Anxiété

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AnxiétéL’anxiété se définit comme une peur sans objet, un sentiment de danger imminent, irrationnel et incompréhensible par un tiers. Elle est le signal d’une difficulté psychique.

SYMPTOMATOLOGIE :

Elle associe à des degrés divers :

Manifestations psychiques :

Elles peuvent prendre une forme diffuse (inquiétude, attente du pire, peur de mourir, peur de devenir fou, irritabilité, fatigabilité, doute, indécision, impossibilité de se détendre, pleurs, troubles du sommeil avec difficultés d’endormissement, réveils nocturnes, rêves épuisants ou cauchemars, altérations cognitives avec difficultés de concentration et de mémoire) ou plus systématisée (peur du noir, des inconnus, d’être abandonné, des animaux, de la foule, des espaces clos).

Manifestations somatiques :

Elles peuvent être générales, musculaires ou sensorielles. Elles peuvent être centrées sur un ou plusieurs organes : coeur (palpitation, tachycardie, douleur rétrosternale, sensation de syncopes) poumon (sensation d’étouffement, de poids sur la poitrine, dyspnée), estomac, intestin (difficultés pour avaler, boule dans la gorge, douleurs épigastriques ou abdominales, nausées, troubles du transit), sphère génitale (troubles de la miction, des règles, du désir sexuel, éjaculation précoce), système nerveux autonome (bouche sèche, sudation, vertiges).

QUESTIONS ESSENTIELLES :

Elles aident à la démarche diagnostique.

Existe-t-il des signes d’organicité ?

L’aspect somatique peut être bruyamment au premier plan, il faut éliminer une pathologie somatique qui nécessite un traitement urgent. L’examen somatique complet s’impose donc.

Y-a-t-il des médicaments ou des toxiques en cause ?

Intoxication (alcool, amphétamines, caféine, cannabis, cocaïne, certains antidépresseurs inhibiteurs de la recapture de la sérotonine (IRS), sevrage (benzodiazépine, IRS, opiacés, alcool, nicotine).

Existe-t-il des symptômes de dépression ?

On accordera plus d’importance à la tristesse et au désintérêt pour les activités habituelles qu’aux troubles de l’appétit et du sommeil.

Il faut apprécier en raison de leur gravité :

• le risque suicidaire ;

• la mélancolie dans sa forme anxieuse (culpabilité, autodépréciation, délire, tendance à l’agitation, antécédents personnels et familiaux).

Dans les deux cas l’hospitalisation est urgente, éventuellement sans consentement.

Existe-t-il des symptômes psychotiques ?

Angoisse de dépersonnalisation, de morcellement ou d’anéantissement lors d’une bouffée délirante aiguë, centrée sur des préoccupations corporelles et s’accompagnant de signes dissociatifs (ambivalence, bizarrerie et détachement du réel) ou angoisse lors de l’exacerbation d’un délire chronique.

Dans ce cadre, l’anxiété est un des facteurs principaux du passage à l’acte autoagressif (suicide, mutilation) ou hétéroagressif. Elle doit donc être traitée de façon urgente en particulier par des neuroleptiques sédatifs.

Existe-t-il une situation anxiogène ?

L’anxiété est un phénomène adaptatif transitoire normal à certaines situations nouvelles dans l’environnement familial, social ou professionnel. Dans ce cas, le patient est plus à la recherche d’un interlocuteur que d’un traitement. L’adaptation n’est parfois pas possible, d’autant que le facteur de stress se prolonge ; à l’angoisse se surajoutent des troubles de conduite (agressivité, repli social, régression) et/ou une réaction dépressive.

Quand le stress a mis en jeu la vie même du patient, l’anxiété entre parfois dans le cadre d’une névrose traumatique avec son syndrome de reviviscence du traumatisme.

Existe-t-il des symptômes névrotiques ?

NÉVROSE DANGOISSE :

En dehors de la crise anxieuse aiguë ou attaque de panique, il peut s’agir d’un trouble anxieux généralisé moins spectaculaire mais également invalidant. Le fonctionnement psychique habituel du patient est fait d’inquiétudes ou de soucis excessifs et persistants concernant le futur, de ruminations du passé, de plaintes somatiques fréquentes, de sentiments de tension et d’incapacité à se détendre, de préoccupations excessives de ses performances ou compétences.

SYMPTÔME HYSTÉRIQUE :

Il peut prendre le masque de l’anxiété notamment de son versant somatique. Antécédents de symptômes plus classiques (conversion) ou de symptômes souvent difficiles à faire préciser (« dépression chronique », tentative de suicide, maux de tête, vertiges, fatigabilité, troubles du sommeil, troubles des règles), de circonstances déclenchantes particulières (situation conflictuelle familiale ou professionnelle avec sentiment d’agressivité souvent subie parfois infligée et/ou sentiment de culpabilité), de  traits de personnalité (théâtralisme et dramatisation, avidité affective avec séduction voire manipulation et insatisfaction, égocentrisme, labilité émotionnelle).

PHOBIE :

L’anxiété n’apparaît que lors de certaines situations ou en présence de certains objets. Il s’y associe une tendance à l’évitement des ces situations et/ou la recherche de l’assistance d’un objet ou d’une personne contraphobique.

NÉVROSE OBSESSIONNELLE :

L’angoisse apparaît surtout lors des obsessions de type phobiques (peur de la maladie, des microbes, claustrophobie) ou lorsque le déroulement du rituel compulsif est entravé. L’indécision, le perfectionnisme avec préoccupation pour les détails, l’ordre, la rigidité et l’entêtement sont les éléments de la personnalité.

À l’issue de la consultation on veille à :

• ce que le patient se sente compris et considéré : mettre en doute l’existence des troubles est un non-sens (le patient en souffre réellement) et peut favoriser leur décompensation ou la « surenchère » inconsciente, banaliser ou incriminer un manque de volonté ne résout rien ;

• faire comprendre la nécessité d’une prise en charge ou d’un avis spécialisé si les troubles sont invalidants, récidivants ou durables, voire d’une hospitalisation s’il existe un risque vital ou une pathologie psychiatrique grave. On ne cherchera donc pas à suggérer ou à convaincre de l’existence d’un déterminisme particulier de l’anxiété même s’il paraît évident, on insistera plutôt sur la souffrance endurée et le bénéfice escompté d’une prise en charge ;

• dans les autres cas, initier un traitement psychothérapeutique dont la visée sera plus étiologique que symptomatique, concernera donc plus la difficulté psychique mise à jour dans l’entretien que son signal anxieux.

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