Zona auriculaire
Cours d'ORL (Oto-rhino-laryngologie)
Historique
:
Le terme international « herpes zoster oticus », synonyme de zona
auriculaire au même titre que « herpes zoster auris », a été donné en
1904 par Koener qui décrivait un syndrome associant vésicules
auriculaires, paralysie faciale (PF) et une atteinte de l’oreille interne.
Cette forme clinique complète de zona auriculaire est connue en
France sous le nom de syndrome de Sicard.
En 1907, James Ramsay Hunt décrit pour la première fois l’atteinte
du ganglion géniculé dont résulte le zona auriculaire. Neurologue
dans le département de neurologie de la Cornell University College
de New York, il publie un article associant le syndrome clinique du
zona auriculaire, à une inflammation herpétique du ganglion
géniculé.
Il propose alors une classification en quatre stades du
syndrome portant son nom aujourd’hui.
Ce n’est qu’au début des années 1950 que Weller confirme, par
des techniques de virologie moderne, la relation entre zona et
varicelle, suspectée en début de siècle par Von Bokay.
Depuis les travaux de Hope-Simpson (1965), confirmés par les
récentes études de Mahalingam (1990), la physiopathologie du
zona est aujourd’hui établie.
Comme l’avait envisagé James Ramsay Hunt à l’époque, il est
actuellement admis que la varicelle constitue la primo-infection
généralisée de la maladie zostérienne, le virus varicelle-zona (VZV)
restant secondairement latent dans les neurones sensitifs.
Épidémiologie
:
Le VZV a une distribution géographique mondiale.
Le réservoir du
virus est strictement humain.
La contamination interhumaine directe
se fait par contact avec les lésions cutanées de la varicelle ou celles
du zona, ou par inhalation de gouttelettes respiratoires projetées par
les sujets atteints de varicelle.
Les études sérologiques montrent que plus de 95 % des adultes des
pays tempérés ont contracté la varicelle, le plus souvent dans
l’enfance.
Le zona survient uniquement chez les sujets ayant eu une primoinfection
à VZV.
Il peut survenir à tout âge, mais le risque augmente
avec l’âge.
L’incidence est maximale au-delà de 75 ans, avec un taux
de 1,4/100 personnes/an.
À 85 ans, 50 % des sujets auront eu un
zona.
Le zona n’a aucun caractère saisonnier et on n’observe pas
d’épidémie de zona.
Mais un sujet atteint de zona peut transmettre
une varicelle à des sujets réceptifs, avec un risque réduit aux deux
tiers par rapport au risque infectieux de la varicelle.
Les sujets immunodéprimés sont particulièrement exposés à
développer un zona, notamment les patients traités par
corticothérapie prolongée ou chimiothérapie anticancéreuse, ceux
transplantés, les individus infectés par le virus de
l’immunodéficience humaine (VIH) ou les porteurs d’atteintes
malignes hématologiques.
Physiopathologie :
Un unique agent viral est responsable de la varicelle et du zona, le VZV.
Le zona est une manifestation de récurrence du VZV atteignant 20 %
de la population.
Son expression clinique est très particulière, généralement limitée
au dermatome correspondant au ganglion sensitif dans lequel a lieu
la réactivation du virus.
Dans sa localisation auriculaire, le zona est dû à la réactivation du
virus VZV au sein du ganglion géniculé du nerf facial.
Le VZV est responsable de deux maladies : la varicelle qui
représente la primo-infection et correspond à une virose généralisée
avec virémie, et le zona qui en représente la réactivation.
Au cours de la varicelle, le virus pénètre dans l’organisme par les
muqueuses des voies aériennes supérieures et de l’oropharynx où le
virus se multiplie.
Puis le virus dissémine par voie lymphatique et
sanguine, et se multiplie dans les cellules du système
réticuloendothélial.
’est la période d’incubation.
Malgré le
développement de la réponse immune spécifique, une seconde
virémie permet au virus d’atteindre les cellules épithéliales, puis de
là l’organe cible, la peau et les muqueuses.
Après la primo-infection, le VZV gagne, à partir de la peau ou des
muqueuses, les ganglions nerveux sensitifs, soit par voie neurogène
ascendante le long des axones, soit par l’intermédiaire des leucocytes
du sang périphérique infectés.
Là, le virus reste latent toute la vie.
Lors du zona, le virus migre le
long des fibres nerveuses sensitives jusqu’à la peau où il produit
une éruption vésiculeuse localisée radiculaire caractéristique.
L’histopathologie des lésions cutanées montre, comme au cours de
la varicelle, une ballonnisation cellulaire avec des inclusions et des
cellules géantes multinucléées.
De plus, au cours du zona, il existe
une inflammation aiguë du nerf sensitif et du ganglion
correspondant avec des hémorragies, des destructions neuronales et
une démyélinisation du nerf sensitif.
Au cours de la latence, la localisation cellulaire du virus au sein du
ganglion reste incertaine.
Certaines études montreraient la présence
d’acide désoxyribonucléique (ADN) viral au sein des neurones ;
d’autres, plus récentes, ont mis en évidence le virus dans les cellules
satellites des neurones.
Le zona, forme clinique de la réactivation du VZV, survient en
général une seule fois dans la vie.
Il est favorisé par l’âge et
l’immunosuppression.
Ces constatations ont amené Hope-Simpson à proposer un modèle dans lequel le zona apparaît
lorsque l’immunité de l’hôte passe sous un niveau critique.
Le
système immunitaire joue en effet un rôle important.
L’immunité
humorale permet de contenir le virus réactivé à un seul dermatome.
L’immunité cellulaire intervient dans le contrôle de la latence, son
rôle est prépondérant.
Virologie
:
Le virus VZV appartient à la famille des Herpesviridae, sous-famille
alpha-Herpesviridae.
La particule virale actuellement totalement séquencée est
constituée de quatre éléments :
– le noyau ou core, qui contient l’ADN viral enroulé autour d’une
bobine protéique ;
– la nucléocapside icosaédrique de 100 nm de diamètre constituée
de 162 capsomères ;
– le tégument, structure fibrillaire amorphe séparant la capside de
l’enveloppe ;
– l’enveloppe, constituée d’un double feuillet lipidique d’origine
cellulaire, où sont insérées des spicules glycoprotéiques
d’information virale.
Le génome viral est un ADN bicaténaire linéaire de poids
moléculaire de 125 kb.
Il contient des régions uniques, courte et
longue, avec des régions terminales répétées.
Comme les virus herpès simplex, le VZV possède une ADN
polymérase et une thymidine kinase.
Cette dernière permet la
phosphorylation des analogues nucléosidiques utilisés en
thérapeutique, les transformant en forme active.
La thymidine kinase du VZV est moins active que celle du virus
herpès simplex, expliquant l’efficacité imparfaite du médicament sur
le zona et la varicelle.
Le VZV est un virus très fragile dans le milieu extérieur.
Il est
sensible à la chaleur, les solvants des lipides, l’éther et le
chloroforme.
Son infectivité est liée à l’intégrité de son enveloppe.
Considérations neuroanatomiques :
Constituant la septième paire crânienne, le nerf facial est
essentiellement un nerf moteur ; il lui est adjoint le nerf
intermédiaire de Wrisberg (VII bis) qui est sensitif, responsable de la
zone de Ramsay Hunt, et qui assure une fonction sensorielle
gustative des deux tiers antérieurs de la langue.
En amont du ganglion géniculé, le nerf facial comporte un nombre
approximatif de 10 000 à 12 000 fibres nerveuses.
Parmi elles, 7 000 environ sont des fibres motrices myélinisées, le
reste du contingent renferme des fibres préganglionnaires
parasympathiques destinées à la sécrétion salivaire et lacrymale
(14 %) et les fibres du goût (18 %).
Le nombre de fuseaux neuromusculaires est presque nul, entraînant
un contingent très réduit de fibres nerveuses efférentes gamma.
Toutefois, la présence et la nature de fibres nerveuses afférentes ont
été décrites.
Ce sont des fibres de grand diamètre, probablement du groupe A2.
Elles participeraient à la sensation cutanée faciale en se superposant
à l’innervation du trijumeau, les deux innervations devant conserver
leur intégrité pour une sensation cutanée normale.
Le VII et le VII bis, accompagnés du VIII, pénètrent dans le canal de
Fallope en traversant le méat auditif interne.
Ils sont entourés d’une
enveloppe méningée en « doigt de gant ».
Le facial possède son propre canal osseux et est en général
accompagné par un prolongement méningé autorisant le liquide
céphalorachidien (LCR) à parvenir à proximité du ganglion géniculé.
Le canal intrapétreux, qui présente une longueur approximative de
30 mm, a été analysé du point de vue anatomique par Dobozi.
Ces constatations anatomiques montrent que dans les conditions
normales, il existe un rétrécissement à la jonction du conduit auditif
interne et du segment labyrinthique.
Les risques de syndrome canalaire du nerf facial sont donc
prédominants à sa partie proximale et non à sa partie distale.
Ceci
est confirmé par les explorations peropératoires de Esslen et Fisch qui démontrent que la lésion siège immédiatement à l’entrée du
canal de Fallope, qu’il s’agisse d’une PF idiopathique ou d’une PF
zostérienne.
La traversée de l’aqueduc de Fallope place donc les paralysies
faciales dans le cadre des syndromes canalaires.
À ce syndrome canalaire s’ajoute, dans la physiopathogénie de la PF zostérienne,
un effet cytopathogène direct du virus qui s’étend en « tache
d’huile » qui se transmet d’une cellule à l’autre directement, sans
passer par le milieu extracellulaire où il n’est pas possible de le
trouver.
Clinique :
A - ÉLÉMENTS DU DIAGNOSTIC CLINIQUE
:
La présentation clinique du zona auriculaire est extrêmement
polymorphe, elle peut être très pauvre ou au contraire très riche,
selon les cas.
La forme complète du zona auriculaire décrite par Ramsay Hunt
associe un syndrome infectieux général, un syndrome sensitif
(otodynie, éruption cutanée), parfois accompagné du trouble du
goût et une PF périphérique d’apparition secondaire.
Le syndrome général infectieux est volontiers discret, il évoque un
petit état grippal associant un malaise général et un fébricule à 38 °C.
Le syndrome sensitif (otodynie, anesthésie) est localisé au niveau de
la zone de Ramsay Hunt.
Il se caractérise le plus souvent par une
douleur vive, à type de sensation de cuisson, de brûlure plus ou
moins paroxystique.
Cette douleur, localisée à l’oreille, peut ensuite
s’irradier au territoire voisin ; elle s’estompe rapidement en 2 ou
3 jours ; chez les sujets âgés, elle peut persister pour revêtir le
caractère d’une véritable névralgie rebelle.
Puis 2 à 4 jours après le début des douleurs, l’éruption cutanée
caractéristique du zona se manifeste dans la zone de Ramsay Hunt,
c’est-à-dire la conque, le conduit auditif externe, la face externe de
la membrane tympanique et le tragus.
Elle se caractérise par la présence de petites vésicules reposant sur
un fond rouge remplies d’un liquide citrin, les vésicules sèchent, le
liquide brunit et une croûte se constitue.
La chute de cette croûte
fait apparaître une petite cicatrice blanchâtre, celle-ci brunit et reste
parfois indélébile.
L’évolution de cette éruption est très rapide, de sorte que souvent
seules les cicatrices apparaissent lors du premier examen.
À cette
éruption cutanée correspond une réaction ganglionnaire
inflammatoire dans les territoires de drainage lymphatique,
notamment dans la région mastoïdienne ou prétragienne.
D’autres signes sensitifs ont été rapportés, il s’agit d’une diminution
de la sensibilité dans le territoire de Ramsay Hunt mais également
de troubles du goût dans les deux tiers antérieurs de l’hémilangue.
La PF, qui constitue la manifestation la plus bruyante du zona
auriculaire, fait suite au syndrome sensitif souvent plusieurs jours
après le début des douleurs, de telle sorte que l’éruption a
fréquemment disparu lorsque la PF est constituée et que le patient
consulte.
L’évolution est souvent rapide, le syndrome général disparaît en
1 semaine, les signes cutanés en 3 à 4 jours et la PF s’atténue le plus
souvent en quelques semaines et, dans quelques cas, persiste avec
des séquelles importantes.
L’évolution de la PF zostérienne est plus sévère que celle de la PF a frigore, le pourcentage de patients gardant des séquelles étant
évalué, selon les études, entre 50 et 78 %.
Cependant, le zona auriculaire peut revêtir des formes cliniques
variées suivant l’importance respective des symptômes et l’extension
virale à d’autres nerfs.
B - CLASSIFICATION CLINIQUE
:
Se rapportant à la classification de Ramsay Hunt (1907), qui reste
toujours d’actualité, on peut décrire quatre stades cliniques :
1- Stade I ou zona auriculaire simple
:
Il associe une otalgie, des éruptions de vésicules dans le territoire
sensitif du nerf facial dans un contexte de syndrome infectieux, sans PF.
L’otalgie domine la scène, elle amène à pratiquer une otoscopie
souvent difficile car le conduit est oedémateux avec parfois des
vésicules sur sa paroi postérieure, le tympan est le siège d’une
inflammation diffuse (myringite).
L’examen complet recherche, dans
cette forme paucisymptomatique, la possibilité d’une éruption
buccale sur les deux tiers antérieurs de la muqueuse linguale sur la
région tonsillaire où l’on peut constater des ulcérations semblables à
celles que laissent des vésicules d’herpès simplex.
L’évolution de cette forme est généralement de courte durée, sur
1 semaine, mais les phénomènes douloureux peuvent persister et
prendre le caractère d’une névralgie rebelle.
À noter que suivant les caractères particuliers de l’éruption, on peut
décrire une forme érysipélateuse où la conque est infiltrée, vernissée,
très rouge, le conduit oedémateux est fermé, et des formes suppurées
hémorragiques.
Mais la plus importante est la forme fruste réduite à une ou
quelques vésicules pouvant passer inaperçues et entraînant de ce
fait des difficultés de diagnostic étiologiques.
2- Stade II ou zona auriculaire incomplet
:
Ce stade est caractérisé, en plus des signes algiques et cutanés, par
la présence d’une PF périphérique homolatérale.
Elle surviendrait
dans 12 % des zonas auriculaires selon Robillard en 1986 et se
situe en fréquence en deuxième place après les paralysies faciales a frigore.
Paul Truffert écrivait, en 1948 : « La PF ne survient qu’après
l’éruption 24 heures au moins et 15 jours au plus, habituellement au
quatrième jour ou au cinquième jour de l’éruption. »
S’il est habituel que la PF succède au syndrome sensitif, il a été
rapporté des cas où la PF précédait l’éruption de 10 à 15 jours.
Cette paralysie évolue habituellement en 6 semaines vers la
stabilisation avec des séquelles définitives dans 44 % des cas pour Kasawski et 35 % des cas pour Robillard.
Il n’existe aucun rapport entre l’intensité de la PF et celle de
l’éruption.
Parfois, la PF s’installe alors que les vésicules sont
difficilement reconnaissables sur un fond d’otite externe diffuse.
Il faut cependant évoquer, comme le mentionne Souques,
l’étiologie zostérienne devant toute PF périphérique douloureuse.
3- Stade III ou zona auriculaire complet
ou syndrome de Sicard
:
Il associe les symptômes du stade précédent à des troubles de
l’audition et/ou de l’équilibre.
L’infection zostérienne ne reste pas
localisée au ganglion géniculé et s’étend au ganglion de Scarpa
et/ou à l’organe de Corti.
À la triade douleur-éruption-PF s’ajoutent des signes sensoriels.
Les
signes cochléaires sont caractérisés par des acouphènes aigus et une
surdité de perception est notée ; elle est habituellement modérée et
prédomine sur les fréquences aiguës.
La cophose est exceptionnelle.
Ces lésions sensorielles auditives sont habituellement irréversibles
et du moins toute récupération n’est que partielle.
Les signes vestibulaires apparaissent volontiers de façon retardée
par rapport aux autres manifestations du zona auriculaire et sont
précédés dans tous les cas par l’atteinte faciale.
Le début est souvent brutal prenant l’allure clinique d’une crise de Ménière, le vertige dure en moyenne 2 à 3 jours, procédant par
paroxysmes avec des phases de régression.
Il correspond, sur le plan
électrique, à une hypo- ou une aréflexie vestibulaire, analogue à celle
d’une neuronite vestibulaire.
Il existe des formes où les signes vertigineux sont fugaces et parfois infracliniques, témoins les anomalies retrouvées en électromyographie
(EMG) dans le bilan de ces paralysies faciales.
Wayman estime à 5 % le nombre de vertiges à audition normale
et à 28 % l’association vertige-surdité.
Une hyperacousie est souvent notée, elle est le témoin indirect de la
paralysie du muscle stapédien et de la disparition du réflexe du
même nom.
Pour Mille et Adour, cette atteinte auditive, quelle qu’en soit la
manifestation, serait présente dans deux tiers des zonas auriculaires.
4- Stade IV ou zona auriculaire associé
à des zonas de la face et du cou :
Le zona auriculaire, qu’il soit total ou incomplet, peut
s’accompagner d’atteinte d’autres nerfs crâniens, en particulier
du V.
Cette forme est marquée par des douleurs névralgiques de la
face et l’éruption peut siéger dans le territoire sensitif d’une des
branches de ce nerf.
L’atteinte ophtalmique est particulièrement
redoutable en soi, l’association à une PF ne faisant qu’augmenter les
risques oculaires, l’absence de fermeture palpébrale aggravant les
lésions spécifiques de l’atteinte ophtalmique et de l’insensibilité
cornéenne.
Plus rarement, le zona auriculaire est associé à un zona du IX et
du X avec des douleurs pharyngées et des vésicules sur l’hémipalais,
la luette et les piliers des loges amygdaliennes.
On peut noter également des associations avec des troubles des nerfs
moteurs oculaires et des nerfs olfactifs.
L’association d’un zona cervical est également exceptionnelle, c’est
à la suite de la description d’un tel syndrome diffus que Ramsay
Hunt a donné son nom au zona auriculaire en langue
anglo-saxonne.
Diagnostic positif
:
A - DIAGNOSTIC CLINIQUE :
Le diagnostic du zona est un diagnostic clinique dans la très grande
majorité des cas.
L’aspect de l’évolution et son caractère métamérique en sont
caractéristiques.
Cependant, la présentation polymorphe du zona auriculaire rend
parfois le diagnostic clinique difficile.
Il faut donc toujours penser à l’étiologie zostérienne devant une PF
douloureuse accompagnée ou non d’éruption et de troubles audiovestibulaires.
Le diagnostic virologique et sérologique prend tout son intérêt dans
les formes graves et atypiques.
B - DIAGNOSTIC VIROLOGIQUE :
Le diagnostic direct repose sur la mise en évidence du virus ou de
ses structures, antigènes viraux ou génome viral.
La technique de référence est l’isolement du virus en culture
cellulaire.
La difficulté réside en la grande fragilité du virus dans le
milieu extérieur, nécessitant une inoculation au lit du patient ou un
transport rapide du prélèvement au laboratoire, dans un milieu pour
virus.
Les prélèvements les plus intéressants sont le liquide
vésiculaire ponctionné à la seringue, l’écouvillonnage du plancher
et de la périphérie d’une lésion, éventuellement une biopsie cutanée.
Le virus se multiplie sur des systèmes cellulaires humains ou
simiens, avec un effet cytopathique caractéristique en 3 à 12 jours,
sous forme de cellules de taille inégale, éparpillées sur un foyer
granuleux.
Une autre technique plus rapide consiste en la détection
d’antigènes viraux après 48 heures de culture.
Le diagnostic direct rapide consiste en la détection d’antigènes
viraux sur un frottis de lésions cutanées, en utilisant des anticorps
monoclonaux, en immunofluorescence directe.
Cette technique est
moins sensible que l’isolement en culture et dépend du nombre de
cellules analysées.
Le cytodiagnostic de Tzanck appliqué au frottis de lésions met en
évidence la présence de cellules ballonnisées ou d’inclusions virales,
sans distinction entre les différents virus du groupe herpès.
L’utilisation des techniques de biologie moléculaire permet
d’augmenter la sensibilité des techniques classiques.
En pratique, la détection de l’ADN viral est réalisée essentiellement par
amplification génique ou polymerase chain reaction (PCR).
L’absence
de standardisation, l’existence possible de faux positifs et l’extrême
sensibilité de la PCR rendent l’interprétation de cette technique
délicate.
Différents travaux démontrent la présence du génome viral dans les
lésions auriculaires et/ou les leucocytes du sang périphérique de
patients présentant un syndrome de Ramsay Hunt, ainsi qu’au
niveau du ganglion géniculé.
Dans son étude, Murakami et
al ont mis en évidence l’ADN du virus dans des exsudats de peau
obtenus par grattage au niveau du pavillon de l’oreille, chez 67 %
de patients présentant un zoster sine herpete et 71 % des patients
développant un syndrome de Ramsay Hunt avant l’apparition des
vésicules.
Dans le but d’éviter tout retard à la mise en route du
traitement antiviral spécifique, ces auteurs proposent la recherche
du virus par PCR devant toute PF périphérique aiguë.
C - DIAGNOSTIC SÉROLOGIQUE :
Il consiste en la mise en évidence d’anticorps spécifiques, de type
immunoglobuline G (IgG), IgM ou IgA, par technique
immunoenzymatique ou en immunofluorescence indirecte.
Au cours
du zona, une ascension significative du titre des anticorps de type IgG est observable sur deux sérums prélevés à 15 jours d’intervalle.
Les IgM sont fugaces, mais de grande valeur lorsqu’ils sont présents.
Les IgA sont présentes aussi bien au cours de la primo-infection que
lors des récurrences.
Ce diagnostic présente peu d’intérêt en pratique thérapeutique, car
il est tardif.
Diagnostic différentiel
:
L’éruption ne doit pas être confondue avec l’impétigo dont
l’extension est plus rapide, plus étendue, avec des ulcérations
suintantes, et l’herpès dont les vésicules sont analogues aux
vésicules zostériennes mais ne reposent pas sur une base
érythémateuse comme ces dernières.
Elles sortent plus rapidement sans laisser de trace, l’éruption ne se
fait pas sur un territoire nerveux déterminé.
En pratique, le diagnostic est souvent à discuter avec une otite
externe diffuse simple ou associée à une otite moyenne.
Le début de l’éruption vésiculeuse a pu en effet passer inaperçue et
l’on ne se retrouve plus que devant un conduit et un pavillon
inflammatoire.
Le diagnostic peut être très difficile et cependant particulièrement
important à préciser en raison des déductions thérapeutiques.
Devant une PF, la discussion étiologique ne s’envisage que lorsqu’il
n’existe pas d’éruption cutanée et un syndrome douloureux absent.
Il faut en fait discuter l’ensemble des étiologies des paralysies
faciales périphériques de type a frigore.
De nombreux autres agents viraux peuvent être impliqués (virus
herpès simplex [VHS], cytomégalovirus, adénovirus, virus des
oreillons, VIH).
Il faut également éliminer une maladie de Lyme due à un spirochète
(Borrelia burgdorferi) et transmise par la tique brune du chien.
Les notions de séjour en zone d’endémie, de piqûre et d’érythème
migrant sont évocateurs du diagnostic.
La PF au cours de l’évolution
d’une maladie de Lyme est une éventualité habituelle puisqu’elle
représente la manifestation neurologique périphérique la plus
fréquente et survient dans 24 % des malades vus en phase
secondaire ou tertiaire, et dans 31 % des malades avec une forme
neurologique de la maladie.
Lorsque la PF s’associe à des troubles cochléovestibulaires, et
notamment en cas de « syndrome faciovestibulaire », le diagnostic
de syphilis peut être envisagé.