation histopronostique.
Ce bilan d’extension doit comporter de façon impérative :
– un examen clinique complet recherchant des adénopathies, une
hépatomégalie, une splénomégalie ainsi que des localisations extraganglionnaires ;
– un bilan biologique standard ;
– un scanner thoraco-abdomino-pelvien à la recherche
d’adénopathies ou de masse des parties molles ;
– par ailleurs, il faut faire un dépistage de l’envahissement
médullaire éventuel et ceci peut se faire par deux techniques
complémentaires : d’une part la ponction-biopsie osseuse en crête
iliaque, mais aussi l’IRM qui peut inclure l’exploration du rachis
lombosacré du bassin et de l’extrémité supérieure des fémurs.
Diagnostic différentiel
:
Les images radiologiques étant peu spécifiques, les diagnostics
différentiels sont donc nombreux et il apparaît alors impératif de
replacer les images observées dans leur contexte clinique et
biologique.
On distingue deux situations :
– Le lymphome n’est pas connu et la lésion osseuse est alors
révélatrice ; on peut alors discuter plusieurs diagnostics :
– l’ostéomyélite chronique dont l’aspect radiologique peut être
très proche de celui des LOP.
Le contexte clinique, biologique et
les hémocultures peuvent éventuellement faire le diagnostic,
parfois l’étude histologique est nécessaire.
On peut alors se baser
sur l’âge du patient et l’importance de signes généraux qui sont
en faveur de ce diagnostic, mais le plus souvent la biopsie est
nécessaire ;
– l’ostéosarcome : il touche en général des sujets plus jeunes mais
certaines localisations, en particulier métaphysaires, peuvent être
proches de celles du lymphome ;
– les métastases : elles sont généralement plus destructrices que
les lymphomes et en l’absence de tumeur primitive connue, c’est
la biopsie qui tranche ;
– le fibrosarcome : il donne lieu le plus souvent à une ostéolyse à
limites floues, très rarement accompagnée d’une réaction périostée, ce qui le différencie du LOP ;
– le granulome éosinophile : c’est plutôt devant une vertebra
plana que le diagnostic peut se poser ;
– le myélome : l’aspect radiologique est souvent caractéristique
mais certains plasmocytomes peuvent ressembler à une lésion
lymphomateuse.
Il faut alors confronter les images au contexte
biologique ;
– la maladie de Paget : les aspect radiologiques sont généralement
caractéristiques.
– Le lymphome est déjà connu : le diagnostic est alors facilement
évoqué mais il faut savoir que des lésions comme une ostéonécrose
aseptique ou une infection peuvent se voir chez ces patients sous
corticothérapie.
Traitement
:
C’est l’association chimio- et radiothérapie qui est actuellement le
traitement de choix des localisations osseuses des lymphomes.
La chimiothérapie est essentielle dans le traitement des lymphomes,
ce qui a permis l’amélioration du pronostic.
Cette chimiothérapie
peut être suivie d’une autogreffe de moelle osseuse.
La radiothérapie n’est jamais utilisée seule ; elle est toujours associée
à la chimiothérapie. Son principal intérêt réside sur les lésions
osseuses localisées.
Elle est réalisée après la chimiothérapie.
La chirurgie n’est pratiquement jamais indiquée en dehors d’une
fracture pathologique ou d’une compression médullaire.
Pronostic
:
Le stade clinique, le type histologique et la réponse au traitement
sont des facteurs pronostiques essentiels.
Ainsi, un stade IV de la
classification d’Ann Arbor, un type histologique à grandes cellules
indifférenciées et une mauvaise réponse au traitement initial sont
des facteurs péjoratifs.
Par ailleurs, l’atteinte des os longs
serait de meilleur pronostic que
celle des os courts, du rachis ou du bassin.
A - LYMPHOME MALIN NON HODGKINIEN
:
Le LOP a un meilleur pronostic que les autres formes avec une
survie de 58 % à 5 ans, alors qu’elle n’est que de 22 % en cas
d’atteinte osseuse associée à des localisations ganglionnaires et/ou
viscérales. Les risques de récidive surviennent dans 80 % des cas
dans les 2 ans qui suivent le traitement.
Certains auteurs ont étudié, en IRM, le rôle pronostique de
l’envahissement médullaire du fémur en montrant que des images
anormales étaient associées à une survie de 43 % à 3 ans contre 89 %
pour les patients sans anomalie.
B - MALADIE DE HODGKIN
:
On estime à 60-70 % le taux de rémission complète à 10 ans d’une
maladie de Hodgkin stade IV.
Conclusion
:
Les localisations osseuses des lymphomes sont rares.
Elles peuvent être
révélatrices de la maladie.
Il faut savoir y penser en particulier devant
une lésion osseuse agressive avec importante extension des parties
molles.
Les radiographies constituent l’étape initiale et indispensable
mais elles peuvent être normales.
La scintigraphie est peu spécifique et
il existe des faux négatifs.
La tomodensitométrie permet une meilleure
étude de la structure osseuse et joue un rôle important dans le bilan
d’extension.
L’IRM est prépondérante dans l’étude de l’extension
osseuse et des parties molles ainsi que dans l’exploration de la moelle
osseuse.
Du fait de sa grande sensibilité, elle prend une part de plus en
plus importante dans le bilan des lymphomes puisqu’une atteinte
osseuse classe la maladie en stade IV.
Elle permet aussi le suivi sous
traitement et la surveillance d’éventuelles rechutes.
Elle peut aussi
guider une biopsie en cas d’atteinte osseuse révélatrice.
Toutefois, le
diagnostic final revient à l’anatomopathologie.