À l’heure des techniques d’imagerie en coupes, le cliché d’abdomen
sans préparation (ASP) reste encore un examen de radiologie
conventionnelle simple, facilement accessible et riche en
renseignements.
Précédant une opacification digestive ou génito-urinaire ou pratiqué
en complément d’une échographie ou d’un examen tomodensitométrique,
ce cliché simple peut être complété par des
incidences en oblique ou de profil, par des clichés localisés ou en
orthostatisme, voire par des coupes tomographiques standards.
La lecture du cliché d’ASP doit être systématique, incluant l’analyse :
– des organes pleins intra- et rétropéritonéaux, de tonalité hydrique
et silhouettés par la graisse périviscérale, à la recherche d’une
modification de leur taille, de leurs contours ou de leur densité
(calcifications, clartés gazeuses) ;
– des organes creux, contenant de l’air, à la recherche d’anomalies
de topographie, de calibre ou de contenu du tractus
gastro-intestinal ;
– du cadre osseux et de la paroi abdominale.
Pour faciliter l’interprétation des anomalies détectées sur l’ASP, il
est pratique de diviser la cavité abdominale en compartiments, ceci
permettant de préjuger de leur origine. Ainsi, le plus souvent, les
images pathologiques de l’hypocondre droit ont une origine
hépatobiliaire, celles de l’hypocondre gauche proviennent de la rate
ou de l’estomac.
Celles des régions pré- et paravertébrales
appartiennent au pancréas, aux surrénales, aux reins ou à l’espace
rétropéritonéal extraviscéral (tissus d’enveloppe, chaînes
ganglionnaires, aorte abdominale), celles du pelvis à la vessie ou à
l’appareil génital.
Enfin, les anomalies de topographie ubiquitaire,
non systématisée, sont, en règle générale, d’origine digestive,
péritonéale ou pariétale.
Images pathologiques de l’hypocondre
droit :
A - FOIE
:
Sur le cliché d’ASP ou mieux localisé prenant la coupole droite, le
foie normal est de tonalité hydrique homogène : le dôme hépatique
est limité par la coupole diaphragmatique droite et le bord inférieur
du foie est souvent bien visible, souligné par un liseré graisseux.
1- Hépatomégalie
:
Seule une expansion importante du foie est décelable sur l’ASP,
mieux mise en évidence s’il existe une aérocolie et pouvant entraîner une surélévation de la coupole droite, un abaissement de l’angle
colique droit et un refoulement de l’estomac.
Néanmoins, la visibilité
d’un bord inférieur de foie dépassant largement l’auvent costal n’est
pas obligatoirement le témoin d’une hépatomégalie, se voyant
également chez les sujets longilignes à foie vertical.
Les causes
d’augmentation de taille du foie sont multiples, regroupant
notamment, outre la cirrhose à un stade précoce, les hépatomégalies
d’origine tumorale maligne (métastases, hépato- et cholangiocarcinome,
hémopathies), inflammatoire (hépatite, abcès),
métabolique (stéatose, hémochromatose) et vasculaire (défaillance
cardiaque droite).
2- Anomalies de contours du foie
:
Elles concernent les modifications de la coupole diaphragmatique
droite.
La surélévation globale de la coupole droite peut être due, outre à une
hépatomégalie, à une paralysie du nerf phrénique, mise en évidence
à l’examen scopique qui révèle une perte de cinétique de la coupole,
ou à une atélectasie pulmonaire qui s’accompagne d’une rétraction
de l’hémithorax et d’une attraction médiastinale.
Les modifications localisées de la coupole droite sont liées :
– soit à une pathologie thoracique : pulmonaire au contact de la
coupole (abcès, néoplasie, séquestration pulmonaire), pleurale
(épanchement pleural enkysté ou sous-pulmonaire) ou médiastinale
(kyste pleuropéricardique) ;
– soit à une pathologie de la coupole : insuffisance musculaire
localisée volontiers de siège antéro-interne, accrue en inspiration et
s’estompant en expiration, donnant à la coupole un aspect festonné,
ou éventration et hernie diaphragmatique de siège antérieur (hernie
de Larrey) ou de siège postérieur (hernie de Bochdalek) ;
– soit à une pathologie sous-phrénique : processus hépatique
tumoral et infectieux ou collection sous-phrénique.
L’échographie permet d’identifier la coupole diaphragmatique et le
processus en cause.
3- Anomalies de la densité du foie
:
Elles réalisent des opacités calcifiées ou des images hydroaériques
et sont à distinguer des images pathologiques de la base postérieure
du thorax, en règle par un simple cliché thoracique de profil.
Les calcifications hépatiques sont assez inhabituelles et leur
étiologie, évoquée sur l’ASP en tenant compte de leur répartition et
de leur morphologie, est précisée par d’autres examens d’imagerie,
notamment échographie et examen tomodensitométrique.
* Calcifications d’origine infectieuse
:
Les granulomatoses systémiques infectieuses bactériennes
(tuberculose, brucellose) et fongiques (histoplasmose, coccidioïdomycose)
sont à l’origine de calcifications uniques, d’aspect
lentigineux, ou multiples, disséminées dans le parenchyme
hépatique, d’aspect miliaire et liées à la présence de granulomes
séquellaires secondairement calcifiés.
Plus rarement, un abcès à
pyogènes scléreux, emprisonné dans une coque épaisse, peut
déterminer un renforcement localisé de la densité hépatique avec
quelquefois des calcifications crétacées.
Le kyste hydatique représente la principale cause de calcifications
hépatiques d’origine infectieuse parasitaire.
Fréquentes au cours de
l’évolution de la maladie, leur aspect est souvent caractéristique.
L’aspect le plus évocateur est celui d’un anneau calcifié unique ou
multiple de taille variable, de contours nets avec une plage centrale
peu homogène, tigrée ou ponctuée.
Parfois, l’anneau est ovalaire,
ses contours sont bosselés ou partiellement calcifiés, donnant une
image arciforme curviligne dont le diagnostic est plus difficile.
En
cas d’involution totale du kyste, l’image est celle d’une « boule »
massivement calcifiée cernée d’un liseré dense.
Le diagnostic
d’hydatidose est confirmé par la sérologie et les autres examens
d’imagerie où ces formes calcifiées correspondent, dans la
classification de Gharbi, aux kystes hydatiques de types 4 et 5.
L’échinococcose alvéolaire, très rare en France, est également
responsable de petites calcifications multiples d’aspect miliaire ou
lenticulaire criblant l’ombre hépatique.
* Calcifications d’origine tumorale
:
Les calcifications métastatiques sont le propre des cancers à
évolution lente.
Il s’agit en règle de lésions secondaires
d’adénocarcinomes colloïdes muqueux digestifs (estomac, côlon) ou
ovariens.
Ces calcifications sont généralement d’aspect
micronodulaire, regroupées en amas arrondis, souvent denses, psammomateuses.
Les tumeurs malignes primitives peuvent aussi se calcifier : c’est le
cas de l’hépatoblastome de l’enfant, à l’origine de traînées opaques
diversement orientées, d’aspect en « tête d’épingle ».
Parmi les tumeurs hépatiques bénignes, les angiomes, notamment
les hémangiomes caverneux de grande taille, siège de remaniements
structuraux à type de thrombose et de fibrose, sont source de
calcifications souvent volumineuses, trabéculaires radiaires,
rayonnant du centre vers la périphérie.
* Calcifications d’origine vasculaire
:
Elles regroupent les calcifications athéromateuses pariétales de
l’ectasie de l’artère hépatique et surtout les calcifications d’origine
veineuse, témoins d’une thrombose portale ancienne sur
hypertension portale.
Les images hydroaériques intraparenchymateuses hépatiques avec
niveau horizontal sur le cliché d’ASP en orthostatisme sont
d’observation rare, correspondant soit à une lésion fistulisée dans
un organe creux (abcès amibien, kyste hydatique, abcès à pyogènes
survenant au cours de septicopyohémie ou d’angiocholite), soit à un
abcès à germes anaérobies.
Elles sont à différencier des images hydroaériques extraparenchymateuses d’origine sous-phrénique
(abcès sous-phrénique) et sus-phrénique pulmonaire (abcès,
néoplasie excavée) ou pleurale (pleurésie purulente).
B - VOIES BILIAIRES
:
Elles peuvent être le siège de calcifications témoignant d’une lithiase
biliaire ou d’images aériques le plus souvent en rapport avec une
aérobilie.
1- Lithiase biliaire
:
Principalement d’origine vésiculaire initiale, d’une prévalence de
l’ordre de 30 % à l’âge adulte, la lithiase biliaire est asymptomatique
dans plus de 80 % des cas et de découverte fortuite fréquente sur
l’ASP.
Les calculs sont de nature cholestérolique : ils sont plus ou
moins imprégnés de sels de calcium et alors spontanément visibles
sur l’ASP (30 à 50 % des cas).
De localisation vésiculaire, cystique, cholédocienne ou intrahépatique, leur topographie est précisée par
des incidences en oblique et surtout par l’échographie.
La lithiase vésiculaire se situe dans l’aire de projection de la vésicule,
variable avec la forme et la taille du foie, dans un quadrilatère limité
par le dixième espace intercostal, la crête iliaque droite, le rachis et
la paroi abdominale latérale droite.
Le nombre, la taille et l’aspect
des calculs sont variables : les calculs les plus typiques, uniques ou
multiples, ont un centre clair limité par un liseré calcique et une
forme polyédrique.
Les calculs uniquement composés de bilirubinate
de calcium ont souvent un aspect moins évocateur, grosse
calcification homogène ou petits calculs uniformément opaques
remplissant la vésicule et formant une opacité granitée et piquetée.
La vésicule porcelaine est une forme particulière de cholécystite
chronique, pratiquement toujours associée à une lithiase vésiculaire :
elle est caractérisée par des calcifications pariétales, visualisées sur
l’ASP sous forme d’une incrustation calcique de la paroi vésiculaire
dessinant les contours de la vésicule.
Les calculs vésiculaires sont en règle faciles à différencier des
calcifications des cartilages costaux, intrahépatiques ou vasculaires,
de morphologie différente ou encore des calculs pyélocaliciels du
rein droit dont le siège est postérieur sur le cliché de profil.
Le calcul cholédocien est rarement calcifié et généralement non
visualisé sur l’ASP.
Le calcul unique radio-opaque se situe sur le
cliché de face en regard de L2-L3, à très faible distance du bord
droit des corps vertébraux.
Les calculs multiples (empierrement cholédocien) se disposent parfois en une bande verticale
paravertébrale qui fait soupçonner leur siège.
L’échoendoscopie
digestive est, à l’heure actuelle, l’examen le plus performant pour la
mise en évidence des calculs du bas cholédoque.
La lithiase intrahépatique, due à une sténose ou à une intervention
sur les voies biliaires (anastomose hépaticojéjunale sur anse en
« Y »), est en règle invisible sur le cliché d’ASP.
Beaucoup plus
rarement, les lithiases intrahépatiques observées dans la fibrose
hépatique congénitale, affection caractérisée par des dilatations
segmentaires des voies biliaires intrahépatiques, peuvent se
présenter sous forme de calcifications arrondies ou ovalaires
dessinant un ou plusieurs segments de l’arbre biliaire.
2- Images aériques des voies biliaires
:
La présence d’air dans les voies biliaires ou aérobilie se manifeste
sur l’ASP, plus volontiers en position debout, par des clartés
rubannées et ramifiées siégeant dans l’hypocondre droit.
Elle est à
différencier de l’aéroportie où les éléments gazeux canalaires sont
plus périphériques et présentent une ramification dichotomique
caractéristique des structures portales.
L’aérobilie d’origine iatrogène
est courante après anastomose biliodigestive ou sphinctérotomie.
Elle peut également être secondaire à une fistule biliodigestive ou,
plus rarement, à une angiocholite à germes pyogazeux.
La présence d’air dans la vésicule et/ou dans la paroi vésiculaire est
d’observation beaucoup plus rare et est le fait des formes graves de
cholécystite aiguë, cholécystite emphysémateuse du diabétique et
cholécystite gangréneuse du sujet âgé ou immunodéprimé.
Images pathologiques de l’hypocondre
gauche
:
A - RATE
:
L’ombre splénique normale n’est pas toujours visible du fait de
superpositions digestives opaques ou gazeuses, notamment chez les
sujets brévilignes.
De tonalité hydrique homogène, elle est limitée
en haut par la coupole diaphragmatique gauche et la paroi costale
latérale (9e, 10e et 11e côtes gauches), sa limite inférieure est
régulièrement arrondie et le grand axe de la rate, mesuré de son
pôle inférieur à la coupole, ne doit pas dépasser 13 cm.
1- Splénomégalie
:
L’augmentation de volume de la rate est de diagnostic clinique
confirmé par l’échographie.
Sur l’ASP, toute ombre splénique dont
le grand axe dépasse 16 cm est pathologique.
Une splénomégalie
peut entraîner un déplacement des structures adjacentes :
surélévation de la coupole diaphragmatique gauche, refoulement
vers la droite de l’estomac et vers le bas du côlon transverse et du
rein gauche.
Les étiologies de splénomégalie sont très diverses,
incluant notamment les grosses rates d’origine infectieuse, tumorale,
hématologique, métabolique de surcharge ou encore liées à une
hypertension portale.
2- Calcifications spléniques
:
Uniques ou multiples, elles sont souvent associées à une
splénomégalie et sont donc à rechercher, non seulement dans
l’hypocondre gauche, mais également dans le flanc, voire la fosse
iliaque gauches.
Les calcifications athéromateuses de l’artère splénique, fréquentes
chez le sujet âgé, s’accompagnent de calcifications de l’aorte
abdominale.
Celles de l’anévrisme de l’artère splénique forment une
image arrondie, liée à la disparité de calibre du vaisseau.
Les lésions kystiques sont souvent à l’origine de calcifications intraparenchymateuses.
Le kyste hydatique de la rate a les mêmes caractéristiques
radiologiques que celui du foie.
Les lésions kystiques non parasitaires incluent, d’une part les kystes
épithéliaux qui se calcifient dans 10 % des cas sous forme d’une
opacité en règle unique, arrondie et cernée d’un liseré calcique,
d’autre part les pseudokystes, formations à contenu sanguin
secondairement calcifiées, rapportées généralement à un
traumatisme ancien.
Les calcifications tuberculeuses sont multiples, grossières,
irrégulièrement arrondies, mouchetant l’ombre splénique et parfois
associées à des calcifications ganglionnaires.
L’infarctus splénique, quand il est dû à l’obstruction d’une artère de
gros calibre, réalise une calcification dense et bien limitée.
À
l’inverse, les infarctus multiples, liés à des obstructions artériolaires
distales, donnent lieu à des calcifications punctiformes disséminées
dans tout le parenchyme splénique.
Des calcifications spléniques s’observent également, comme dans le
foie, dans les hématomes vieillis, les lésions infectieuses (abcès,
brucellose, histoplasmose) et tumorales bénignes (hémangiome,
lymphangiome) ou malignes (maladie de Hodgkin, métastases
spléniques de maladie gélatineuse du péritoine d’origine ovarienne
ou appendiculaire).
B - ESTOMAC
:
À l’état normal, sur le cliché d’ASP en décubitus dorsal, l’air contenu
dans l’estomac se déplace vers l’antre et le corps de l’estomac, alors
que les liquides, notamment en période postprandiale, s’accumulent
dans la grosse tubérosité, plus déclive, créant ainsi une opacité de
tonalité hydrique (pseudotumeur gastrique) pouvant en imposer
pour une masse rénale, surrénalienne ou splénique.
Un simple cliché
en orthostatisme rétablit le diagnostic en montrant le classique
niveau liquide sous-diaphragmatique gauche de l’estomac en
réplétion.
1- Anomalies de taille
:
La stase gastrique chronique entraîne une dilatation de l’estomac en
rapport avec une obstruction mécanique (maladie ulcéreuse, tumeur
maligne, volvulus gastrique) ou avec un iléus fonctionnel
postopératoire, médicamenteux ou d’origine métabolique (urémie,
hypokaliémie).
2- Anomalies du contenu
:
Un estomac dilaté peut contenir des résidus alimentaires en grande
quantité, constituant alors un bézoard qui se manifeste sur l’ASP
par une masse hétérogène de l’hypocondre gauche.
La formation
des bézoards est le plus souvent secondaire à un geste chirurgical
type vagotomie tronculaire bilatérale avec pyloroplastie chez des
patients ayant un régime riche en fibres végétales.
Anomalies de situation
L’estomac peut être refoulé dans la cavité abdominale par une masse
développée aux dépens d’un organe de voisinage.
Tout ou partie de
l’estomac peut également migrer dans le thorax : ce déplacement est
mieux objectivé sur des clichés complémentaires de thorax de face
et de profil et est lié à des anomalies de la coupole diaphragmatique
gauche (hernie ou éventration) ou à une volumineuse hernie hiatale
par roulement.
Images pathologiques des régions pré et
paravertébrales :
A -
PANCRÉAS
:
Les anomalies observées sur l’ASP concernant la pathologie du
pancréas sont principalement en rapport avec la mise en évidence
de calcifications pancréatiques.
La pancréatite chronique calcifiante constitue la principale
étiologie de calcifications pancréatiques.
Celles-ci sont rencontrées
dans 20 à 40 % des pancréatites chroniques alcooliques et ne se
développent que 5 à 10 ans après le début des épisodes douloureux.
Elles correspondent à des calculs développés dans les canaux
pancréatiques, canalicules ou canaux principaux de Wirsung et de Santorini.
Sur l’ASP de face, l’aire de projection des calcifications
pancréatiques se situe en pré- et paravertébral de L1 à L3, se
prolongeant à gauche vers l’hypocondre.
Ces calcifications sont
mieux précisées par des incidences obliques en décubitus et, de
profil, elles sont prérachidiennes.
Elles forment de petites opacités
en général denses et nombreuses, de taille inégale inférieure à 5 mm,
groupées en amas, disséminées à l’ensemble de la glande ou
localisées à un secteur pancréatique.
Certaines opacités plus
importantes, de 5 à 15mm, correspondent à de gros calculs dans le
canal de Wirsung.
Ces deux types d’opacités peuvent être associés.
Des calcifications pancréatiques peuvent également se rencontrer :
– dans la fibrose kystique du pancréas, associée à un diabète, avec
typiquement des calcifications finement granuleuses ;
– au cours de l’évolution d’un pseudokyste avec parfois mise en
évidence d’une calcification annulaire ou curviligne ;
– dans certaines tumeurs pancréatiques (10 % des cystadénomes et
cystadénocarcinomes) ;
– certaines calcifications sont apparemment idiopathiques.
B - SURRÉNALES
:
Les glandes surrénales, dont l’aire de projection se situe au pôle
supérieur des reins de part et d’autre de D12 en regard de
l’extrémité interne des dernières côtes, ne sont pas visibles à l’état
normal sur le cliché d’ASP de face.
Une pathologie surrénalienne
peut se manifester par une augmentation de volume de la glande
et/ou par la présence de calcifications et est précisée par d’autres
techniques d’imagerie : examen tomodensitométrique, imagerie par
résonance magnétique (IRM) et scintigraphie.
1- Masse surrénalienne
:
Une volumineuse surrénale peut se présenter sous forme
d’une masse de tonalité hydrique pararachidienne abaissant l’ombre
rénale et refoulant les clartés digestives.
2- Calcifications surrénaliennes
:
De découverte fortuite ou plus rarement associées à une insuffisance
surrénale primitive (maladie d’Addison), se présentant sous forme
de calcifications denses, arrondies, multiples et irrégulières, elles
sont en rapport avec une granulomatose (tuberculose,
histoplasmose) ou une hémorragie surrénalienne passée inaperçue,
néonatale ou plus tardive.
Les formations kystiques surrénaliennes peuvent également se
calcifier, présentant alors une fine paroi calcifiée et contenant des
plages calcaires, qu’il s’agisse de vrais kystes surrénaliens (kyste
parasitaire, adénome et lymphangiome kystiques) ou de
pseudokystes consécutifs à une hémorragie surrénalienne.
Certaines tumeurs surrénaliennes (phéochromocytome :
calcifications en « coquille d’oeuf », ganglioneurome, corticosurrénalome)
sont parfois le siège de calcifications.
C - REINS
:
Le cliché d’ASP garde une place primordiale dans l’exploration de
l’appareil urinaire. Inaugurant tous les examens radiologiques avec
opacification, il reste indispensable au suivi de la maladie lithiasique
et de l’appareil urinaire opéré.
À l’état normal, les reins sont plus ou moins visibles suivant
l’abondance de la graisse rétropéritonéale.
En forme de haricot, de tonalité homogène, de contours réguliers, ils sont en situation latérorachidienne, leur bord interne flanquant le bord externe du
psoas, et ils s’étendent sur environ 12 cm, de D12 à L3 pour le rein
droit, 1 à 2 cmplus haut pour le rein gauche, suivant un axe oblique
en dehors et en bas.
La visibilité des ombres rénales, souvent altérée
par des superpositions gazeuses digestives, est améliorée par
certaines variantes techniques : clichés en procubitus ou sous
compression, coupes tomographiques.
Les images pathologiques visualisées sur l’ASP sont des
modifications de situation, de contours, de taille ou de densité des
ombres rénales qui sont explicitées par d’autres investigations
radiologiques telles que l’urographie intraveineuse, l’échographie,
l’examen tomodensitométrique, voire l’IRM.
1- Anomalies de situation
:
En dehors de la ptose du rein droit, banale chez le sujet longiligne et
accentuée par l’orthostatisme, des déplacements pathologiques des
ombres rénales à type de refoulement latéral ou vertical, de rotation,
voire de bascule des reins sur leur axe peuvent s’observer sur l’ASP.
Il s’agit, soit d’anomalies congénitales (rein en « fer à cheval », rein
ectopique), soit d’anomalies acquises (masse rénale ou extrarénale
de voisinage, déplaçant le rein).
2- Anomalies de contours
:
La perte de visibilité des contours d’un rein est liée, en dehors de
l’absence de rein (agénésie rénale, néphrectomie alors associée à une costectomie), à l’infiltration de la graisse périrénale par un
hématome ou un processus infectieux ou tumoral.
Les incisures des contours des reins témoignent, en règle générale,
d’une rétraction localisée par atrophie du parenchyme d’origine
congénitale (hypoplasie rénale segmentaire), infectieuse (tuberculose
et surtout pyélonéphrite chronique) ou vasculaire (infarctus rénal).
Les incisures liées à la persistance de la lobulation foetale et les
images d’empreinte splénique sur le rein gauche n’ont pas de valeur
pathologique.
Les bosselures et bombements polaires relèvent de nombreuses
néphropathies congénitales ou acquises (hydronéphrose,
tuberculose, affections kystiques et tumorales). Dans la polykystose,
les deux reins sont bosselés et volumineux.
Les cancers et les kystes
solitaires déterminent une bosselure unilatérale ou plus souvent un
élargissement polaire supérieur ou inférieur.
3- Anomalies de taille
:
L’augmentation de taille des reins est uni- ou bilatérale.
En dehors
d’une hypertrophie compensatrice avec rein controlatéral atrophié
ou d’une bifidité rénale, les gros reins sont consécutifs à une
dilatation du système excréteur (hydronéphrose, uropathie
obstructive) ou à une infiltration du parenchyme rénal d’origine
tumorale, infectieuse ou métabolique ou encore à une obstruction
vasculaire aiguë artérielle ou veineuse.
La diminution de taille des reins peut être unilatérale et, dans ce
cas, le rapetissement du rein est apprécié par comparaison avec le
rein opposé, une différence de hauteur n’étant significative que si
elle dépasse 2 cm.
Les causes les plus fréquentes en sont les
néphropathies congénitales (aplasie, hypoplasie) et acquises
d’origine infectieuse (tuberculose et surtout pyélonéphrite
chronique), vasculaire ou secondaire à une contusion rénale.
Si la
diminution de taille des reins est bilatérale, elle est plus difficile à
apprécier en raison des variations individuelles.
Les néphrites
chroniques en sont les principales responsables, une hypoplasie
rénale bilatérale étant plus rarement en cause.
4- Anomalies de densité
:
La présence de clartés aériques gazeuses en intra- ou périrénal est
d’observation rare, en rapport avec une fistule entéro-urinaire
(maladie de Crohn) ou avec une infection à germe anaérobie,
habituellement chez un patient diabétique.
En revanche, les
calcifications mises en évidence sur l’ASP dans les aires rénales sont
très fréquentes.
* Calcifications lithiasiques
:
L’ombre des calculs du rein et du bassinet se projette, de face, sur
l’aire rénale et, de profil, sur les corps vertébraux.
Leur visibilité sur
le cliché d’ASP dépend de leur composition chimique, 90 % des
calculs contenant des sels de calcium étant ainsi radio-opaques.
Les lithiases pyéliques sont de forme polymorphe, ronde, oblongue
ou triangulaire.
Certaines ont un aspect caractéristique : calculs
coralliformes phosphatiques, d’opacité franche homogène, de
contours lisses, moulant le bassinet et un ou plusieurs groupes caliciels, calculs oxaliques hérissés de spicules en forme d’« oursin »,
calculs de composition mixte donnant une opacité non homogène
stratifiée ou en cible à noyau central clair.
Les calculs caliciels se présentent comme de petits grains arrondis
ou des opacités mûriformes ou fusiformes.
Quand ils épousent la
forme du calice, ils ont un aspect caractéristique de clou.
La boue calcique se dépose à la partie déclive du bassinet ou d’une
cavité calicielle et n’est décelable qu’en position verticale.
* Calcifications non lithiasiques
:
La néphrocalcinose est caractérisée par la présence de calcifications
intraparenchymateuses bilatérales, occupant les régions
papillomédullaires le plus souvent et/ou corticales.
Elle résulte, soit
d’un dysmétabolisme calcique (notamment hyperparathyroïdie,
hypervitaminose D, sarcoïdose), soit de lésions rénales diffuses :
nécrose papillaire ou corticale et surtout ectasie canaliculaire
précalicielle (rein éponge) qui représente la cause la plus fréquente
des néphrocalcinoses de l’adulte.
Les calcifications correspondent
aux calculs développés dans les tubes collecteurs ectasiés et
apparaissent sous forme d’opacités arrondies ou linéaires de
disposition radiaire au sommet des pyramides et épargnant toujours
la corticale.
Les calcifications rénales localisées sont :
– d’origine infectieuse : tuberculose (calcifications fréquentes
d’aspect polymorphe : plages calcifiées peu denses du rein mastic,
concrétions irrégulières des tuberculomes calcifiés), kyste hydatique
(calcifications d’aspect analogue à la localisation hépatosplénique
mais plus rare), abcès à pyogènes, pyélonéphrite xanthogranulomateuse
(calcifications hétérogènes) ;
– d’origine tumorale : le kyste simple se calcifie exceptionnellement.
En revanche, des calcifications sont présentes dans 6 % des néphrocarcinomes, intratumorales d’aspect granuleux ou
péritumorales curvilignes en « coquille d’oeuf » ;
– d’origine vasculaire : les calcifications des artères rénales sont
fréquentes, notamment chez les diabétiques, et l’anévrisme de
l’artère rénale réalise une image annulaire.
D - ESPACE RÉTROPÉRITONÉAL EXTRAVISCÉRAL
:
1- Aorte abdominale
:
Sur l’ASP de face, l’aorte abdominale se projette sur la partie gauche
du rachis et, de profil, elle est située juste en avant des corps
vertébraux.
Les calcifications de l’aorte abdominale, si elles sont pratiquement
constantes à partir d’un certain âge, ont, quand elles sont vues à un
âge précoce, une signification pathologique en rapport avec un
diabète ou une insuffisance rénale chronique.
Elles réalisent des
calcifications linéaires discontinues dessinant les bords du vaisseau,
pouvant s’étendre aux branches viscérales de l’aorte abdominale et
aux artères iliaques.
L’anévrisme de l’aorte abdominale, souvent asymptomatique, est
une découverte fortuite fréquente sur le cliché d’ASP.
En raison de
son évolution constamment défavorable, son diagnostic et son
extension, précisés par l’examen échodoppler ou tomodensitométrique,
voire l’artériographie, sont essentiels pour une
thérapeutique précoce et adaptée (simple surveillance ou traitement
chirurgical).
Le dépistage de l’anévrisme de l’aorte abdominale sur l’ASP est fondé sur une disparité de calibre du vaisseau,
une perte du parallélisme de ses bords calcifiés réalisant un
bombement arciforme latérorachidien le plus souvent gauche et
antérieur, d’où l’intérêt du cliché de profil.
Son extension en hauteur
est également appréciée sur l’ASP, en sachant qu’à son pôle
supérieur, un anévrisme dépassant le corps vertébral de L2 englobe
les artères rénales et qu’à son pôle inférieur, il peut se prolonger sur
les artères iliaques primitives.
Les volumineux anévrismes de l’aorte
abdominale réalisent des masses largement calcifiées à haut
potentiel de rupture qui sera soupçonné, en dehors du contexte
clinique alarmant, sur les signes radiologiques d’hémorragie rétropéritonéale, notamment l’effacement du bord externe des psoas
et des contours d’un ou des deux reins.
2- Masses rétropéritonéales
:
Elles se traduisent sur l’ASP par des modifications des structures
anatomiques délimitant ou jouxtant l’espace rétropéritonéal
(anomalies rachidiennes, effacement du bord externe du psoas,
déformation ou déplacement des clartés aériques digestives) et/ou
par des modifications de la densité radiologique de l’espace
rétropéritonéal (diminution de densité en cas de masse lipomateuse,
augmentation de densité pour les masses solides et liquides).
Elles
incluent les tumeurs rétropéritonéales primitives développées à
partir des tissus d’enveloppe de l’espace rétropéritonéal ou de
vestiges embryonnaires, les adénomégalies et tumeurs
ganglionnaires et les lésions non tumorales de l’espace
rétropéritonéal (abcès et hématome du psoas).
Images pathologiques du pelvis
:
A - VESSIE ET BAS URETÈRE
:
La vessie normale, quand elle est en réplétion, est visualisée sur
l’ASP comme une plage d’opacité sus-pubienne médiane, de tonalité
hydrique homogène, de forme ovoïde et de contours bien limités
par la graisse périvésicale.
1- Opacités vésicales
:
* Distension vésicale
:
Le globe vésical se manifeste sur l’ASP par une volumineuse masse
abdominopelvienne de topographie médiane.
Il est lié à l’existence
d’un obstacle sur le bas appareil urinaire comme l’hypertrophie
prostatique chez l’homme, ou à une atonie vésicale postopératoire,
médicamenteuse ou de cause neurologique.
* Lithiase urinaire basse
:
Les calculs du bas uretère siègent avec prédilection dans la portion intramurale.
Leur diagnostic est parfois difficile en raison des
superpositions osseuses du trajet urétéral, nécessitant des incidences
en oblique, et de la diversité des concrétions non calculeuses de
l’étage pelvien : phlébolithes (calcifications arrondies à centre clair),
calcifications ganglionnaires (d’aspect mûriforme), calcifications
artérielles (linéaires, parfois sinueuses, en « double traînée »),
calcifications ligamentaires sacrosciatiques (fines, rectilignes et
orientées dans le sens des ligaments).
De taille et de densité
variables, les calculs des bas uretères qui épousent le moule de la
lumière urétérale sont reconnus par leur situation et leur forme,
ovoïde à grand axe oblique, en bas et en dedans pour le segment
pelvien, horizontal paramédian pour la portion intramurale.
Les calculs vésicaux sont objectivés sur l’ASP dans environ
deux tiers des cas.
Plus souvent uniques que multiples, volontiers
de grande taille, de forme ovoïde, d’opacité homogène, de contours
lisses, de siège médian ou paramédian dans un diverticule vésical,
ils sont mobiles suivant l’état de réplétion vésicale.
Leur diagnostic
est précisé après opacification de la vessie par urographie
intraveineuse ou cystographie rétrograde.
* Corps étrangers intravésicaux
:
Quelle que soit leur nature (compresse oubliée, fil de suture non
résorbé, objets introduits volontairement par l’urètre), ils se
recouvrent progressivement d’une couche calcaire et se présentent
alors comme des calculs.
* Calcifications pariétales
:
Dans la bilharziose, des calcifications vésicales existent dans
20 à 30 % des cas, souvent associées à des dépôts calcaires des bas
uretères ou à des calculs vésicaux.
Quand la vessie est pleine, elles
dessinent un liseré arciforme cernant tout ou partie du contour
vésical ou des rubans plus larges de structure stratifiée.
Après
miction, elles se recroquevillent et prennent un aspect froissé
caractéristique.
La tuberculose vésicale donne des dépôts calciques analogues à ceux
de la bilharziose au voisinage des méats urétéraux et de la calotte
vésicale.
Plus rarement, la vessie est tapissée d’une mince couche
calcaire répartie sur toute sa surface, réalisant l’aspect de vessie
porcelaine.
Des incrustations calciques se voient également dans les cancers
vésicaux (calcifications curvilignes ou en amas irréguliers) et dans
les hémangiomes (calcifications punctiformes).
2- Images aériques vésicales
:
La présence d’air endovésical donne lieu à une pneumaturie et
résulte de causes diverses : injection d’air après cathétérisme vésical,
fistule vésico-intestinale sur lésion digestive inflammatoire
(sigmoïdite diverticulaire, maladie de Crohn) ou tumorale
néoplasique, fistule vésicogénitale chez la femme (vésico-utérine
après césarienne, vésicovaginale au cours de l’évolution d’un cancer
du col utérin).
L’ASP en décubitus montre une bulle pelvienne, à
différencier d’un gaz intestinal, se transformant en image
hydroaérique sur le cliché debout.
Plus rarement, dans certaines cystites emphysémateuses à germes
anaérobies du diabétique, l’air se développe dans l’épaisseur de la
paroi vésicale, donnant lieu sur l’ASP à un liseré clair gazeux
entourant la vessie.
B - APPAREIL GÉNITAL
:
1- Chez l’homme
:
Les calcifications prostatiques sont situées derrière la symphyse
pubienne dont elles débordent parfois le contour supérieur.
Il s’agit,
soit de calculs se développant dans des cavités de prostatite
chronique et se présentant sous forme d’opacités plus ou moins
volumineuses, irrégulières et regroupées en amas, soit de
calcifications punctiformes, fréquentes chez le sujet âgé, occupant
l’un ou les deux lobes prostatiques et correspondant à une polymicrolithiase développée dans les cryptes glandulaires d’une
prostate saine.
Les calcifications des vésicules séminales, en « moustache » suspubienne,
et des canaux déférents, en « corne d’aurochs », se voient
chez les diabétiques et dans la tuberculose génitale.
La lithiase de l’urètre siège en général sur l’urètre postérieur et se
traduit par une calcification médiane sous-symphysaire.
2- Chez la femme
:
La réalisation d’un cliché d’ASP chez la femme en période d’activité
génitale nécessite avant tout d’avoir écarté une grossesse débutante.
L’ASP permet de reconnaître et de situer des anomalies concernant
la pathologie utéroannexielle et les données fournies par l’ASP sont
ensuite confrontées à celles des autres examens d’imagerie,
hystérosalpingographie, échographie, examens tomodensitométriques,
voire IRM.
Les masses tumorales génitales réalisent des opacités pelviennes de
tonalité hydrique qui, selon leur localisation médiane ou latérale,
orientent vers une atteinte utérine ou annexielle.
Si leur taille est
suffisante, elles peuvent déplacer les organes de voisinage en
refoulant les clartés gazeuses digestives ou l’ombre vésicale.
Les images de calcifications concernent :
– l’utérus : les fibromes calcifiés sont fréquents, se présentant
sous forme de calcifications médianes ou paramédianes, denses,
isolées ou en amas, d’aspect granulaire ;
– les trompes : la tuberculose génitale ainsi que les séquelles de
processus inflammatoires ou hémorragiques pelviens donnent de
fines calcifications tubaires, de siège paramédian ;
– les ovaires :
– le kyste dermoïde est aisément reconnu, se manifestant
par la présence d’ossifications ou de structures tissulaires
radiologiquement identifiables, tels que des dents ou du tissu
graisseux reconnaissable à sa moindre densité radiologique ;
– le cystadénome ovarien est évoqué devant des calcifications
punctiformes dans l’aire de projection tumorale ou à distance en
cas de dissémination métastatique péritonéale, hépatique ou
splénique ;
– plus rarement, on peut observer une volumineuse concrétion
ou un liseré calcique dans une tumeur germinale ou sur le
pourtour d’un kyste.
Images pathologiques de topographie
ubiquitaire :
A - TRACTUS INTESTINAL
:
L’appareil digestif est un organe tubulé dont la lumière se modifie
sans cesse sous l’effet du péristaltisme intestinal, entraînant une
grande variabilité dans le temps des images observées.
D’une
manière générale, les anses grêles ont une topographie centrale, leur
calibre n’excède pas 2,5 à 3 cm et sont munies de valvules
conniventes traversant la totalité de leur lumière.
Le côlon, plus
large, est périphérique ; il contient des résidus stercoraux visibles
sous forme d’un granité notamment cæcal ou rectal et les haustrations coliques n’occupent qu’une partie de la lumière colique.
1- Anomalies de répartition du tractus intestinal
:
Elles sont d’origine soit congénitale (situs inversus, mésentère
commun plaçant les anses grêles à droite, le côlon à gauche et le
cæcum en position médiane), soit acquise, postopératoire ou liée à
un refoulement par une masse développée aux dépens d’un organe
de voisinage ou encore secondaire à une éventration ou une hernie
pariétale.
2- Anomalies de calibre du tractus intestinal
:
Dans les dilatations fonctionnelles, l’hypotonie digestive peut
provoquer une distension intestinale modérée dont les causes sont
nombreuses : toxique (saturnisme, morphinomanie), neurologique
(slérose en plaques, maladie de Parkinson, myopathie...),
métabolique (myxoedème, hypokaliémie), postopératoire ou encore
faisant suite à un alitement prolongé.
Un rétrécissement étendu du cadre colique peut s’observer sur l’ASP,
traduisant le plus souvent un processus de colite.
3- Anomalies du contenu intestinal
:
Le fécalome, observé chez les sujets alités et les psychotiques traités,
se traduit par un aspect granité du contenu colique pouvant
entraîner une dilatation monstrueuse du rectum.
Le stercolithe appendiculaire, correspondant à un fécalome calcifié
piégé dans l’appendice, est reconnu par son siège dans la fosse
iliaque droite.
Il prédispose à l’appendicite aiguë où il est visualisé
sur l’ASP dans 14 % des cas.
L’ASP permet de détecter et de localiser des corps étrangers de
nature très diverse introduits par voie orale ou rectale,
accidentellement ou volontairement.
La pneumatose kystique du côlon, plus rarement du grêle, est
décelée sur l’ASP par la présence de bulles gazeuses intrapariétales
groupées en « grappes de raisin » dans la région cæliaque.
Caractérisée par l’existence de bulles gazeuses volumineuses dans
la sous-muqueuse et la sous-séreuse intestinales, de pathogénie mal
connue, survenant chez l’adulte d’âge moyen le plus souvent sur un
dolichosigmoïde, la pneumatose kystique, d’évolution bénigne, est
à différencier de la pneumatose linéaire de la paroi intestinale
s’observant dans les colites gangréneuses.
B - PÉRITOINE
:
Les anomalies observées sont liées, soit à la présence d’air
(pneumopéritoine) ou de liquide (ascite) dans la cavité péritonéale,
soit à l’existence de calcifications sur les feuillets péritonéaux.
1- Pneumopéritoine
:
Sur le cliché d’ASP en décubitus, l’épanchement gazeux
intrapéritonéal se traduit par la présence d’air dans l’espace interhépatorénal
de Morisson réalisant la classique image du « chapeau
des doges de Venise » dans l’hypocondre droit, par la visualisation
du ligament falciforme du foie sous forme d’une opacité linéaire
paravertébrale droite ou encore par une « pariétographie gazeuse »
des anses grêles silhouettées par l’air intrapéritonéal.
En
orthostatisme, l’air contenu dans la grande cavité péritonéale peut
mettre jusqu’à 10 minutes pour se manifester sous forme d’un
croissant gazeux sous-diaphragmatique uni- ou bilatéral qui est à
différencier d’autres clartés gazeuses sous-diaphragmatiques non
pathologiques comme l’interposition interhépatodiaphragmatique
du côlon droit facilement reconnue sur la présence de haustrations
coliques ou le météorisme abdominal.
Pour être visualisée sur l’ASP,
la quantité d’air dans la cavité péritonéale doit être supérieure à
10 mL.
Le pneumopéritoine, en dehors des situations d’urgence
(perforation d’organe creux) s’observe en postopératoire
(postlaparotomie ou laparoscopie, après dialyse péritonéale) : il peut
être visible jusqu’à 3 semaines après la manoeuvre iatrogène.
Il
régresse jour après jour sur les clichés successifs, une aggravation
traduisant en règle une complication du geste chirurgical comme un
lâchage de suture.
2- Ascite
:
Elle se manifeste sur l’ASP à condition que l’épanchement liquidien
intrapéritonéal soit suffisamment abondant, l’échographie et
l’examen tomodensitométrique étant beaucoup plus sensibles pour
la détection des épanchements minimes.
En décubitus et en péritoine
libre, le liquide se collecte dans les régions déclives de l’abdomen.
Sur l’ASP, outre une grisaille diffuse effaçant l’ombre de la pointe
du foie, elle se manifeste par un élargissement des gouttières
pariétocoliques notamment droite, par une opacité des récessus
paravésicaux créant dans le pelvis, quand la vessie est en réplétion,
l’image dite en « oreilles de Mickey » ou encore par des
modifications des anses grêles entre lesquelles s’insinue le liquide
d’ascite.
Les causes d’ascite sont diverses incluant classiquement les
ascites transsudatives (hypertension portale, insuffisance cardiaque
ou rénale, hypoprotidémie, obstruction du système lymphatique) et
les ascites exsudatives d’origine infectieuse (tuberculose) ou
tumorale bénigne (syndrome de Meigs) et maligne (néoplasies
ovarienne ou gastro-intestinale principalement).
3- Calcifications péritonéales
:
Les ganglions mésentériques calcifiés, très fréquents, sont de siège
variable, mobiles et d’aspect mûriforme.
Ils sont rapportés à des
séquelles de primo-infection tuberculeuse intestinale et sont à
différencier de calcifications abdominopelviennes d’autre origine,
notamment lithiasique ou intraparenchymateuse.
Des calcifications péritonéales s’observent également dans les
implants métastatiques d’origine ovarienne et dans l’exceptionnel
lithopédion où l’ASP met en évidence un foetus calcifié, résultat final
d’une grossesse extra-utérine non diagnostiquée implantée sur le
péritoine.
C - PAROI ABDOMINALE. CADRE OSSEUX
:
Les calcifications des cartilages costaux se traduisent par des
opacités arciformes des deux hypocondres, les injections
intramusculaires de produit opaque par des opacités des fosses
iliaques.
Les ostéomes de paroi, les cicatrices calcifiées sont
diagnostiqués sur la notion d’une intervention chirurgicale
antérieure.
Les tumeurs cutanées, les parasitoses (filariose),
les corps étrangers, les abcès et les hématomes calcifiés sont
reconnus par l’anamnèse et l’examen clinique.
L’étude du squelette osseux doit être attentive, à la recherche
notamment de localisations secondaires ou d’anomalies ostéoarticulaires comme une spondylodiscite ou une sacro-iliite
bilatérale permettant d’orienter le diagnostic étiologique d’une
affection abdominopelvienne.
D - MATÉRIEL IATROGÈNE
:
L’ASP garde une place irremplaçable dans la surveillance de la mise
en place de matériel iatrogène radio-opaque à visée curative.
Après
procédure de radiologie interventionnelle, l’ASP permet de vérifier
la position de matériaux divers comme celle de filtres caves, de
stents vasculaires artériels, biliaires ou urinaires, de coils
d’embolisation ou de drains de néphrostomie percutanée.
Il met
également en évidence les clips chirurgicaux, le matériel prothétique
mis en place pour cure d’éventration ou de hernie, les shunts ventriculopéritonéaux ou encore les dispositifs intra-utérins,
les anneaux de ligature de trompes ou pessaires après cure de
prolapsus utérin.
Il est indispensable pour contrôler le siège de
sondes digestives et urinaires ou de lames de drainage.
Il peut
également retrouver des corps étrangers oubliés lors d’une intervention chirurgicale et avoir ainsi une importance médicolégale.
Enfin, certaines procédures radiologiques avec opacification sont
facilement reconnues sur l’ASP : résidus barytés après opacification
digestive, résidus lipiodolés ganglionnaires après lymphographie ou
médullaires après myélographie.