Asthénie

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AsthénieL’asthénie est un motif fréquent de consultation. La fatigue est un processus normal, alors que l’asthénie relève de la pathologie ; elle n’est pas soulagée par le repos et apparaît souvent dès le matin.

Environ 40 % des consultants en médecine générale se plaignent de fatigue, souvent invalidante, altérant la qualité de vie. Une cause organique n’est authentifiée que dans 20 à 40 % des cas, alors qu’une cause psychiatrique est responsable de 50 à 65 % des cas et que, dans 10 à 30 % des cas, aucun diagnostic n’est retenu. C’est dire la difficulté du diagnostic étiologique d’un symptôme très fréquent.

Le problème étant celui de la nécessité ou non de réaliser des examens complémentaires, souvent coûteux et infructueux.

CLINIQUE :

L’interrogatoire  est un temps important :

– l’asthénie est-elle ancienne ou récente ? Le patient peut-il la dater ? Quelles circonstances (épisode viral) ? ;

– les antécédents médicaux ;

– les traitements ;

– les éventuels signes de dépression ou d’anxiété (troubles du sommeil…) ;

– les autres symptômes, l’état général, la fièvre.

L’examen clinique  doit être complet, tant ce symptôme est susceptible de révéler des affections diverses.

Il y a très peu de chances de diagnostic en l’absence d’un signe d’appel clinique.

EXAMENS COMPLÉMENTAIRES :

Il est impossible de refuser des examens complémentaires à un patient qui se plaint d’asthénie depuis quelques mois bien qu’il n’y ait aucun signe d’orientation clinique et que l’état général soit conservé.

Il faut profiter de ce symptôme pour réaliser les examens de dépistage préconisés selon son âge, ses antécédents, son état de santé (dépistage du diabète, des dyslipidémies, du cancer du sein et de la prostate, etc.).

Le bilan d’asthénie n’est pas consensuel, mais pourrait comprendre :

– la recherche d’un syndrome inflammatoire  : VS et CRP ;

– la numération formule sanguine  ;

– l’ionogramme sanguin et les électrolytes  ;

– le bilan hépatique  (ASAT, ALAT, phosphatase alcalines, γ GT, etc.) ;

– la calcémie  ;

– le dépistage de certaines maladies virales  : HIV (si conduite à risque ou transfusion), l’hépatite C (profession exposée, antécédents hospitaliers, transfusion) ;

– les hormonémies thyroïdiennes  (T4 libre et TSH) ;

– une radiographie pulmonaire  s’impose au moindre doute de contage tuberculeux ou sur un terrain à risque ;

– l’insuffisance surrénale est très rare : pour la rechercher, ne pas doser le cortisol plasmatique, mais plutôt l’ ACTH et la rénine  (insuffisance surrénale basse) ou le cortisol libre urinaire .

DIAGNOSTIC ÉTIOLOGIQUE :

Causes microbiennes ou virales :

– Asthénie post-virale : grippe, mononucléose infectieuse, hépatites, etc. L’asthénie peut persister plusieurs mois.

– Tuberculose : petits signes associés (fièvre, sueurs), notion de contage ou de population à risque.

– Syndrome d’immunodéficience acquis (sida) : conduites à risque…

Causes iatrogènes :

– Sédatifs.

– Diurétiques.

– Béta-bloqueurs.

– Antitussifs.

– Tout médicament introduit récemment peut être suspect et, s’il n’y a pas d’autre cause évidente, on peut envisager de l’interrompre et voir l’effet sur l’asthénie.

Causes métaboliques :

– Hypoglycémie.

– Hypercalcémie.

– Carence en fer.

– Hypokaliémie.

– Pathologie thyroïdienne (hypo et hyperthyroïdies).

– Insuffisance surrénalienne : dont le diagnostic est très souvent retardé ; l’hypotension, en particulier orthostatique ; et la mélanodermie sont des symptômes précieux pour le diagnostic de la forme périphérique, pour l’étiologie haute, hypophysaire, l’asthénie est un symptôme isolé ou associé à des signes autres d’insuffisance des autres lignées hypophysaires (hypothyroïdie, hypogonadisme, syndrome polyuropolydypsique).

Causes neurologiques :

– Myasthénie.

– Sclérose en plaques.

– Apnée du sommeil.

Causes psychiatriques :

– Anxiété.

– Dépression.

– Syndrome de fatigue chronique : la définition de ce nouveau syndrome, surtout décrit outre atlantique, se précise : fatigue depuis plus de 6 mois, fièvre modérée ou frissons, adénopathies douloureuses, faiblesse musculaire ou myalgies, céphalées et troubles du sommeil. Les nombreux traitements essayés n’ont pour l’instant pas fait la preuve de leur efficacité.

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