E - Hypertension portale et pathologie vasculaire
:
1- Hypertension portale et thrombose portale :
Quelle que soit la méthode d’imagerie utilisée, l’hypertension portale
(HTP) est diagnostiquée sur la mise en évidence de voies de dérivation portosystémiques signifiant une communication entre une veine du
territoire porte et une veine du territoire cave.
On recherchera des voies
de dérivation au niveau de la veine paraombilicale et du réseau coronaire
stomachique qui alimente les varices oesophagiennes, des voies
splénorénales.
La détection des flux dans le système porte obéit aux mêmes règles que
dans d’autres localisations : c’est-à-dire un effet de sortie de coupes sur
les séquences en écho de spin (sang noir) et un effet d’entrée de coupes
(sang blanc) sur les séquences en écho de gradient.
Une thrombose complète sera diagnostiquée sur la présence d’un signal
anormal occupant l’ensemble de la lumière du vaisseau.
Certains flux,
très lents dans le système porte, peuvent s’accompagner de la
persistance d’un signal dans le vaisseau en séquence écho de spin, et être
faussement interprétés comme une thrombose.
La conjonction de séquences d’écho de spin et d’écho de gradient permet
de diagnostiquer les thromboses portales avec une bonne sensibilité
(90 %) et une bonne spécificité (90 %).
L’IRM apparaît surtout intéressante par rapport à l’échodoppler dans les
endroits difficilement accessibles, comme par exemple la détermination
de la perméabilité des anastomoses portocaves.
2- Syndrome de Budd-Chiari
:
Le syndrome de Budd-Chiari est une maladie rare caractérisée par
l’obstruction ou la sténose sévère de veines sus-hépatiques.
Il peut être
secondaire soit à la thrombose vasculaire des veines, soit à une invasion
tumorale.
Son diagnostic est habituellement échographique.
L’IRM
avec des séquences angiographiques apporte le même type
d’informations et pourrait être utile dans les cas difficiles en cas de doute
échographique.
F - Pathologie tumorale bénigne
:
1- Kyste biliaire
:
Le kyste biliaire est une lésion bénigne très fréquente dont le diagnostic
repose sur l’échographie.
L’IRM n’a pas d’indication à visée
diagnostique, mais l’aspect IRM doit être connu en termes de diagnostic
différentiel.
Le kyste biliaire est une lésion arrondie, sans paroi visible,
de signal liquidien homogène, hyposignal T1, hypersignal T2, ne se
rehaussant pas après injection de gadolinium.
2- Tumeurs bénignes de la femme jeune
:
L’hyperplasie nodulaire focale (HNF) et l’adénome sont deux tumeurs
bénignes hépatocytaires qui surviennent chez la femme entre 30 et
50 ans et dont les circonstances de découverte sont souvent identiques.
Il s’agit d’une lésion hépatique focale de découverte fortuite à
l’échographie.
Leur pronostic est très différent et conduit à une prise en
charge thérapeutique opposée.
L’HNF (lésion la plus fréquente) ne
requiert qu’une surveillance alors que l’adénome, en raison de ses
risques de complications (hémorragie, transformation maligne), doit
être traité chirurgicalement.
Il est donc primordial de différencier ces
deux pathologies de façon formelle.
Si l’imagerie est insuffisante, on
aura recours à une vérification histologique.
* Hyperplasie nodulaire focale
:
L’HNF est une malformation de l’organisation hépatique autour d’une
anomalie vasculaire.
Elle est composée de nodules d’hépatocytes
normaux et d’une cicatrice fibreuse et n’a pas de capsule.
Sa fréquence
dans la population générale est de 3 %.
Elle peut être associée à un
angiome.
L’IRM fait partie du bilan d’imagerie de l’HNF en complément de
l’échodoppler.
L’IRM est plus sensible pour la détection de la cicatrice
centrale qui est un élément indispensable au diagnostic positif.
L’examen doit comporter une séquence T1 et une séquence T2, deux
échos, une séquence rapide dynamique type turbo flash avec injection
de gadolinium en bolus.
Les oxydes de fer (Endorem) sont à l’étude et
pourraient devenir demain l’agent de contraste à utiliser.
L’aspect IRM caractéristique est une lésion non encapsulée présentant
une cicatrice centrale.
En séquence T1, la lésion est en iso- ou hyposignal, la cicatrice en
hyposignal.
En séquence T2, la lésion est en discret hypersignal qui
diminue au fil des échos.
La cicatrice centrale est en franc hypersignal
T2. Après injection de gadolinium, la lésion se rehausse de façon
précoce (temps artériel) et prolongée.
La cicatrice se rehausse plus
tardivement soit au temps portal soit encore plus tardivement (2 minutes
après injection) et est alors visualisée en hypersignal uniquement sur la
séquence T1 tardive après injection.
L’hypersignal T2 de la lésion n’a pas d’explication anatomopathologique,
il n’est ni en rapport avec une composante graisseuse, ni
avec une composante hémorragique.
Le comportement de la cicatrice
centrale est expliqué par l’existence d’un flux sanguin lent.
La conjonction d’un aspect IRM et échodoppler typique (visualisation
d’un flux artériel dans la cicatrice) est nécessaire pour établir le
diagnostic.
Un aspect incomplet ou atypique doit conduire à un contrôle
histologique.
La cicatrice peut avoir en T2 un signal variable qui peut être
expliqué par une cicatrice plus riche en collagène.
L’existence d’une pseudocapsule est en rapport avec un tassement de
parenchyme hépatique en périphérie de la lésion associé à de la
fibrose.
L’HNF étant une tumeur bien différenciée, un rehaussement après
injection de chélate hépatobiliaire a été rapporté.
* Adénome
:
Cette tumeur bénigne est favorisée par les contraceptifs oraux.
Elle est
rare, 10 fois moins fréquente que l’HNF. Elle est développée aux dépens
des hépatocytes.
Elle est souvent limitée par une capsule et présente des
zones hémorragiques.
La technique est la même que pour l’HNF.
L’adénome présente des aspects IRM variés.
L’aspect le plus fréquent est celui d’une lésion hétérogène, à limites
nettes, en hypersignal T1 et T2, présentant un rehaussement précoce au
temps artériel et prolongé.
L’hypersignal en T1 traduit une composante graisseuse ou un
remaniement hémorragique.
Une pseudocapsule est mise en évidence dans 17 à 31 %des cas par une
couronne périphérique le plus souvent en hyposignal T1, de signal
variable en T2, sans rehaussement après injection de gadolinium.
En
anatomopathologie, elle correspond à un tassement du parenchyme
associé à une fibrose.
Pour Arrivé, malgré la variété des signes IRM, dans 88 % des lésions,
au moins l’un de ces trois signes est présent : aspect hétérogène,
couronne périphérique, hypersignal T1.
* Autres aspects possibles
:
La lésion peut avoir un aspect homogène.
Elle peut être en iso- ou en hyposignal T1 ou T2.
Elle peut avoir un rehaussement semblable au
parenchyme hépatique ou moins important.
Rarement, des septa peuvent exister, en hypo- ou isosignal T1, de signal
variable en T2, et rehaussés après injection de gadolinium.
Un
hématome péritumoral ou sous-capsulaire peut se voir. L’existence de
vaisseaux intratumoraux est exceptionnelle.
* Intérêt de l’Endorem
:
Les tumeurs bénignes hépatocytaires comme l’adénome et l’HNF
contiennent des cellules de Kupffer et se rehaussent parfois au même
niveau que le foie normal.
Dans certains cas, la visualisation
de la cicatrice centrale dans l’HNF est vue uniquement sur les images
postinjection.
Le degré de rehaussement des adénomes et des
hyperplasies nodulaires focales n’est pas différent et ne peut pas aider
dans la différenciation entre ces deux diagnostics.
* Conduite à tenir devant la découverte
d’une lésion bénigne de la femme jeune
:
Si tous les critères cliniques (sujet asymptomatique, pas d’antécédent
d’hépatopathie ou de cancer), biologiques (marqueurs viraux et
tumoraux négatifs, absence d’autre anomalie qu’une élévation modérée
des gammaglutamyl transférase [gammaGT]) et morphologiques (IRM et
échodoppler) typiques d’une HNF sont réunis, on peut
affirmer qu’il s’agit d’une HNF et qu’une preuve histologique n’est pas
nécessaire.
C’est le cas environ dans 70 %.
Dans tous les autres cas, et a fortiori si on s’oriente vers un adénome, un
contrôle histologique et une exérèse de la lésion sont nécessaires.
3- Angiome
:
Il s’agit d’une lésion bénigne fréquente, composée de lacis veineux,
souvent multiple (56 % des cas) et qui pose souvent un problème de
diagnostic différentiel, notamment avec les métastases.
L’IRM est l’examen clé du diagnostic en cas d’aspect atypique à
l’échographie, car elle permet un diagnostic formel dans 58 % à
91 % des cas.
Elle s’appuie à la fois sur le signal en T2 et la cinétique
de rehaussement après injection de chélates de gadolinium en bolus.
Il s’agit le plus souvent d’une lésion située en périphérie ou en souscapsulaire,
proche des veines sus-hépatiques, sans effet de masse.
Plusieurs aspects IRM peuvent être rencontrés, différant selon la taille
de la lésion.
* Aspect caractéristique
:
Celui observé dans 56 % des cas, est celui d’une lésion à limites nettes,
en hyposignal T1 et en hypersignal T2 avec un rehaussement en anneau
périphérique centripète.
Cet aspect est le plus souvent retrouvé pour des
angiomes de taille moyenne entre 1,5 et 5 cm.
L’hypersignal T2 est homogène et persiste sur les échos tardifs.
Cet
élément sémiologique fondamental permet de différencier les lésions
bénignes (kyste, angiome) des métastases.
Le rehaussement après injection de gadolinium est précoce,
individualisable 1 seconde après injection, en mottes, débutant en
périphérie, il réalise une couronne discontinue en hypersignal.
Il progresse de façon centripète et aboutit à une homogénéisation de la
lésion en 2 minutes, qui persiste 10 minutes après injection.
Le
remplissage est plus ou moins rapide.
* Autres aspects possibles
:
L’hypersignal T2 peut être hétérogène, surtout pour les angiomes de plus
de 5 cm.
Cette hétérogénéité est en rapport avec des
remaniements hémorragiques ou de la fibrose.
Il peut persister une zone centrale non rehaussée.
C’est l’aspect
considéré comme caractéristique des angiomes de grande taille.
Le rehaussement peut être très précoce et apparaître d’emblée complet
pour les angiomes de petite taille, environ 43 %des petits angiomes pour
certains auteurs.
Avec les techniques ultrarapides (turbo-flash,
snapshot-flash), il semble s’agir cependant d’un rehaussement
centripète classique mais très rapide, complet le plus souvent au bout de
45 secondes.
D’autres types de rehaussement beaucoup plus rares peuvent se voir :
– rehaussement périphérique en couronne, plus tardif, sans
homogénéisation ;
– rehaussement central précoce avec homogénéisation.
Après injection d’Endorem, le rehaussement des angiomes hépatiques
est très particulier : les particules piégées dans les lacs vasculaires vont
entraîner un rehaussement négatif de l’angiome sur les images en
pondération de densité de proton et T2, mais un rehaussement positif
(effet T1) sur les images en pondération T1.
Ce rehaussement très
particulier sur les images en pondération T1 peut aider à différencier les
métastases des angiomes sur les images après injection.
G - Pathologie tumorale maligne
:
Les cancers du foie peuvent se développer à partir du contingent hépatocytaire (CHC et carcinome fibrolamellaire), des cellules
épithéliales des canaux biliaires intrahépatiques (carcinome
cholangiocellulaire) et des cellules endothéliales constituant le
sinusoïde hépatique (angiosarcome et hémangioendothéliome
épithélioïde).
1- Carcinome hépatocellulaire
:
C’est la tumeur primitive la plus fréquente qui survient généralement en
France sur un foie cirrhotique.
Elle apparaît en hyposignal sur les
séquences en pondération T1, mais un hypersignal T1 est possible dans
30 %des cas et il peut être lié à la présence de graisse intratumorale.
En
T2, elle apparaît en hypersignal, ce qui la distingue des nodules
dysplasiques.
Après injection de chélate de gadolinium par la technique dynamique en bolus, on observe une prise de contraste massive surtout au temps
artériel.
La visualisation d’une pseudocapsule est évocatrice du diagnostic de
CHC, mais dans les grosses tumeurs supérieures à 6 cm elle peut manquer.
L’IRM est très performante pour visualiser la capsule qui se
traduit par un hyposignal en T1.
La tumeur peut présenter des
cloisons que l’IRM met mieux en évidence que le scanner.
Elles
correspondent à de fines bandes de fibrose dans la tumeur et sont en hyposignal sur toutes les séquences.
L’IRM s’attachera à évoquer le diagnostic, à préciser l’extension
vasculaire locale de la lésion (présence d’un envahissement portal ou
d’une veine sus-hépatique) et enfin à détecter la présence de tumeurs
« filles » adjacentes ou à distance de la tumeur primitive.
La sémiologie
des tumeurs « filles » est la même que celle de la tumeur primitive avec
un hypersignal T2 et une prise de contraste.
L’ensemble de ces caractères sémiologiques (hypersignal T2, prise de
contraste au temps artériel, présence d’une capsule, présence d’un
envahissement vasculaire) permet de caractériser de nombreuses lésions
au sein d’un foie cirrhotique.
* Utilisation de l’Endorem
:
Le CHC étant une tumeur hépatocytaire, il ne capte théoriquement pas
l’Endorem.
Cet agent pourrait donc aider à détecter ces lésions, la
diminution de capture de l’Endorem connue dans la cirrhose n’étant
pas un obstacle.
Yamamoto, dans son étude portant sur 15 patients et
26 hépatocarcinomes, a montré que la précision diagnostique était
meilleure en utilisant l’Endorem, des séquences en densité de proton
et des séquences flash.
Une nuance doit cependant être apportée car la
capture de l’Endorem est possible par les tumeurs bien
différenciées.
Dans le contexte de CHC connu, cette capture pourrait
être utile pour caractériser la différenciation tumorale.
* Utilisation du Mn-DPDP (mangafodipir,
Teslascan)
:
Le manganèse du Mn-DPDP est relargué du chélate après injection et
graduellement capté par les hépatocytes, qu’ils soient normaux ou
dysplasiques ou tumoraux.
Cette notion de prise de contraste par les CHC avait été démontrée chez l’animal par Ni et confirmée par les
essais cliniques ultérieurs.
Une étude récente de Murakami montre que les CHC non visibles avant injection sont
mieux visualisés après injection de Teslascan dans un pourcentage de
cas néanmoins relativement faible.
Enfin, la question de savoir si les nodules borderline seront également
rehaussés par l’agent de contraste reste en suspens.
La place exacte du
Teslascan dans la détection des CHC reste encore à évaluer.
2- Carcinome fibrolamellaire
:
Il s’agit d’une tumeur maligne développée aux dépens des hépatocytes,
présentant une cicatrice centrale fibreuse avec calcifications.
Tumeur
rare, 500 fois moins fréquente que le CHC, elle survient chez l’enfant ou
l’adulte jeune sur foie sain non cirrhotique et non infesté par le virus de
l’hépatite B.
Elle se révèle par une masse palpable avec un état général
conservé.
Son pronostic est meilleur que le CHC avec une médiane de
survie de 2 ans.
À l’IRM, il s’agit d’un syndrome de masse souvent volumineux et bien
limité, présentant une cicatrice centrale.
En séquence T1, la lésion
est hétérogène, en hyposignal T1, la cicatrice est en hyposignal plus
franc.
En séquence T2, la cicatrice reste en hyposignal, la tumeur pouvant présenter un signal variable, le plus souvent en isosignal.
Après
injection de gadolinium, il existe un rehaussement précoce et hétérogène
de la lésion épargnant la cicatrice centrale qui reste toujours en hyposignal.
Le principal diagnostic différentiel est l’HNF où la cicatrice est en
hypersignal T2 et se rehausse tardivement après injection.
3- Tumeurs mésenchymateuses malignes
:
L’hémangioendothéliome épithélioïde et l’angiosarcome sont deux
tumeurs rares, développées à partir des cellules endothéliales bordant les
sinusoïdes.
– L’hémangioendothéliome épithélioïde constitue moins de 1 % des
tumeurs primitives du foie.
Il est un peu plus fréquent que
l’angiosarcome et se développe chez l’adulte jeune avec une
prédominance féminine.
Le diagnostic doit être évoqué devant une
volumineuse tumeur hépatique calcifiée peu vascularisée.
En IRM,
il s’agit d’une lésion constituée de multiples nodules confluents en hyposignal T1, présentant en T2 un aspect en « cocarde » avec, de la
périphérie vers le centre, un anneau en hypersignal, un anneau en
hyposignal et un centre en hypersignal.
Après injection de gadolinium,
il existe un rehaussement périphérique précoce, de progression
centripète.
Un envahissement veineux (système porte, veines sushépatiques)
est souvent associé.
– L’angiosarcome survient chez l’homme âgé (50 à 70 ans).
On
retrouve fréquemment une exposition à un carcinogène comme le Thorotrastt.
Une ascite le plus souvent hémorragique est associée.
La
tumeur peut être à l’origine d’un shunt artérioveineux pouvant entraîner
une insuffisance cardiaque.
Des troubles de l’hémostase peuvent être
retrouvés.
Il s’agit d’une tumeur de mauvais pronostic avec une médiane
de survie de 6 mois. À l’IRM, la lésion est souvent multinodulaire.
Les
nodules sont en hyposignal T1 et en hypersignal T2 et ont un
rehaussement périphérique précoce persistant après injection de
gadolinium. Le principal diagnostic différentiel est l’angiome.
4- Cholangiocarcinome intrahépatique
:
Il représente la deuxième cause de tumeurs primitives du foie (5 à 30 %)
et 10 %des cholangiocarcinomes.
Il survient en général vers 50-60 ans,
plus souvent chez l’homme et sur foie sain.
Il s’agit d’un
adénocarcinome développé à partir de l’épithélium de petits canaux
biliaires.
Son mode de révélation (douleurs abdominales sans ictère) est
souvent tardif.
L’alphafoetoprotéine est normale.
Il existe une cholestase.
Macroscopiquement, il s’agit d’une lésion de grande taille hypovascularisée, avec une zone centrale constituée d’un stroma fibreux
qui peut parfois être le siège de nécrose ou d’hémorragie.
L’IRM fait partie du bilan d’imagerie avec l’échographie et
le scanner mais ne dispense pas d’une ponction biopsie.
En séquence T1, la lésion est en hyposignal T1 hétérogène (50 %) ou
homogène (50 %) avec parfois une zone centrale en hyposignal.
La zone
centrale est mieux visualisée sur la séquence T2 où elle a un signal
variable, hyposignal lorsqu’elle est fibreuse, hypersignal lorsqu’elle est
nécrotique.
La périphérie est en hypersignal T2.
Après injection
intraveineuse de gadolinium, le rehaussement intéresse le plus souvent
uniquement la périphérie de la lésion qui se rehausse de façon
progressive et centripète, le centre restant hypo-intense.
Sur les
séquences tardives, il existe un wash out périphérique réalisant une zone
périphérique hypo-intense en anneau.
Pour les tumeurs de petite taille,
de 2 à 4 cmde diamètre, ce rehaussement centripète peut être complet et
homogène.
Comme avec les autres méthodes d’imagerie, on recherchera une
dilatation segmentaire des voies biliaires retrouvée dans 25 % des cas,
une compression extrinsèque des vaisseaux porte, sus-hépatiques sans
thrombose portale.
5- Tumeurs kystiques des voies biliaires (cystadénome et
cystadénocarcinome biliaire)
:
Ces tumeurs rares des voies biliaires surviennent chez la femme d’âge
moyen.
Il s’agit de lésions kystiques cloisonnées, bordées par un
épithélium biliaire mucosécrétant, entourées par une coque fibreuse et
remplies d’une substance mucineuse.
En IRM, la lésion a globalement un signal liquidien, hyposignal
T1, hypersignal T2 avec une intensité variable des différentes logettes
en rapport avec leur contenu protéique.
Les cloisons peuvent présenter
des parois irrégulières, des épaississements nodulaires et des projections
papillaires.
Il n’existe pas d’arguments macroscopiques pour
différencier la lésion bénigne de la lésion maligne.
Les principaux diagnostics différentiels sont le kyste biliaire et le kyste
hydatique.
H - Métastases
:
1- Aspect IRM
:
Les métastases hépatiques sont une pathologie extrêmement fréquente
pour laquelle la place de l’IRM est en train d’évoluer.
Alors qu’elle était
initialement réservée à la caractérisation d’une lésion nodulaire
hépatique, on peut envisager avec les nouveaux agents de contraste que
l’IRM servira de plus en plus à détecter des lésions dans des bilans
préopératoires de métastases hépatiques (carcinomes colorectaux),
voire de surveillance de patients d’oncologie.
En effet, chez ces patients
sous chimiothérapie, la surveillance de métastases hépatiques peut
s’avérer difficile, en particulier quand elle s’associe à des remaniements stéatosiques.
L’aspect IRM n’est pas spécifique.
Les métastases sont généralement en hyposignal T1 et hypersignal T2.
Après injection de chélate de
gadolinium, les métastases se rehaussent plus tardivement que le
parenchyme hépatique normal et présentent un aspect en cocarde en cas
de nécrose centrale.
Les métastases particulières (kystiques, calcifiées, hypervasculaires,
infiltrantes) auront des caractéristiques de structures correspondantes :
– un aspect kystique qui peut se voir dans les métastases de léiomyosarcome, de mélanome, de cystadénocarcinome, de carcinome
mucineux et dans les tumeurs carcinoïdes ;
– les tumeurs hypervascularisées (cancer endocrine du pancréas,
tumeur carcinoïde, certaines tumeurs mammaires, cancer du rein,
choriocarcinome placentaire) peuvent en imposer pour un aspect
d’angiome trompeur, en particulier sur la séquence T2 et après injection
de gadolinium.
La présence d’un hypersignal T1 témoignant de la présence de mélanine
ne se retrouve que dans 10 % des métastases de mélanome.
Historiquement, l’IRM était considérée comme étant supérieure au
scanner incrémental, le portoscanner étant la meilleure technique
d’imagerie préopératoire pour visualiser des tumeurs inférieures à 1 cm.
Avec la technique spiralée, la sensibilité du scanner s’est améliorée mais
l’arrivée des nouveaux agents de contraste spécifiques du foie et les
améliorations de l’équipement en IRM devraient changer à nouveau
cette classification.
2- Apport de l’Endorem
:
Les nouveaux produits de contraste spécifiques du foie comme
l’Endorem vont améliorer la sensibilité de détection des lésions
hépatiques.
Leur intérêt se situe donc surtout dans la réalisation d’un
bilan lésionnel précis.
En fait, la vrai question pour l’Endorem, comme pour tous les autres
nouveaux agents de contraste hépatiques est de prouver qu’il est égal ou
supérieur au portoscanner, qui est la modalité de choix dans l’évaluation
préopératoire des métastases hépatiques.
Tous les essais cliniques utilisant l’Endorem ont montré que cet agent
de contraste induit une augmentation significative du contraste entre le
foie et la tumeur.
Le résultat est que les tumeurs sont mieux visualisées
et que la délimitation tumorale est plus aisée.
De plus, des lésions plus nombreuses et plus petites sont
détectées après injection d’Endorem.
Des métastases infracentimétriques sont souvent visibles dans le foie, en particulier dans
les régions sous-capsulaires où la détection est la plus difficile.
Un article récent de Hagspiel comparant l’échographie peropératoire,
le scanner et l’IRM a montré que l’IRM avec Endorem était la
technique non invasive la plus sensible, mais qui reste inférieure à
l’échographie peropératoire.
* Place du portoscanner
:
Une étude récente utilisant l’écho de spin et l’écho de gradient suggère
que l’IRM avec Endorem et le portoscanner sont au moins équivalentes
dans la détection des métastases.
* Places de l’IRM avec
Endorem, du scanner spiralé
et de l’IRM dynamique :
Plus que la comparaison avec le portoscanner, le vrai défi de l’IRM avec
Endorem est d’être supérieur au scanner spiralé ou à l’IRM dynamique
avec injection de chélates de gadolinium qui sont les techniques de
référence dans certains centres pour détecter des lésions hépatiques.
Il
n’y a pas de données complètes publiées comparant ces trois modalités,
mais on peut l’appréhender comme suit : l’IRM dynamique avec
injection de gadolinium n’est pas supérieure aux images en T2 d’après
Hamm.
Comme l’IRM avec
Endorem est toujours supérieure à la
séquence T2 sans injection, on peut en déduire que l’IRM avec
Endorem est supérieure à l’IRM dynamique.
Cela a par ailleurs été
démontré par une étude récente de Vogl.
La comparaison de l’IRM avec
Endorem avec le scanner spiralé reste
à être évaluée.
À notre connaissance, il n’y a pas eu d’études publiées
sur le sujet.
Dans la détection des hépatocarcinomes, l’IRM dynamique
a été montrée supérieure au scanner spiralé à la phase artérielle.
3- Apport du
Teslascan :
À une dose de 5 ímol/kg, le
Teslascan permet de détecter plus de
lésions hépatiques que les séquences sans agent de contraste et la
visibilité des lésions est améliorée.
Cette augmentation du contraste débute dès la fin de la perfusion et est
prolongée sur 4 heures.
On peut observer sur les images tardives une
prise de contraste en anneau autour de la métastase, traduisant un
piégeage du manganèse par compression des canaux biliaires par la
tumeur.
La comparaison entre l’IRM avec
Teslascan et le portoscanner n’a pas
été réalisée.
I - Voies biliaires : cholangio-IRM
Technique récente, apparue en 1991, et toujours en cours de
perfectionnement, la cholangiowirsungographie-IRM (CPRM) permet
une exploration simple et non invasive des voies biliaires.
La visualisation des voies biliaires est possible par l’utilisation d’une
séquence où les liquides statiques ou peu mobiles sont en hypersignal
(forte pondération T2) et les structures vasculaires (veines sushépatiques,
veine porte, réseau artériel coeliomésentérique) en
hyposignal.
L’acquisition doit être réalisée en apnée pour s’affranchir
des artefacts respiratoires.
On utilise des séquences en écho de spin rapide (fast SE, turbo SE) très
pondérées en T2, voire des séquences permettant, en une seule
impulsion, d’acquérir toutes les données d’un plan de Fourier (single
shot) en écho de gradient comme la séquence CE-FAST, ou un demiplan
de Fourier (HASTE).
L’acquisition est soit multicoupe avec des
coupes fines, soit monocoupe en coupes le plus souvent épaisses.
Elle se
fait le plus souvent en frontal en 2D ou en 3D.
Après acquisition, les images peuvent être reformatées avec des
logiciels de visualisation 3D comme le MIP (maximum intensity
projection).
Les indications de la cholangiowirsungographie-IRM sont
essentiellement représentées par la pathologie lithiasique de la voie
biliaire principale.
La fiabilité diagnostique pour les calculs de plus de
5 mm est élevée. Le calcul est visualisé sous la forme d’une lacune hypo-intense sur les multiples incidences.
La CPRM peut être utilisée pour l’exploration des sténoses malignes et
dans un avenir proche, la cholangite sclérosante.
Questions cliniques pratiques
(du signe au diagnostic)
:
A - Comment distinguer métastase et angiome ?
Devant des lésions en hypersignal T2 persistant au fil des échos, les deux
diagnostics différentiels principaux sont les métastases hypervasculaires
et les lésions bénignes (angiomes et kystes).
Les éléments
sémiologiques discriminants sont la mesure du T2 et la cinétique
de rehaussement vasculaire.
Le T2 le plus long est observé pour les
kystes.
Le T2 le plus court est observé pour les lésions hypervasculaires.
Le T2 des angiomes est intermédiaire.
D’un point de vue
vasculaire, la métastase hypervasculaire a un rehaussement de type
artériel, précoce.
Le kyste ne se rehausse pas.
Les métastases peuvent présenter une cinétique vasculaire proche de
celle de l’angiome.
On doit alors étudier l’aspect de la couronne de
rehaussement périphérique, la cinétique de remplissage de la lésion et le
type de persistance du rehaussement et le signal en T2.
Les arguments en faveur de la métastase sont :
– une couronne de rehaussement périphérique d’emblée continue,
d’épaisseur homogène ;
– une homogénéisation de la lésion transitoire avec, au temps tardif, un wash out périphérique ;
– un hypersignal T2 diminuant au fil des échos.
Les arguments en faveur de l’angiome sont :
– une couronne de rehaussement discontinue et d’épaisseur variable qui
persiste ;
– une homogénéisation tardive et persistante de la lésion ;
– un hypersignal T2 se prolongeant au fil des échos.
B - Quelles étiologies devant une cicatrice centrale ?
L’existence d’une zone d’hyposignal T1 centrale peut correspondre à la
cicatrice centrale de l’HNF, à un foyer de nécrose qui peut être présent
dans l’adénome, le CHC, le carcinome fibrolamellaire.
On étudiera le
signal de cette zone en T2 et son rehaussement après injection.
C - Questions spécifiques sur l’Endorem
:
1-
Est-ce que l’Endorem peut aider à caractériser
une lésion hépatique ?
Schématiquement, les lésions malignes ne se rehaussent pas parce
qu’elles n’ont pas d’activité phagocytaire et les lésions bénignes se
rehaussent (sauf les kystes).
Ainsi, la stéatose hépatique, l’HNF, l’adénome sont rehaussés après
injection avec un effet T2 (diminution de signal).
L’effet T1 est surtout observé dans les angiomes, mais un rehaussement
périphérique de certaines métastases vient d’être décrit en pondération T1.
2- Est-ce que des images avant injection doivent toujours
être réalisées ?
Quant on réalise une IRM avec
Endorem chez un patient pour une
évaluation préchirurgicale des métastases connues, souvent d’autres
techniques d’imagerie sont réalisées avant l’IRM.
Si l’IRM avec
Endorem est réalisée pour détecter des lésions, une série d’images
avant injection n’est pas obligatoire.
Si l’agent de contraste est utilisé
pour caractériser une lésion, il est indispensable d’obtenir une série
d’images avant injection.
3- Imagerie vasculaire
:
La demi-vie sanguine de l’Endorem est d’environ 2 heures chez
l’homme.
À la fin de la perfusion (30 minutes), il est donc logique d’observer un rehaussement positif (effet T1) dans les vaisseaux sur les
séquences pondérées en T1.
Cet effet pourrait être mis à profit avec des
séquences appropriées pour l’étude de la vascularisation mésentéricoporte.