Crénothérapie en oto-rhino-laryngologie

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Crénothérapie en oto-rhino-laryngologie
Définition :

Étymologie « crénothérapie » : grec krênê (source) et therapeia (soins).

Traitement par les eaux thermales – Cure thermale.

Tous ces termes peuvent être considérés comme des synonymes et définissent une seule et même chose :

l’utilisation sur le lieu de leur émergence du sol (le griffon) des eaux naturelles dites « eaux minérales » qui permettent, du fait de leurs caractéristiques physicochimiques, de réaliser un traitement de certaines affections oto-rhino-laryngologiques (ORL), en général chroniques, infectieuses ou allergiques.

Plus récemment (circulaire DGS/VS4 n° 2000/336 du 19 juin 2000), le ministère de la Santé a qualifié l’eau minérale comme « assimilable à un principe thérapeutique », pour justifier l’extrême vigilance dont elle doit faire l’objet dans les établissements thermaux.

Par ailleurs, le décret du 12 janvier 1922, modifié par le décret du 24 mai 1957, donne, dans son article 1, une définition administrative de ce qu’il faut entendre par « eau minérale » : « Les dénominations “eau minérale” ou “eau minérale naturelle” ou tout autre contenant ces mots, sont réservées aux eaux provenant d’une source dont l’exploitation a été autorisée par décision ministérielle dans les conditions prévues par les lois et règlements en vigueur. »

La décision réglementaire du ministre de la Santé intervient après enquête des différentes instances régionales, enquête du ministère de la Santé et de l’Agence française de sécurité sanitaire de l’alimentation (ASSA) et avis de l’Académie nationale de médecine.

Enfin, la crénothérapie n’a, évidemment, rien à voir avec la thalassothérapie même si, d’une certaine manière, l’eau de mer a un effet favorable sur la muqueuse respiratoire.

Historique :

Comme l’écrit en préface Guy Ébrard dans l’édition Expansion scientifique française intitulée « Mieux connaître les cures thermales » : « La crénothérapie n’a pas d’âge…

Elle reste, en effet, la plus ancienne thérapeutique naturelle qui ait résisté à l’épreuve du temps.

Elle a pu contempler les grandes découvertes de la médecine, cliniques ou thérapeutiques. »

L’origine de l’utilisation des eaux surgies du sol pour traiter des maladies se perd dans la nuit des temps.

Si les Égyptiens et les Grecs sont souvent évoqués, ce sont surtout des Romains dont on parle en évoquant les thermes romains ou gallo-romains.

Cette appellation a beaucoup participé à entretenir l’ambiguïté entre hygiène-confort et thérapie véritable, mais les vertus thérapeutiques d’un grand nombre de ces sources thermales sont rapportées dès l’époque romaine.

Chez les Celtes, les eaux minérales sont au premier plan de la thérapeutique.

L’art de guérir appartient aux druides et les sources, douées d’un pouvoir magique, ont leurs dieux protecteurs et sont l’objet de dévotions.

Aux VIIIe et IXe siècles, les stations pyrénéennes jouissaient déjà d’une vogue considérable, mais les malades sont obligés de diriger eux-mêmes leur cure à partir d’inscriptions.

C’est vers la fin du règne de Saint-Louis que les eaux minérales entrent dans l’arsenal des thérapeutiques orthodoxes.

La fréquentation des régions thermales ne s’est jamais démentie par la suite, bien au contraire, tout au moins dans les périodes de calme et de paix.

Le premier Empire a été très favorable au développement des cités thermales et représente, avec ensuite l’époque de la Restauration, le vrai départ du développement structurel des stations thermales dont l’apogée se situe sous le Second Empire.

On sait, en effet, l’engouement d’Eugénie de Montijo pour le thermalisme, surtout celui des Pyrénées, si proche de son Espagne natale.

Et, peu à peu, il devint de bon ton d’aller « prendre les eaux » dans ces grandes stations thermales où les mondanités prenaient parfois plus d’importance que le respect des protocoles thérapeutiques.

Mais si, déjà avant la Seconde Guerre mondiale, les « cures thermales » faisaient l’objet d’une surveillance médicale beaucoup plus systématisée, c’est surtout après celle-ci que le thermalisme s’organisa réellement, grâce notamment à la Sécurité sociale créée en 1945.

L’hydrologie se développe dans les universités (la première chaire d’hydrologie médicale avait été créée à Toulouse en 1891).

Enfin, l’Organisation mondiale de la santé considère la crénothérapie comme un traitement à part entière, qui a sa place dans une stratégie thérapeutique d’ensemble.

Elle établit des relations officielles avec la Fédération internationale du thermalisme.

Facteurs thérapeutiques en crénothérapie oto-rhino-laryngologique :

Ils sont de trois ordres :

– le plus important est représenté bien sûr par l’eau thermale et les gaz thermaux ;

– le deuxième est l’environnement naturel, notamment pour les stations thermales de semi-altitude (600-700 m d’altitude) ou de haute altitude ;

– le troisième est probablement d’ordre psychologique, ces traitements étant réalisés sur des sites différents de la vie quotidienne des « curistes » qui ont dû se déplacer sur les lieux de cure.

A – EAU THERMALE ET GAZ THERMAUX :

1- Eaux thermales :

* Généralités :

Aucune eau thermale n’est véritablement identique : elle représente un milieu complexe dont la composition n’a de valeur qu’à son émergence au « griffon ».

L’équilibre physicochimique de ces eaux est instable.

Nous avons vu que la réglementation concernant la validité de ces eaux thermales est donnée par le ministère.

En revanche, la surveillance de leur extraction, leur captage, leur conservation et leurs caractéristiques au bout de la chaîne de distribution, au niveau du lieu d’utilisation, est très stricte et sous contrôle permanent de différents organismes.

La surveillance officielle des eaux minérales est réalisée sous la tutelle de la Direction départementale des affaires sanitaires et sociales (DDASS).

Les analyses sont pratiquées par un laboratoire agréé par le ministère de la Santé, au titre de la surveillance des eaux minérales, tous les mois en ce qui concerne les eaux minérales utilisées en établissement de soins.

Ces analyses réglementaires comprennent systématiquement une analyse microbiologique et une vérification de la concordance avec l’analyse de référence par le suivi de quelques paramètres caractéristiques.

L’exploitant, en général, complète ce système par une « autosurveillance » régulière.

Il n’y a pas, pour l’instant, de normes

Communauté économique européenne (CEE) ou mondiale concernant les eaux thermales. Dans les indications ORL (voies aériennes supérieures dans le cadre : voies respiratoires), les eaux les plus adaptées sont les suivantes.

* Eaux sulfurées et sulfatées :

Dans le cadre des infections ORL chroniques ou récidivantes, les eaux les plus importantes sont les eaux sulfurées et les eaux sulfatées.

Elles sont caractérisées par la présence d’acide sulfhydrique et de différents dérivés, en particulier d’oxydation, de cet acide.

Leur pH est plutôt alcalin (pH jusqu’à 9,4). Elles sont instables au contact de l’air.

On distingue :

– les eaux sulfurées :

– les eaux sulfurées sodiques, qui sont parfois aussi chlorurées ;

– les eaux sulfurées calciques, moins fréquentes ;

– les eaux sulfurées mixtes, à la fois chlorurées, sodiques et calciques.

La plupart de ces eaux ont une odeur particulière du fait des émanations d’hydrogène sulfuré (H2S) : odeur d’« oeuf pourri » ;

– les eaux sulfatées calciques ou mixtes, dans lesquelles la forme du soufre, le sulfate, n’entraîne pas de dégagement de H2S, et qui sont donc sans odeur particulière.

* Eaux bicarbonatées calciques arsenicales :

Dans le cadre des problèmes ORL allergiques, les eaux les plus importantes sont les eaux bicarbonatées calciques mixtes (chlorurées et/ou sodiques) à teneur arsenicale importante (de 2,5 à 7 mg d’arsenic par litre) associée à des bicarbonates et souvent de pH neutre ou acide.

Certaines eaux sulfurées arsenicales peuvent à la fois agir sur les processus infectieux et sur le terrain allergique, ce qui ne manque pas d’intérêt quand on voit le nombre de personnes et surtout d’enfants allergiques et infectés…

À ces caractéristiques de base s’ajoutent d’autres éléments donnant à chaque eau sa spécificité : présence de silice (silicate), d’oligoéléments (fluor, fer, cuivre, magnésium) et pour certaines (Pyrénées) la barégine (bioglée de bactéries et d’algues assimilant le soufre de façon importante).

2- Gaz thermaux :

Le jaillissement des eaux peut s’accompagner d’émission de gaz thermaux en quantité parfois très importante.

Ces gaz sont chargés en soufre ou en gaz carbonique et sont surtout utilisés dans le cadre des infections chroniques des voies respiratoires (et donc des voies aériennes supérieures) ; on y trouve aussi : anhydride carbonique, azote, hélium, néon, argon, krypton, xénon, thoron, radon.

3- Mécanismes d’action des eaux et des gaz thermaux :

Une action efficace des eaux et gaz thermaux n’est possible que si leur utilisation est faite sur place en utilisant les eaux et les gaz thermaux à leur émergence : le griffon.

De ce fait, les « cures à domicile » n’ont pas d’intérêt et il faut que les patients viennent sur place pour suivre leur traitement.

Le mécanisme d’action des eaux thermales est évidemment fonction de leur mode d’administration avec pour objectif constant une action sur la muqueuse respiratoire des voies aérodigestives supérieures.

Ce mécanisme d’action peut être indirect ou direct sur la muqueuse respiratoire.

* Mécanisme d’action indirect :

Les eaux thermales sont parfois appliquées par des méthodes dont le point d’impact n’est pas directement la muqueuse respiratoire.

+ Buvette :

L’administration per os de l’eau thermale est possible.

Son mécanisme d’action est mal élucidé. Le contact du soufre avec le tube digestif jouerait un rôle immunologique par activation des centres germinatifs des plaques de Peyer.

Par ailleurs, les sources thermales sont parfois riches en minéraux et oligoéléments.

On attribue un rôle d’activation des réactions de défense au cuivre et au fer, une activation des métabolismes cellulaires par les oligoéléments, et un effet sédatif, notamment sur le système sympathique, au magnésium et au calcium.

+ Pédiluve :

Il n’est pratiquement plus utilisé.

On lui attribuait une action décongestionnante sur les muqueuses des voies respiratoires supérieures et inférieures.

+ Douches :

Généralement, elles sont faites sous pression ou sans pression, avec kinésithérapie sous l’eau.

Si la pénétration transcutanée de certains principes actifs est difficile à démontrer, l’action générale, notamment sur la circulation, peut avoir indirectement un effet bénéfique sur les voies respiratoires.

+ Bains :

Les bains avec ou sans douche sous-marine ont probablement le même effet d’activation circulatoire générale, avec aussi un effet sédatif, particulièrement chez les enfants.

* Mécanisme d’action direct :

Cette action se fait directement par application des eaux et gaz thermaux sur la muqueuse respiratoire des voies aérodigestives supérieures.

Cette action fait notamment intervenir des principes actifs représentés traditionnellement par le soufre dans le cas des infections ORL et par l’arsenic dans le cas des allergies.

+ Action mécanique :

L’action des eaux thermales intéresse non seulement tous les niveaux de la muqueuse respiratoire, mais favorise aussi le développement des réactions de défense générale de l’organisme.

La muqueuse respiratoire est constituée d’un épithélium fait de cellules ciliées, de cellules à mucus, de cellules en brosse et de cellules basales.

Les cellules ciliées sont recouvertes d’un mucus (« tapis muqueux ») produit par les cellules à mucus et les glandes séreuses présentes dans le chorion et sécrétant en surface.

Il est constitué d’une couche profonde fluide permettant les mouvements ciliaires et d’une couche superficielle plus dense, véritable piège pour toutes les particules inhalées.

C’est le système mucociliaire.

– Au niveau des fosses nasales : par son action directe mécanique, l’eau thermale réalise un nettoyage des sécrétions stagnantes et de l’excès de mucus.

Elle libère les fosses nasales et favorise ainsi le fonctionnement normal de la sécrétion de mucus et l’humidification de la surface muqueuse, donc de l’air inspiré, en luttant contre la dessiccation.

L’effet de nettoyage et d’aseptisation, par déplacement du tapis muqueux vers le tractus digestif, est plus efficace.

Cette action de nettoyage favorise aussi le contact des principes actifs de l’eau thermale avec la muqueuse respiratoire.

Le mouchage devrait, en théorie, éliminer une grande partie de l’excès de sécrétions, mais il est impossible de l’obtenir chez des enfants très jeunes et il est parfois inefficace.

Le lavage des fosses nasales est donc indispensable.

Cela explique que le bain nasal à la pipette soit réalisé au début des différentes procédures thermales prescrites.

Il en est de même pour la douche nasale.

– Au niveau du pharynx et des amygdales : les sécrétions du cavum peuvent être mécaniquement délogées par les douches rétronasales à la canule de Moure.

Les pulvérisations du pharynx jouent un rôle « karcher » sur la paroi postérieure de l’oropharynx, comme la douche pharyngienne et, surtout, l’aquapuncture amygdalienne au pistolet pharyngien, destinée à désenclaver et éliminer les amas caséeux encombrant les cryptes amygdaliennes.

– Au niveau des oreilles : l’effet mécanique de la pression des gaz thermaux sur les parois de la trompe d’Eustache dans les insufflations tubaires permet de mieux aérer l’oreille.

Toutes ces pratiques vont créer des conditions satisfaisantes pour que l’action locale des eaux thermales soit aussi efficace que possible.

+ Action vasculaire des eaux et gaz thermaux :

La vascularisation de la muqueuse respiratoire est constituée dans le chorion, ou sous-muqueuse, par des vaisseaux de capacitance pouvant modifier le contenu sanguin (sinusoïdes, shunts artérioveineux) et les vaisseaux de résistance représentés par les artérioles précapillaires et les capillaires.

Les variations de débit, par ouverture ou fermeture des sphincters artériolaires et afflux sanguin, parfois très rapide dans le système veineux et notamment les sinusoïdes (appelés aussi sinus caverneux, d’où le terme aussi de muqueuse « érectile »), entraînent des effets congestionnants ou, au contraire, décongestionnants de la muqueuse respiratoire.

L’application quotidienne des eaux thermales sur la muqueuse respiratoire aurait un effet stimulant sur la circulation sousépithéliale profonde et superficielle.

Cet effet se traduirait par une vasodilatation locale, une exagération modérée des sécrétions par action sur la couche glandulaire des capillaires du chorion, un réchauffement de l’air avec pour conséquences :

– une meilleure humidification par reconstitution d’un mucus normal ;

– un rôle réparateur de l’épithélium muqueux en potentialisant les effets métaboliques du soufre et des oligoéléments ;

– une augmentation des réactions immunologiques.

L’action de l’eau thermale sur la vascularisation favorise donc une action eutrophique sur l’épithélium et le chorion, et stimulante sur les différentes fonctions de la muqueuse.

+ Action des principes actifs des eaux et gaz thermaux sur la muqueuse respiratoire :

Parmi les différentes composantes physicochimiques des eaux et gaz thermaux, il est classique de reconnaître des principes actifs privilégiés :

– le soufre, dans le cas des infections ORL ;

– l’arsenic dans le cas des allergies.

On peut donc différencier une action anti-infectieuse et une action antiallergique.

– Principes actifs anti-infectieux : le soufre.

Les eaux sulfurées, et donc le soufre, ont toujours été connues pour leur effet anti-infectieux au niveau des voies aériennes supérieures.

On a évoqué aussi l’action de la silice par action irritative ou directe sur la muqueuse, favorisant l’augmentation de la vascularisation et l’action des oligoéléments dont on connaît le rôle catalyseur physiologique dans le déroulement des processus biologiques normaux.

Le mécanisme d’action des différents éléments composant l’eau thermale est en fait très complexe, faisant intervenir des phénomènes intriqués.

De nombreuses études ont été réalisées par les laboratoires thermaux, sur place, et aussi par des laboratoires universitaires.

Soufre thermal : pour l’organisme, le soufre est un élément structural d’acides aminés essentiels.

Les acides aminés soufrés, méthionine, cystéine et cystine, quant à eux, sont directement impliqués dans les métabolismes fondamentaux biochimiques.

Les différentes voies métaboliques des acides aminés soufrés conduisent à la production de sulfates, ceux-ci étant nécessaires aux réactions de sulfatation et de sulfoconjugaison par l’intermédiaire du 3’-phosphoadénosine-5-phosphosulfate (PAPS), sulfate actif ayant réagi avec l’adénosine triphosphate (ATP).

Ce PAPS est habituellement synthétisé au détriment du pool de cystéine et de méthionine, les détournant ainsi de leurs fonctions biologiques essentielles.

La méthionine, précurseur de la cystéine, est la principale source de méthyle de l’organisme et est également à l’origine de la voie de métabolisation de molécules aux rôles essentiels dans l’organisme, comme la taurine sulfate et le glutathion, qui interviennent dans les systèmes de protection cellulaire.

Par conséquent, l’apport de soufre minéral, comme le soufre thermal, favorise un rôle d’épargne sur la consommation en acides aminés.

L’homme a un taux de sulfates sériques faible ; l’alimentation lui en apporte sous deux formes : organique ou inorganique.

Le soufre inorganique ne représente qu’une faible partie de nos apports : 1 à 2 %.

Les sulfates de l’organisme proviennent essentiellement des acides aminés soufrés, qui sont catabolisés en sulfates et acides taurocholiques.

On estime, chez l’adulte, les besoins journaliers à 10 mg/kg de poids corporel en acides aminés soufrés.

Ainsi, le soufre est donc aussi un agent mucolytique ; il a une action bénéfique dans le traitement des pathologies respiratoires chroniques.

La rigidité et la cohésion du mucus sont liées à des liaisons ioniques, covalentes de nature peptidique ou par des ponts disulfurés.

Ainsi, les agents mucolytiques agissent sur les sécrétions nasales et bronchiques en diminuant leur viscosité par rupture des ponts disulfurés.

Le soufre favorise l’ouverture de ces ponts et augmente la fluidité des sécrétions.

– Principes actifs antiallergiques : l’arsenic.

Une revue exhaustive des propriétés physicochimiques et pharmacologiques de l’arsenic a été publiée par Van den Berghe.

Les concentrations plasmatiques de l’arsenic chez l’homme ont été évaluées en fonction du mode d’ingestion.

Après une prise buccale, le pic de concentration sanguine est obtenu au bout de 2 heures.

En revanche, la concentration sanguine ne varie pas après 15 minutes d’inhalation.

L’inhalateur permet d’associer un effet local et une action générale retardée et prolongée.

Au cours d’une cure, la concentration maximale d’arsenic est atteinte au troisième jour.

La cinétique d’élimination et de fixation de l’arsenic est différente après administration d’eau thermale ou d’une solution arsenicale.

Cela montre que l’eau thermale est un milieu complexe qui ne peut être assimilé à une simple solution.

L’eau thermale arsenicale a une action sur le transport de l’oxygène sanguin.

La concentration intraérythrocytaire en 2-3 diphosphoglycérate (DPG) ligand favorise la libération de l’oxygène par l’hémoglobine.

Cela entraîne une meilleure oxygénation tissulaire.

L’effet immunologique des eaux thermales arsenicales a été beaucoup étudié.

Il semble se faire à deux niveaux. De façon directe sur la muqueuse respiratoire.

En effet, le chorion est un véritable infiltrat lymphoplasmocytaire qui est constitué :

– de lymphocytes ; il s’agit surtout de lymphocytes T, notamment des lymphocytes T helpers ;

– de plasmocytes correspondant aux quatre classes d’immunoglobulines (Ig) G, A, M et D ; les trois quarts d’entre eux contribuent à l’élaboration d’IgA ;

– de mastocytes, de cellules de Langerhans.

Ainsi, l’épithélium nasal représente à lui seul une entité immunologique (Monneret-Vautrin), notamment par l’action des IgA sécrétoires (sIgA), découvertes par Tomasi, et qui représentent un véritable anticorps du mucus.

Localement, les sIgA et les sIgM (accessoirement) neutralisent et éliminent de l’organisme la particule étrangère.

Si l’information antigénique arrive dans l’épithélium à ce moment-là, elle est prise en charge par les macrophages, les cellules de Langerhans et même les cellules épithéliales de la muqueuse où il existe des récepteurs adaptés.

La crénothérapie, en établissant une sécrétion normale de mucus et une meilleure vascularisation, favorise cette action.

Il existe donc un « système immunologique local » défini, il y a quelques années, sous le terme de nasal associated lymphoid tissue (NALT) qui lui-même s’inscrirait dans le cadre du mucosal associated lymphoid tissue (MALT).

Le NALT est d’ailleurs directement lié au tube digestif (plaques de Peyer) à l’origine de l’essentiel de l’information antigénique, et appelé le gut associated lymphoid tissue (GALT).

Le NALT sous-tend notamment la notion de « barrière immunitaire nasosinusienne » (sinusal immune barrier), c’est-à-dire l’existence d’une spécificité des moyens de défenses rapprochés.

Il semblerait que l’eau thermale augmente considérablement le nombre de plasmocytes sous-muqueux au niveau des voies respiratoires.

Ces plasmocytes élaborent les IgA sécrétoires. Par ailleurs, les mastocytes, qui sont les cellules effectrices de l’allergie, ont une longue durée de vie.

Elles ne disparaissent pas lorsqu’on les fait dégranuler par contact avec un antigène, et sont capables de reconstituer leur stock en 15-20 jours.

La cure thermale permet d’augmenter le temps nécessaire à cette regranulation et retarde ainsi la possibilité d’apparition de nouvelles manifestations allergiques.

De façon indirecte.

Le mucus chargé d’allergènes atmosphériques « piégés » lors de l’inspiration est dégluti, amenant ainsi ces antigènes au contact des centres germinatifs des plaques de Peyer, et activant aussi le GALT.

La crénothérapie, en réactivant le système mucociliaire, favorise cette action.

Par ailleurs, l’eau thermale arsenicale semble avoir un pouvoir protecteur vis-à-vis des agents radicalaires et des agents oxydants en général, qui interviennent dans l’allergie.

Cette action rejoint aussi l’action de l’eau thermale arsenicale sur les lymphocytes.

L’activité de l’eau arsenicale suggère, par ailleurs, une augmentation du métabolisme cellulaire lui-même activé par les autres composants de l’eau thermale (minéraux et oligoéléments).

B – CURE CLIMATIQUE :

L’effet de l’altitude et donc de l’environnement est un élément complémentaire non négligeable d’efficacité des cures thermales.

Le changement d’environnement, de lieu de séjour et, surtout, d’environnement atmosphérique entre dans le cadre de ce que l’on appelle communément le « changement d’air » ou la « cure climatique ».

Par ailleurs, on sait que le plus important de la pollution se situe au-dessous de 600 m d’altitude, même si ce niveau est très variable suivant les lieux… et le temps.

Plus les années passent, plus cette « frontière » a tendance à s’élever.

Le contenu de l’air et des particules en suspension est très différent à 600-800 m par rapport au niveau 0.

Certaines poussières, véhicule habituel des acariens, auraient tendance à disparaître, ce qui favoriserait la « mise au calme » des muqueuses, notamment des voies aériennes supérieures, particulièrement chez les enfants allergiques ou même atopiques ou simplement « sensibles ».

Comme on le sait, l’association infections-allergie est souvent rencontrée en clinique, d’où l’intérêt des cures thermales en semi-altitude.

C – PSYCHOTHÉRAPIE ET CRÉNOTHÉRAPIE :

L’impact psychologique des cures thermales est indéniable.

Il est même parfois délibérément recherché dans les sites thermaux recevant des allergiques, notamment des enfants, comme La Bourboule, le Mont-Dore, ou bien dans le cas d’infections : Bagnèresde-Bigorre, par exemple, bénéficie d’un agrément spécifique de « psychosomatique ».

À côté de cette psychothérapie volontariste, l’effet psychologique de la cure est constant du fait, probablement, du changement de milieu de vie, des nouvelles relations humaines qui s’établissent pendant les 3 semaines de cure, notamment pour les enfants dans les maisons thermales, relations favorisées, bien sûr, par l’organisation d’activités ludiques : jeux, randonnées, etc.

C’est à l’ensemble de ces trois facteurs : eaux et gaz thermaux principalement, climatologie et psychologie que l’on doit l’efficacité de ces thérapeutiques.

Stations thermales agréées :

Il existe actuellement, en France, 95 stations thermales agréées.

Toutes les stations thermales font l’objet d’une organisation et de surveillances strictes par l’intermédiaire des commissions scientifiques et techniques du thermalisme au sein des conseils régionaux, mais qui n’interviennent qu’à la demande du conseil régional dans le cadre de l’analyse de demandes de subvention, à cet organisme, par les responsables de station thermale.

L’organisation générale des stations thermales pour leur promotion et leur défense relève de la Fédération thermale et climatique française, du Syndicat national des établissements thermaux en France (SNET), et de l’Union nationale des établissements thermaux (UNET).

L’organisation de la promotion du thermalisme, de la recherche et de la formation aux carrières du thermalisme fait partie des objectifs de l’Institut national du thermalisme, récemment créé.

Enfin, l’analyse des dossiers d’agrément est placée sous la responsabilité de l’Académie de médecine, section XI-hydroclimatisme.

En termes de thermalisme général, les plus importantes stations thermales françaises sont Dax (55 000 curistes/an en 1990), Aix-les- Bains (38 à 50 000 personnes), Balaruc-les-Bains (Hérault, 33 000), Amélie-les-Bains (30 000), Gréoux-les-Bains (23 000), Luchon (30 000).

La plupart des stations thermales agréées « voies respiratoires » sont situées dans les Pyrénées et le Sud-Ouest, suivis par l’Auvergne, la Savoie et l’Est.

L’agrément « voies respiratoires » dans lequel s’intègre l’ORL a été accordé à 20 stations en France : Allevard (Isère), Amélie-les-Bains (Pyrénées-Orientales), Ax-les-Thermes (Ariège), Aix-les-Bains (Savoie), Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées), Berthemont-Roquebillière (Alpes-Maritimes), La Bourboule (Puy-de-Dôme), Camoins-les-Bains (Bouches-du-Rhône), Cambo (Pyrénées-Atlantiques), Cauterets (Hautes-Pyrénées), Challes-les-Eaux (Savoie), Eaux-Bonnes et Eaux-Chaudes (Pyrénées-Atlantiques), Enghien-les- Bains (Val-d’Oise), Les Fumades (Gard), Gréoux-les-Bains (Alpes-de- Haute-Provence), Jonzac (Charente-Maritime), Luchon (Hautes-Pyrénées), Luz-Saint-Sauveur (Hautes-Pyrénées), Aix-Marlioz (Savoie), Molitg-les-Bains (Pyrénées-Orientales), le Mont-Dore (Puyde- Dôme), Pietrapola (Corse), Préchacq (Landes), Saint-Gervais-les- Bains (Haute-Savoie), Saint-Honoré-les-Bains (Nièvre), Saint-Lary (Hautes-Pyrénées), Uriage (Isère), Vernet-les-Bains (Pyrénées- Orientales), Tersis-les-Bains (Landes).

Cette liste n’a pas la prétention d’être rigoureusement exhaustive car les agréments peuvent se modifier, ne permettant pas de fournir une liste stable.

La moitié des stations (13/29) sont situées à plus de 600 m d’altitude ; parmi celles-ci, on trouve la plupart des stations les plus fréquentées par les patients présentant une pathologie ORL.

Les capacités d’accueil de chaque station sont différentes.

Les curistes venant à titre personnel doivent trouver un moyen de séjour : hôtel, pension, appartement, camping (bien que ce dernier mode de séjour ne soit pas jugé très favorablement par les médecins thermaux).

Certaines stations disposent de maisons d’accueil pour les enfants, à partir de 4 ans, en l’absence de leurs parents.

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