La protéinurie est la
manifestation la plus commune des maladies rénales. Sa recherche
fait partie de l'examen médical et est très facile, au moyen de
la bandelette urinaire. Une fois décelée, il est important de la
caractériser de façon quantitative et qualitative. Elle doit
conduire à une enquête étiologique rigoureuse.
RAPPEL PHYSIOLOGIQUE
Hormis de rares exceptions, les protéines retrouvées dans les
urines ont une origine plasmatique.
Elles sont initialement filtrées par les glomérules, puis
partiellement réabsorbées et détruites dans les cellules
tubulaires par un processus d'endocytose.
Filtration glomérulaire :
Barrière glomérulaire :
Les capillaires glomérulaires sont une barrière au passage des
macromolécules circulantes. Cette barrière comprend trois
couches distinctes qui sont de dedans en dehors:
* la lamina fenestra des cellules endothéliales, perforée de pores
de 500 à 1000A°, laissant passer librement les protéines.
* la membrane basale, d'épaisseur 3 200A°, composée de trois
couches, dans laquelle on ne voit pas de pores.
* la couche des pédicelles des cellules épithéliales, séparées par
des fentes de filtration laissant un espace de 250 à 500A°,
recouvertes d'une fine membrane.
Facteurs de filtration :
Les différents facteurs qui interviennent dans la filtration
glomérulaire des macromolécules circulantes sont:
* la taille desmolécules:
- la limite est facilement précisée puisque l'injection
intravasculaire d'hémoglobine (PM 68 000) et demolécules plus
petites entraîne leur apparition rapide dans les urines, alors
que 'albumine (PM 70 000) ne s'élimine pas.
- de plus, l'étude de la clairance fractionnelle des dextrans
(polymère inerte, ni réabsorbé ni excrété par le tube rénal) a
permis de montrer que lesmolécules dont la taille dépasse 42A°
ne traversent pas la barrière glomérulaire.
- la configurationmoléculaire des protéines joue aussi un rôle dans
le passage transglomérulaire.
* les conditions hémodynamiques locales: les processus de
filtration dépendent du débit sanguin glomérulaire, du gradient
de pression transmembranaire, de la concentration des protéines
dans l'artériole afférente et du coefficient d'ultrafiltration
du capillaire glomérulaire.
* la charge électrique des protéines:
- les constituants du filtre glomérulaire ont une nature
polyanionique et forment en quelque sorte une barrière
électrostatique. En effet, la lamina rara externa, couche la
plus externe de la membrane basale, est riche en deux types
demolécules anioniques: des glycoprotéines ayant des résidus
riches en acide sialique et des protéoglycans riches en
groupements sulfates. Les cellules endothéliales et épithéliales
sont également couvertes de mucoprotéines riches en acide
sialique.
- la plupart des protéines et notamment l'albumine portent des
charges négatives, et une répulsion électrostatique se crée donc
entre ces protéines et la membrane glomérulaire.
- pour les macromolécules neutres, la membrane basale constitue le
principal obstacle, tandis que les fentes de filtration jouent
le principal rôle de barrière pour les protéines cationiques.
Réabsorption tubulaire :
Le rein réabsorbe, problablement par endocytose, la plus grande
partie des protéines filtrées, puis les catabolise par un
processus de digestion intracellulaire lysosomial.
Les produits de dégradation sont libérés dans l'interstitium et
dans les capillaires sanguins. Il est possible qu'ils jouent un
rôle dans les lésions interstitielles observées dans certaines
néphropathies glomérulaires chroniques avec protéinurie
abondante (et ainsi dans la progression de l'insuffisance
rénale).
Dans les néphropathies glomérulaires humaines, où la filtration des
protéines peut être massive, les phénomènes de réabsorption et
de catabolisme rénal peuvent devenir quantitativement
importants, expliquant en partie l'hypoprotidémie et
l'hypo-albuminémie du syndrome néphrotique.
Protéinurie physiologique :
Ces différents faits expliquent qu'il existe une protéinurie
physiologique.
- Son débit quotidien est faible et se situe aux environs de 80 ±
25mg/24 h.
- 55 à 60% de cette protéinurie sont d'origine plasmatique, 40%
d'origine rénale ou uro-génitale.
* La protéinurie d'origine plasmatique est non sélective et
constituée de 40% d'albumine (soit 30mg/24 h) et de 15 à 20% de
globulines (des IgG, IgA, IgD, des chaînes légères libres
d'immunoglobulines, des fragments Fc de chaînes lourdes d'IgG,
des bêta-2-microglobulines, des alpha-2-microglobulines, de la
transferrine...).
* La protéinurie d'origine rénale est constituée essentiellement
par la protéine de Tamm et Horsfall.
* La protéinurie d'origine uro-génitale est constituée par divers
déchets tissulaires plus ou moins protéolysés.
PROTEINURIES D'ORIGINE PLASMATIQUE :
Protéinurie physiologique :
Nous avons vu que 55 à 60% de la protéinurie physiologique sont
d'origine plasmatique.
Protéinuries liées à des modifications hémodynamiques
intrarénales :
* Ce mécanisme est invoqué pour expliquer la protéinurie associée
aux élévations de catécholamines ou d'activité rénine
plasmatique et d'angiotensine II qui accompagnent l'insuffisance
cardiaque ou l'HTA.
* Ces modifications hémodynamiques sont notamment invoquées pour
expliquer la protéinurie orthostatique, l'orthostatisme
provoquant la libération des catécholamines.
- Cette protéinurie est isolée, intermittente dans 80% des cas, ne
dépassant pas 1 à 2 g/24 h.
- Son caractère est non sélectif comme celui de la protéinurie
physiologique.
- Elle s'observe chez l'adolescent longiligne, en période de
croissance, et elle disparaît à l'âge adulte.
- Il est indispensable de vérifier son caractère strictement
orthostatique, toute protéinurie se majorant en orthostatisme.
* Des facteurs tels la chaleur, le froid, l'exercice peuvent
favoriser des épisodes transitoires de protéinuries de ce type.
* Enfin dans la grossesse normale, on peut observer une protéinurie
atteignant 300mg/24 h par ces mêmes mécanismes; elle doit être
distinguée de la protéinurie observée au cours de la
prééclampsie.
Protéinuries de surcharge :
Il s'agit de protéines dont la taille est inférieure à celle de
l'albumine, et qui sont retrouvées dans les urines en l'absence
de toute maladie rénale.
Ces protéines peuvent apparaître dans le plasma, filtrer à travers
la membrane glomérulaire, se trouver dans l'urine tubulaire en
quantité telle que les capacités de réabsorption sont dépassées
et donc être retrouvées dans les urines terminales.
Il s'agit essentiellement:
* de l'hémoglobinurie en cas d'hémolyse intravasculaire.
* de la myoglobinurie au cours de certaines maladies héréditaires
ou du syndrome de rhabdomyolyse.
* et de la protéinurie du myélome (chaînes légères
d'immunoglobulines). Cette protéinurie est fréquemment associée
à une insuffisance rénale en raison de sa néphrotoxicité.
A ce cadre appartient la protéinurie notée au cours des leucémies
monocytaires ou myélomonocytaires où il existe une production
accrue de lysozyme avec lysozymurie augmentée.
Protéinuries liées à une augmentation de la perméabilité
glomérulaire :
C'est le type le plus fréquent en rapport avec des anomalies de
structure ou de fonction de la paroi des capillaires
glomérulaires.
Le taux de la protéinurie est variable, parfois minime, souvent
important, voire massif pouvant dépasser 20 g/24 h.
En pratique, une protéinurie égale ou supérieure à 3 g/24 h est
synonyme de protéinurie glomérulaire.
Sélectivité :
L'albumine est le composant essentiel de la protéinurie
glomérulaire, mais d'autres protéines de haut poidsmoléculaire
peuvent être présentes.
* Une protéinurie est dite sélective si elle comprend plus de 80 à
85% d'albumine et quelques globulines de poidsmoléculaire
supérieur.
* L'indice de sélectivité glomérulaire peut être calculé par le
rapport de la clairance rénale de l'IgG sur la clairance de la
transferrine: inférieur à 0,10, la protéinurie est très
sélective; supérieur à 0,30, elle ne l'est pas.
* Il existe une certaine corrélation entre cet indice de
sélectivité et l'importance des lésions histologiques
glomérulaires (sélectivité de la protéinurie dans le syndrome
néphrotique à lésions glomérulaires minimes).
Micro-albuminurie :
Par ailleurs, on a montré qu'une faible albuminurie, supérieure aux
valeurs normales mais inférieure aux quantités habituellement
décelables, pouvait refléter de très discrètes altérations de la
perméabilité glomérulaire.
* Cette albuminurie quantitativement pathologique est appelée
micro-albuminurie, et elle est comprise entre 30 et 300mg/24 h.
On peut également effectuer le rapport micro-albumine sur
créatinine urinaires dans un échantillon d'urines recueilli le
matin au lever (normalement inférieur à 2,5mg/mmol de
créatinine).
* Elle serait le témoin d'une glomérulopathie a minima, du
retentissement rénal de l'HTA ou du diabète ou le témoin de la
persistance d'une glomérulopathie après guérison apparente.
* Sa valeur prédictive est surtout utile pour la surveillance de la
glomérulopathie diabétique. Son dosage est recommandé chaque
année:
- dès la découverte d'un diabète non insulinodépendant.
- et à partir de la 5expe année d'évolution d'un diabète
insulinodépendant.
Mécanismes :
Deux mécanismes physiopathologiques sont invoqués comme pouvant
être à l'origine de la protéinurie des néphropathies
glomérulaires:
* une diminution des charges électronégatives de la membrane
glomérulaire.
* ou des dépôts de complexes immuns cationiques sur cette membrane.
Grands syndromes glomérulaires :
Parmi les grands syndromes glomérulaires, on décrit:
* le syndrome néphrotique:
- défini par une protéinurie supérieure à 3 g/24 h et une
albuminémie inférieure à 30 g/l.
- il est dit pur lorsqu'il ne comporte ni HTA, ni hématurie, ni
insuffisance rénale et que la protéinurie est sélective.
* le syndrome néphritique aigu:
- défini par l'apparition brusque et simultanée d'une protéinurie
modérée, d'une hématurie microscopique ou macroscopique, d'une
HTA souvent mal tolérée, d'une hyperazotémie et d'une oligurie.
- témoigne d'une hypercellularité intraglomérulaire brutale.
* le syndrome de glomérulonéphrite rapidement progressive,
récemment individualisé en raison d'une symptomatologie rénale
univoque, indépendante de l'étiologie, dont la sévérité du
pronostic peut être enrayée par un traitement précoce:
- il est caractérisé par une protéinurie, une hématurie abondante
et une insuffisance rénale rapidement progressive.
- sa découverte doit conduire sans délai à pratiquer une biopsie
rénale car il traduit souvent l'existence d'une prolifération
extra-capillaire avec nécrose.
* le syndrome de glomérulonéphrite chronique est un terme utilisé
lorsque la protéinurie ne s'inscrit dans aucun de ces syndromes.
Protéinuries tubulaires :
Lorsqu'il existe une pathologie tubulaire, il n'y a pas de
modification de la charge filtrée des protéines, mais les
capacités de réabsorption tubulaire sont atténuées.
Il apparaît une protéinurie dépassant rarement 1 à 2g/24h.
L'albumine n'est pas la fraction prédominante, il s'agit plutôt de
postgammaglobulines, de bêta-2-microglobulines et de diverses
variétés de gammaglobulines.
Les différentes néphropathies à l'origine de cette protéinurie
tubulaire sont:
- les néphropathies interstitielles chroniques.
- les néphropathies tubulo-interstitielles aiguës.
- les néphropathies vasculaires.
PROTEINURIES D'ORIGINE TISSULAIRE :
L'urine normale contient près de 30mg/24 h de protéines d'origine
tissulaire.
Il s'agit essentiellement de la protéine de Tamm et Horsfall:
* cette mucoprotéine est fibreuse, s'agrège facilement, atteignant
des poidsmoléculaires variables selon le degré de polymérisation
(3,5.10exp6 à 28.10exp6).
* elle naît dans les cellules épithéliales de l'anse de Henlé, du
tube contourné distal et du tube collecteur.
* elle est sécrétée dans les urines et constitue le composant
majeur de la matrice des cylindres.
* son débit journalier est d'environ 25mg/24 h; il peut être
multiplié par 10 chez le sujet lithiasique.
Dans certaines conditions de pH, la myoglobine, l'hémoglobine et
les protéines myélomateuses pourraient précipiter avec la
protéine de Tamm et Horsfall.
Remarque :
On appelle protéinurie l'élimination dans les urines d'une quantité
de protéines supérieure à 100mg/24 h ou d'albumine supérieure à
30mg/24 h.
Circonstances de découverte :
Dépistage systématique :
La protéinurie est le plus souvent découverte à l'occasion d'un
dépistage systématique dans le cadre de la médecine préventive,
de la médecine du travail, de la médecine scolaire, d'une
vaccination ou d'une grossesse.
* Ce dépistage se fait par l'intermédiaire de bandelettes
réactives.
- Ces dernières sont imprégnées de bleu de tétrabromophénol et
tamponnées à pH 3.
- C'est une méthode très sensible qui détecte des protéinuries de
l'ordre de 100 à 200mg/l.
- Cette réaction est surtout sensible à l'albumine et peut ne pas
dépister les chaînes légères d'immunoglobulines.
- Elle permet, de plus, une appréciation semi-quantitative.
* Il faut apprécier conjointement la concentration urinaire car une
réaction peut être positive sur des urines très concentrées et
inversement être négative pour une faible protéinurie sur des
urines très diluées.
* De même des bandelettes périmées ou des urines alcalines peuvent
être à l'origine de faux positifs.
Autres circonstances :
Parfois la protéinurie est découverte:
* à l'occasion d'un symptôme évocateur d'une néphropathie ou d'une
uropathie tel que des œdèmes, une HTA, une hématurie
macroscopique ou microscopique, une infection urinaire.
* ou encore dans le cadre du bilan d'une maladie générale (lupus
érythémateux disséminé, angéite...), d'une maladie dégénérative
(diabète, amylose), soit déjà connues ou en cours
d'identification, soit dans le cadre de leur surveillance.
Exploration d'une protéinurie :
EXAMEN CLINIQUE :
Interrogatoire :
L'interrogatoire précise les circonstances et la date de
découverte. Il recherche:
* des antécédents personnels ou familiaux de néphropathie ou
d'uropathie, de goutte, de diabète, d'infection urinaire, d'HTA,
de prise d'analgésiques au long cours...
* des signes fonctionnels urinaires, des douleurs lombaires, une
hématurie, une infection récente surtout si elle est cutanée ou
ORL, des symptômes extra-rénaux et généraux (fièvre,
arthralgies, photosensibilisation, syndrome sec, syndrome de
Raynaud, douleurs osseuses...).
Examen physique :
L'examen physique doit être complet et comporter la prise du poids,
la mesure de la pression artérielle, l'appréciation du volume
urinaire journalier.
* Il recherche un syndrome œdémateux généralisé, une défaillance
viscérale notamment cardio-pulmonaire, des foyers infectieux,
des signes généraux et des anomalies extra-rénales.
* L'examen de l'appareil urinaire comporte la palpation des fosses
lombaires à la recherche de gros reins et n'oubliera pas les
touchers pelviens.
* L'examen sera complété par un fond d'œil utile pour apprécier la
gravité d'une HTA, l'existence d'une rétinopathie diabétique.
EXAMENS COMPLEMENTAIRES SYSTEMATIQUES :
Certains examens complémentaires sont systématiques comme:
* le dosage pondéral de la protéinurie sur la totalité des urines
des 24 heures, éliminant les causes d'erreur.
* l'ECBU à la recherche d'une infection urinaire et permettant
l'étude du sédiment urinaire (hématurie, leucocyturie parml).
* la créatinine plasmatique pour l'étude de la fonction rénale.
EXAMENS COMPLEMENTAIRES EN FONCTION DU CONTEXTE :
Examens urinaires :
Protéinurie de décubitus et d'orthostatisme Le dosage séparé
de la protéinurie sur les urines de décubitus
et d'orthostatisme est indiqué chez l'enfant, l'adolescent
et l'adulte jeune. Electrophorèse des protéines urinaires
* L'électrophorèse des protéines urinaires est indiquée en cas de
protéinurie importante, afin de préciser le caractère sélectif
ou non sélectif, et lorsque l'on suspecte une dysglobulinémie
monoclonale (notamment une protéinurie d'apparition récente chez
un sujet âgé).
* Cet examen peut être complété par:
- la mesure du rapport de la clairance des IgG sur celle de la
transferrine.
- le débit urinaire de la bêta-2-microglobuline, qui est augmenté
en cas de protéinurie tubulaire.
- et l'immunoélectrophorèse ou l'immunofixation des protéines
urinaires, pour apprécier qualitativement et quantitativement la
présence de chaînes légères urinaires.
Examens sanguins :
Les examens sanguins comporteront:
* le dosage de la protidémie complété par l'électrophorèse des
protides sanguins à la recherche de l'hypoprotidémie et
l'hypoalbuminémie du syndrome néphrotique.
* l'immunoélectrophorèse sanguine ou l'immunofixation avec le
dosage pondéral des immunoglobulines en cas de suspicion de
myélome.
* des explorations immunologiques (facteurs antinucléaires,
complément, test de Coombs direct, facteur rhumatoïde,
antistreptolysines et antistreptodornases, anticorps
anticytoplasme des polynucléaires, anticorps antimembrane basale
glomérulaire, cryoglobuline...) en cas de maladie générale.
* une numération sanguine, une glycémie, un ionogramme sanguin à la
recherche de désordres hydro-électrolytiques.
* un bilan lipidique (dyslipidémie du syndrome néphrotique).
* un bilan d'hémolyse en cas d'HTA sévère ou d'anémie régénérative.
Explorations radiologiques :
Radiographie de l'abdomen sans préparation et échographie :
Les explorations radiologiques débuteront par:
* un cliché de l'abdomen sans préparation complété au besoin par
des tomographies des aires rénales.
* une échographie rénale pour apprécier la taille et la morphologie
des reins et éliminer une dilatation des cavités excrétrices.
Urographie intraveineuse :
Une urographie intraveineuse sera pratiquée au moindre doute pour
apprécier l'arbre urinaire en entier à la recherche d'une
uropathie malformative, des lésions de pyélonéphrite chronique.
En effet, lorsque les reins sont de petite taille, la réduction
néphrotique induit une augmentation du débit et de la pression
sanguine dans les glomérules restants, pouvant être responsable
de lésions de hyalinose glomérulaire.
Celle-ci peut se manifester par une protéinurie de type
glomérulaire éventuellement abondante.
Biopsie rénale :
La biopsie rénale reste l'examen indispensable pour déterminer la
glomérulopathie responsable d'une protéinurie et dans une
certaine mesure en évaluer le pronostic.
Elle doit être effectuée en urgence dans le cadre des
glomérulopathies rapidement progressives, le pronostic rénal
étant lié à la rapidité de la conduite thérapeutique.
Méthode :
* La biopsie est effectuée le plus souvent par voie percutanée
(ponction-biopsie rénale ), les voies chirurgicale ou
transjugulaire étant réservées aux contre-indications de l'abord
transcutané.
* La préparation du malade à l'examen comporte une étude de la
morphologie rénale, un contrôle strict de la pression
artérielle, une étude de l'hémostase dont un temps de saignement
par la méthode d'Ivy, la détermination du groupe sanguin et la
recherche d'agglutinines irrégulières.
* La prévention des complications de la PBR s'appuie sur le respect
des contre-indications: HTA non contrôlée, troubles de
l'hémostase, rein unique anatomiquement ou fonctionnellement,
dilatation des cavités pyélocalicielles, petits reins
dédifférenciés.
* Dans le cadre d'une angéite, une artériographie rénale est
souvent effectuée préalablement, à la recherche de
micro-anévrismes.
* Le lieu électif de la biopsie est le pôle inférieur du rein
gauche.
- Deux fragments au moins sont prélevés pour l'analyse en
microscopie optique et en immunofluorescence.
- Un repos strict en décubitus dorsal pendant les 24heures
suivantes doit être observé avec surveillance de la pression
artérielle, de la fosse lombaire et de la coloration des urines.
Indications :
La biopsie rénale est schématiquement indiquée:
* dans le syndrome néphrotique de l'adulte, sauf chez le sujet
diabétique ayant des lésions de rétinopathie diabétique et dans
le cadre de l'amylose si le diagnostic a été porté par un autre
geste biopsique.
* dans le syndrome néphrotique du grand enfant, celui du nourrisson
quand il existe des signes d'impureté ou une résistance au
traitement corticoïde.
* dans le syndrome néphritique aigu en cas d'atypie ou si les
symptômes ne régressent pas dans les délais attendus.
* dans le syndrome de glomérulopathie rapidement progressive.
* dans le lupus érythémateux disséminé et les autres maladies
générales en cas d'atteinte rénale.
* dans les syndromes de néphropathie glomérulaire chronique où il
est important, notamment chez le sujet jeune susceptible d'être
un jour transplanté, d'identifier la glomérulopathie.
* dans le myélome en cas de forte albuminurie ou d'insuffisance
rénale.
* dans les néphropathies interstitielles en l'absence de maladie
urologique ou métabolique.
Autres circonstances :
La ponction-biopsie rénale:
* n'est pas indiquée dans le syndrome néphrotique pur et primitif
du petit enfant.
* est discutée dans les protéinuries isolées inférieures à 2g/24h.
* n'est pas indispensable dans la maladie de Berger évidente en
clinique (hématuries macroscopiques avec éventuellement
protéinurie survenant dans les 48 heures après une infection
rhinopharyngée chez un sujet jeune) en l'absence d'insuffisance
rénale et d'HTA.